Electoral Run-Up : le pavé dans la mare politique

  • La motion de censure contre le GM de Shakeel Mohamed a valeur de test de fidélité dans les rangs de l’opposition
  • Le chef de file du PTr au Parlement: “Le Labour va seul aux élections et nous n’avons rien à cirer du MSM”
  • Tractations politiques sous le signe de “li pe frotte frotté” avec une redistribution des cartes, dont Ivan Collendavelloo à la State House et Showkutally Soodhun comme vice-président
  • Du côté du Sun Trust, la consigne demeure: toute décision d’alliance électorale n’interviendra qu’après les prochains JIOI, soit à partir du mois d’août

La motion de censure contre le gouvernement déposée par le chef de file du Labour, Shakeel Mohamed, constitue un pavé dans la mare politique à la veille des prochaines élections générales. Certes, la gestion des affaires par Lalyans Lepep du MSM/Muvman Liberater sera la cible privilégiée lors de ces débats devant être organisés à l’Assemblée nationale dans un délai maximal de 30 jours. Mais les observateurs politiques soulignent que cette motion aura également valeur de test de fidélité dans les rangs de l’opposition avec le début de la saison de “koz kozé”, alors que dans les couloirs du Parlement, des membres de la majorité n’hésitent pas à faire état des signes que “li pe frotte frotté”. Des sources bien renseignées au QG du Sun Trust confient qu’il ne faudra pas s’attendre à des développements en terme d’alliance électorale avant août prochain, soit après la clôture des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI).

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Shakeel Mohamed se montre confortable en récusant toute insinuation éventuelle qu’il aurait usurpé les prérogatives du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, en proposant cette motion de blâme contre le gouvernement. “Le Standing Order 29 (2) de l’Assemblée nationale stipule que any member peut piloter une motion de blâme, qui doit être débattue dans un délai de 30 jours. Ce projet de motion de censure remonte au mois de mai. A cette époque, quand j’avais approché, pour les sonder, le leader de l’opposition et celui du MMM à ce sujet, ils m’ont fait comprendre que c’était prématuré. J’ai pris note de cette réaction”, déclare le député travailliste à Week-End.

Depuis son retour au sein de l’hémicycle après sa suspension, Shakeel Mohamed a repris contact avec des représentants du PMSD, dont Adrien Duval, Thierry Henry et Salim Abbas-Mamode et avec le MMM également en vue de revenir à la charge sur la question. “J’avais cru comprendre que, dans les rangs du PMSD, ils allaient aborder le sujet avec leur leader. Mais je ne suis en présence d’aucun feed-back. Toutefois, en fin de semaine, avec le feu vert du leader du Parti Travailliste, Navin Ramgoolam, j’ai fait ce qu’il fallait en tant que député de l’opposition”, poursuit-il.

“Pourquoi une motion de blâme dans la conjoncture ? C’est dans la logique de rappeler à la population la série de scandales et de passe-droits, dont le régime s’est rendu coupable au cours de ces quatre dernières années. A la veille des prochaines élections, nous avons le devoir d’acculer ce gouvernement, qui se prépare à endormir la population. Dans la circonstance, toute l’opposition est appelée à participer à l’exercice et je ne vois aucun inconvénient à ce que le leader de l’opposition décide de take-over cette initiative politique”, ajoute le chef de file du Labour, qui ne se prive pas de s’appesantir sur le fait que “le Labour va seul aux prochaines élections. Nous n’avons rien à cirer avec le MSM et sa gestion corrompue et criminelle des affaires”.

“Un test de fidélité”

Mais dans d’autres milieux politiques, l’on considère que la motion de blâme est bien plus qu’un pavédans la mare politique. “C’est littéralement un test de fidélité des partis au sein de l’opposition”, font-ils ressortir sur la base des premières tractations en vue d’un recolmatage de Lalyans Lepep avec une redistribution des cartes entre partenaires éventuels. Tout semble indiquer que les options d’alliance sont devenues des plus restreintes, puisque le MMM est sans compromis sur le “nou pe alle tout seul” et le Parti Travailliste faisant preuve d’intransigeance au sujet des conditions “à prendre ou à laisser”.
La porte pour toute éventuelle alliance électorale n’est ouverte que du côté du MSM.

D’ailleurs, avec la Plateforme, ayant atteint un stade avancé de décomposition politique, certains de ses ténors pourraient être tentés d’emprunter les marches au QG du Sun Trust dans le cadre d’une opération “passe filet”. Quant à la thèse d’un remake de Lalyans Lepep de 2014, le “lipie dan de bato” de la semaine dernière est sur le point de se transformer en “li pe frotte frotté”, expression utilisée par un insider du côté des oranges, en parlant des contacts par remote control avec la basse-cour des bleus.

Mais ces mêmes sources s’empressent d’ajouter que le mois d’août, soit après les Jeux des îles de l’océan Indien, pourrait voir les premiers contours de toute alliance dans le camp du gouvernement. “Ce ne sera pas avant les JIOI. Ce qui ne voudrait pas dire qu’il n’y aura pas de contacts entre-temps”. Ce recolmatage de Lalyans Lepep pourrait prendre la forme d’une migration du leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, à la State House, et Showkutally Soodhun en tant que vice-président de la République.

Cette opération de musical chairs sur le front-bench pourrait accommoder le leader du junior partner-in-waiting en tant que no 2, alors que Fazila Daureeawoo pourrait être présentée comme l’éventuelle no 3 avec le titre de vice-Première ministre. Nando Bodha est donné pour accéder au front-bench en tant que no 4. Le portefeuille des Finances est promis au glamour boy de la finance en tant que no 5 et Adrien Duval donné à la 6eplace. Anil Gayan, qui est next most senior member du Muvman Liberater, désigné comme le no 7 a, lorgnant des responsabilités ministérielles aux Affaires étrangères. Ce dernier se bat également pour une reconduction de son investiture à Beau-Basson/Petite-Rivière (No 20).

Mais pour crédibiliser ce scénario, il faut bien que d’abord cette éventuelle alliance “frotte frotte” soit concrétisée avec une victoire aux élections générales prévues avant décembre. Pour l’instant, les plus prudents préfèrent pousser en avant le dicton : “We’ll cross the bridge when we come to it”, et alors la motion de blâme, avec la bénédiction du leadership du Parti travailliste contre le gouvernement Jugnauth, s’avère être le rendez-vous de trop au sein de l’hémicycle…

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