Commission d’enquête Asraf Caunhye : Trois anciens Présidents pointés par les flèches de l’ex- Présidente

Cassam Uteem, plaide-t-elle, a réclamé des frais pour des soins à l’étranger que le gouvernement a systématiquement refusé de payer, car disponibles localement

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SAJ et Kailash Purryag auraient, eux, participé à des  conférences d’organisations étrangères privées

Trois anciens présidents de la République, en l’occurrence Cassam Uteem, Sir Anerood Jugnauth et Kailash Purryag en prennent pour leur grade dans un dossier qui se trouve actuellement entre les mains de la commission d’enquête Asraf Caunhye. Cette instance, rappelons-le, a été constituée par le gouvernement pour enquêter sur une éventuelle violation de la Constitution qu’aurait commise l’ancienne Présidente démissionnaire de la République , Mme Ameenah Gurib-Fakim.

L’Etat reproche à l’ex-présidente d’avoir cherché à mettre sur pied une commission d’enquête parallèle de son propre chef. Elle avait désigné Sir Hamid Moollan, QC, comme chef commissaire avec pour mission de « faire connaître au public toute la vérité sur ses liens avec l’organisation Planet Earth Institute d’Alvaro Sobrinho », alors que la Constitution prévoit que la prérogative d’enclencher les procédures d’une commission d’enquête est celle du Conseil des ministres.

Le dossier en question a d’abord été confié à Me Yousuf Mohamed par Mme Gurib-Fakim, elle-même, au moment où l’avocat s’était volontairement proposé de l’aider dans ses démêlées avec la presse et le gouvernement par rapport à ses liens avec Planet Earth Institute. Cependant, entre-temps, en total désaccord avec Mme Gurib-Fakim au sujet de son implication dans la commission d’enquête parallèle, Me Mohamed, très en colère, a remis le dossier à Asraf Caunhye en soutenant que « Mme Gurib-Fakim m’a donné des informations que je ne lui avais pas demandées. Elle sait bien ce qu’elle a voulu faire. Mais, moi, je ne veux pas qu’elle m’utilise pour salir trois précédents présidents de la République ».

En tant donné la posture de Me Mohamed, la commission Caunhye n’a pas ouvert le dossier. Du moins, pas publiquement. Week-End s’en est procuré une copie et sa conclusion est que, de manière évidente, Mme Gurib-Fakim y donne l’impression qu’elle ne veut pas passer aux yeux du public comme la seule occupante du Château du Réduit à avoir voulu profiter de sa situation pour jouir de privilèges auxquels son statut ne lui donnerait pas droit.

Elle, à qui on reproche d’avoir participé à des activités de Planet Earth Institute, pour lesquelles elle a bénéficié d’une carte de crédit à millions de roupies et autres per diem, n’hésite donc pas de faire remarquer que ses prédécesseurs n’auraient pas fait mieux, par exemple en termes de déplacements à l’étranger pour le compte d’organisations privées, et, ainsi, ils devraient s’abstenir de lui faire la leçon.

Echanges familiers

Le dossier de 105 pages  démontre, photocopies à l’appui, que Sir Anerood, Cassam Uteem et Kailash Purryag ont participé à des conférences organisées à l’étranger par des organisations privées, principalement en Inde. D’autre part, plus d’une dizaine de photocopies attestent que Cassam Uteem a voulu que ce soit l’Etat mauricien qui fasse les frais de traitements médicaux qu’il à reçus, notamment à Singapour, en février de l’année dernière, qui se montaient à Rs 26 952 04 dollars singapouriens (quelque 1 million de roupies mauriciennes). Cassam Uteem, qui n’était alors plus président depuis longtemps, avait invoqué son droit aux « facilities, privileges and benefits provided to former Presidents ».

Toutefois, le secrétaire au Cabinet et chef du service civil a dû informer Cassam Uteem que sa requête ne pouvait être entretenue, vu que les soins dont il avait besoin étaient bien disponibles à Maurice. Mais malgré cela, selon les photocopies, en pas moins de cinq occasions, Cassam Uteem a insisté. Le dossier de Gurib-Fakim ne dit pas cependant si l’Etat aurait finalement accepté de payer.

De nombreuses autres photocopies de documents manifestement puisés du Registry du Château du Réduit démontrent également que l’ancien président Cassam Uteem a, de très nombreuses fois, fait bénéficier à de nombreux proches du traitement de VIP à l’aéroport. Une façon pour Mme Gurib-Fakim de se défendre de l’accusation d’être souvent intervenue pour qu’Alvaro Sobrinho accède au pays par le VIP Lounge ?

Le dossier d’Ameenah Gurib-Fakim ne concerne pas que les anciens présidents de la République précités. Il regorge, en effet, de plusieurs photocopies, d’échanges de correspondances entre elle et des ministères, d’échanges en toute familiarité entre Akilesh Deerpalsingh, conseiller de l’ancien ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, et Mauricio Fernandes, bras droit d’Alvaro Sobrinho, au sujet des licences expresses accordées par la Financial Services Commission (FSC). On retrouve parmi ces photocopies d’échanges, des remerciements adressés par Fernandes à « Dear Akilesh » pour l’assistance que ce dernier a accordée pour que la FSC accélère l’octroi de licences d’opérations aux compagnies de Sobrinho. Il y a également photocopie d’un échange entre Ameenah Gurib-Fakim et le vice-Premier ministre Ivan Collendavelloo. Le dossier se referme sur une photo de Roshi Bhadain avec Alvaro Sobrinho et Mauricio Fernandes, mais cette photo avait déjà été publiée dans le journal Sunday Times

En fin de compte, le dossier en question ressemble à ce que, depuis la Grèce antique, on a appelé la flèche du Parthe. Des flèches empoisonnées. Sauf qu’à la place du roi Pyrrhus sur le point de perdre une sanglante bataille, c’est Mme Gurib-Fakim qui est à la manoeuvre !

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