ENJEU — 100 PREMIERS JOURS : Étape décisive de la Political Musical Chair

Montée en puissance de Desmukh Kowlessur, un des Top Links de Lakwizinn du PMO, dans la hiérarchie du monde des finances avec son éventuelle nomination en tant que gouverneur de la Banque de Maurice

- Publicité -

Dans cette perspective, Chandan Jankee, qui doit quitter l’ambassade de Maurice à Berlin, pourrait se voir offrir le poste de CEO de la Financial Services Commission en remplacement de Harvest Seegoolam

Premiers signes d’impatience dans les rangs des candidats battus de L’Alliance Morisien, dont Gilles L’Entêté, Toolsiraj Benydin ou encore Vikash Peerun

Lutte fratricide et sournoise au Sun Trust pour la réallocation des contrats de Political Legal Advisers des corps parapublics

Les premiers cent jours du gouvernement de L’Aliance Morisien bientôt franchis et même si la première séance du Question Time se fait encore attendre, l’attention est braquée sur un autre pan de la vie politique, à savoir les nominations à des postes stratégiques dans l’establishment. Dès le retour au cours de la semaine écoulée du Premier ministre Pravind Jugnauth du récent sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, les tractations au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office pour le contrôle des institutions les plus cruciales ont été relancées de plus belle. Et en fin de semaine, l’évincement annoncé de Yandraduth Googoolye et Mahendra Vikramdass Punchoo en tant que gouverneur et Deputy Governor de la Banque de Maurice a donné le signal d’une opération de Political Musical Chair. Mais ces changements ne s’arrêraient pas seulement aux plus hautes sphères de la Bank of Mauritius Tower, mais pourraient générer des Ripple Effects, susceptibles d’affecter d’autres institutions comme la Financial Services Commission, voire la State Bank of Mauritius. De leur côté, des anciens candidats battus de l’Alliance Morisien arrivent difficilement à contenir leur impatience face à ces nominations politiques qui tardent à se réaliser. Toujours dans cette même conjoncture politique, difficile de passer sous silence également cette lutte fratricide et sournoise que se livrent des professionnels du barreau pour s’approprier des contrats de Legal Services des corps paraétatiques avec en prime des Retainer Fees mensuels non négligeables.

En fin