En prélude aux élections : Législatives 2019 : Lekurs fini largué !

Pravind Jugnauth à l’assistance de la Journée de la Femme : «Nou ena ankor letan. Ziska ene moma pou arrivé kot destin pou dan ou lame »

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Les Top Chefs de Lakwizinn du PMO fignolent ce week-end le dernier message à la nation du 12 mars du PM pour cette fin de mandat

La priorité au Labour : « Bizin karé karé et définir ene fwa sa politik de rupture ki pe koze là »

Le MMM, réitérant le leitmotiv, « pe alle tusel », effectue sa première sortie publique de l’année avec le congrès des femmes du jour au Plaza

Tractations entre le MP de Ganoo et la Plateforme militante du tandem Obeegadoo/Jeeha pour une entente se présentant comme « bann vre militan »

A peine la trêve du pèlerinage du Maha Shivaratree bouclée, le signal de 2019 comme l’année des élections générales, bien avant l’échéance de 2020, est plus qu’évident. Lekurs ine largué ! Certes, se prévalant de ses prérogatives sous la Constitution en ce qui concerne les Writs of Elections, fixant les dates du Nomination Day pour le dépôt des candidatures et du Polling Day pour le scrutin, le Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, gardera jalousement ce détail crucial du processus électoral. Rien ne l’empêchera de décider, comme bon lui semble, de la date de la dissolution de l’Assemblée nationale et de celle de la publication de ces mêmes Writs par la State House pour s’assurer un « maximum d’effets psychologiques ». Mais tout cela relève de la conjecture, car il est plus qu’évident que la population sera appelée aux urnes avant décembre de cette année, soit entre septembre et décembre. Un détail diplomatique majeur, qui n’aura pas échappé à l’attention des plus futés, porte sur la tenue de la nouvelle édition de la Platefome économique de de l’Union africaine, devant se dérouler en octobre prochain.

Après les précédentes délibérations en 2017, Maurice avait signifié son intention d’accueillir ce forum panafricain. Mais quand le dossier, piloté par les Affaires étrangères, a été évoqué au Cabinet, la décision a été que Maurice reverra la question après les prochaines élections générales. Autant dire que « the mood is geared towards the next general elections and nothing else ». C’est du moins ce qui ressort des milieux proches de Lakwizinn du Prime Minister’s Office avec les états-majors des autres partis politiques « getting ready for the D-Day ».

Dans ses dernières sorties officielles, comme pour la Journée Internationale de la Femme, vendredi au Swami Vivekananda International Convention Centre, ou dans ses contacts purement politiques sur le terrain, notamment dans sa circonscription de Moka/Quartier-Militaire (No 8), Pravind Jugnauth est en mood de mobilisation électorale. Après l’étape du 8 mars, qui a constitué un Dry Run en terme de logistique avec le déploiement d’une impressionnante flotte d’autobus pour Pailles, le MSM et ses alliés du Muvman Liberater ont en ligne de mire la fête du Travail du 1er mai, susceptible de constituer un point majeur sur la route menant aux prochaines élections générales.

Dans la conjoncture, le mot d’ordre, émanant du QG du Sun Trust, reste : « La mobilisation à fond pour tenter d’octroyer un nouveau mandat à Pravind Jugnauth. » La bataille des foules du 1er-Mai aura pour toile de fond les préparatifs en vue du dernier budget de ce présent mandat. Déjà, dès la fin de la semaine, l’ancien Premier ministre et leader du Labour, Navin Ramgoolam, qui s’adressait à la presse, n’écartait pas « ene bidze labuss dou » du gouvernement à la veille des élections tout en mettant en garde contre la dégradation du tissu économique du pays.

Pour sa part, Pravind Jugnauth, devant le parterre d’invités à Pailles pour la Journée de la Femme, a fait comprendre que « ce prochain budget verra une attention particulière en faveur des femmes », représentant 50 % de l’électorat. « Nou ena ankor letan Ziska ene moma pou arrivé kot destin pou dan ou lame », dira-t-il en lançant un appel aux femmes pour qu’elles fassent « le bon choix » aux prochaines élections. A part le troisième âge, représentant un Bank Vote à ne pas négliger avec une première allusion de révision du montant de la pension jusqu’à hauteur du Minimum Wage, le gouvernement pourrait, par le truchement du budget 2019/20, ouvrir généreusement les bras en direction des fonctionnaires et des employés du secteur public.

A ce stade, le Pay Research Bureau (PRB) poursuit ses consultations en suivant le calendrier établi dans le cadre de la révision des salaires, les propositions entrant en vigueur à partir du 1er janvier 2021. A ce jour, les syndicalistes de la fonction publique, à leur tête Rashid Imrith, de la Fédération des Syndicats du Secteur Public (FSSP), réclament des changements par rapport à la publication du prochain rapport du PRB. En contrepartie à cette éventualité, les syndicalistes ont proposé au moins le paiement en anticipation de trois Increments, soit une moyenne de hausse de 10 % des salaires aux employés du secteur public.

Les tractations derrière les rideaux
Dans son précédent message à la nation le 1er janvier dernier, le Premier ministre a déclaré garder un « esprit ouvert » à la position syndicale exprimée à ce chapitre et sans s’aventurer plus loin jusqu’ici. « Rien ne dit qu’avec le prochain budget et le War Chest constitué à la State Trading Corporation suite aux Windfall Gains sur les prix pétroliers, le gouvernement pourra jouer au Père Noël en juin en faveur des employés de la fonction publique et des corps paraétatiques. Puisque nous sommes dans une année électorale », fait-on comprendre dans des milieux concernés.

La question qui reste posée demeure si les Compounding Effects de cette stratégie budgétaire préélectorale suffisent pour compenser les répercussions des Lake Ferblan encore en suspens pour les locataires de l’Hôtel du gouvernement. D’autant que sur le front social et économique, des signes de détérioration sont de plus en plus évidents (voir détails plus loin). Dans l’immédiat, les Top Chefs de Lakwizinn du PMO, évaluant encore les retombées de ce qu’ils présentent comme « le marathon de la Journée de la Femme », devront mettre la dernière main à cet ultime message du Premier ministre à la nation pour les fêtes nationales du 51e anniversaire de l’indépendance et du 27e de la République avec pour objectif de « permettre à Pravind Jugnauth de continuer à surfer la vague du Double D-Day du 25 février et que ce ne soit pas une bombe-fizette ou un Own Goal ».

La teneur de ce cette intervention solennelle devra comporter une indication du mood électoral. « Le Premier ministre et ses pincipaux Senior Advisers ne pourront échapper à la logique du bilan du mandat du gouvernement, qui tire à sa fin et également de ce qui est envisagé comme arguments de campagne électorale », supputent des observateurs politiques rompus à cet exercice. Au menu encore de ce 12 mars sera la liste des décorés de la République pour services rendus. L’alchimie adoptée par l’Hôtel du gouvernement pour établir la liste des décorés du 12 mars pourrait s’avérer révélatrice à plus d’un titre.
Des recoupements d’informations effectués par Week-End indiquent que si en surface règne « la sérénité politique » au Sun Trust encore plus depuis ce 25 février, les tractations et les préoccupations ont gagné en intensité derrière les rideaux. Qui sont les Sitting Members of Parliament, qui ne bénéficieront pas d’investiture de l’alliance gouvernementale dirigée par Pravind Jugnauth ?

A cette question, les spéculations vont bon train. Des noms sont cités au hasard des échanges comme Sudhir Sesungkur, ministre des Services financiers, Kalyan Tarolah, ancien Private Parliamentary Secretary, Showkutally Soodhun, président du MSM et accusé dans un procès relevant de la sédition en Cour intermédiaire, Bashir Jehangeer, qui se fait remarquer pour ses passes d’armes avec le No 2 du GM, et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, Raj Dayal, ou encore Roubina Jadoo-Jaunbocus et Sanjeev Teeluckdharry, forcés à la démission de leurs fonctions le temps de « clear their names » avec la publication du rapport Lam Shang Leen sur le trafic de drogue le 27 juillet de l’année dernière. Le PPS Alain Aliphon est également donné en ballottage défavorable même s’il pourra se voir être repêché in extremis.
Pour les prochaines élections générales, le MSM devrait faire peau neuve pour reconquérir le fief du No 7 de Piton/Rivière-du-Rempart. Sir Anerood Jugnauth a confirmé qu’il ne sera pas candidat à sa succession à l’Assemblée nationale.

Son colistier, Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui avait posé candidature en 2014 avec pour promesse d’un « second miracle économique », mais qui a dû par la suite se contenter du portefeuille de la diplomatie, se distingue à ce jour par son absence sur le terrain. Il ne reste que le backbencher Ravi Rutnah, en tant que locomotive à moins que Prakash Maunthrooa, qui avait échoué lamentablement au No 7 en décembre 2003, ne prenne la direction des opérations. Néanmoins, il traîne encore le boulet de Boskalis en Cour intermédiaire. Sans oublier le Loss Tag de Rs 1 milliard dans les opérations d’Air Mauritius.

Des problèmes sont également à prévoir dans des cas de candidatures substituées dans d’autres circonscriptions. Le Premier ministre et leader du MSM pourrait briguer les suffrages au No 8 avec un autre colistier. Le choix pourra se porter sur le nominé poltique à la tête de deux des plus importantes institutions dans le monde de la haute finance aux dépens du fidèle Yogida Sawmynaden. L’investiture du transfuge Joe Lesjongard avec un retour à Lakaz Mama à Port-Louis/Montagne-Longie (No 4) ne se fera pas sans douleur.
« Bizin konpran ki appelle rupture »

De son côté, la Speaker de l’Assemblée nationale, Maya Hanoomanjee, ne cache pas ses ambitions de revenir sur le terrain électoral au No 14 à moins que des fonctions constitutionnelles plus importantes que celles dont elle occupe, ne lui soient proposées. Dans le Sud, soit à Mahébourg/Plaine-Magnien (No 11), le casse-tête Jhugroo/Hurreeram, deux parlementaires proches du clan Jugnuath, mais qui sont à couteaux tirés, doit être tranché par le parti.

Toutefois, dans les rangs de l’opposition, l’attention est braquée sur l’opération « passe filet » envisagée par le MSM. L’un des principaux partis concernés n’est autre que le Parti travailliste. Navin Ramgoolam n’a eu d’autre choix que de concéder qu’il y a eu des tentatives de débauchage des membres de son parti et non des moindres. Des pressions pour un vire mam vont s’accentuer au fur et à mesure que se précisent les échéances pour les législatives.

Outre cette ligne d’instabilité, le Parti travailliste doit encore décider de son Casting électoral. Navin Ramgoolam, qui affirme avoir repoussé en Cour neuf des onze accusations retenues contre lui dans la Navin’s Coffers Saga, caresse encore l’idée de se présenter en tant que challenger de Pravind Jugnauth lors de la prochaine joute électorale. Une aile au sein du Labour, qui ne partage pas l’analyse du leader, tout en évitant une confrontation frontale, se veut plus diplomatique en vue de préserver les chances électorales des rouges. Les débats sont loin d’être conclus.

« Depi inpé létan pe koz politik de rupture. Nou dakor ar sa. Mais in ler ek bizin kare kare définir ki sa politik de rupture ki pe koze là. Mo kamarad bizin konpran ki appelle rupture ». fait-on comprendre parmi ceux faisant partie de ce clan et dissimulant difficilement leur impatience. Une des formes que pourrait prendre cette politique de rupture, sans aucune indication sur un éventuel rôle de Navin Ramgoolam lors du Nomination Day, se décline en trois volets, d’abord l’investiture d’une vingtaine de candidats (un tiers) sur la base d’ancienneté et de fidélité au parti, le reste, soit deux tiers, de nouveaux visages et la désignation d’au moins sept Shadow Ministers de ces derniers rangs pour des portefeuilles stratégiques, comme les TIC, l’Ocean Economy, l’Intégration sociale et les Services financiers.

Dans le camp du MMM, le leitmotiv « pe alle tusel » en alignant 60 candidats est de rigueur. Pour sa première sortie publique de cette année, le MMM animera ce matin un congrès sur le thème « Les Femmes pour une île Maurice meilleure » au Plaza dans le cadre des manifestations de la Journée de la Femme. Le leader du parti, Paul Bérenger, qui avait dès le début soutenu que les élections générales seraient organisées au cours de la période septembre à décembre de cette année, aura l’occasion de refocus l’action politique de son parti sur le terrain pour le prochain rendez-vous, le 1er mai. L’élaboration de la liste des candidats mauves a atteint un stade avancé et le parti se dit prêt à affronter ses adversaires dans une lutte à trois.

Si, à ce jour, le PMSD, autre parti d’opposition, se faisant discret, et son leader, Xavier-Luc Duval, étant en déplacement à l’étranger pour des raisons familiales, les autres formations multiplient les initiatives. Un rapprochement entre le Mouvement patriotique d’Alan Gaoo, qui sera en congrès également aujourd’hui à l’auditorium Octave Wiehé, et la Plateforme militante du tandem Obeegadoo/Jeeha, est donnée comme une possibilité. Cela après un dîner entre des membres de ces deux partis au cours de la semaine dans un restaurant huppé des hautes Plaines-Wilhems.

Ceux qui se réclament de la bannière de « bann vre militan » suivront-ils les traces d’Ivan Collendavelloo et le Muvman Liberater de 2014 en se joignant à une alliance électorale avec le MSM pour régler leurs comptes avec les militants de base ? Des éléments de réponse devront intervenir d’ici le 1er mai, qui s’annonce comme l’échéance politique déterminante de 2019, alors que Rezistans & Alternativ se prépare pour son rendez-vous du 8 mai en Cour suprême au sujet du Constitutional Case dans son combat pour la réforme du système électoral .

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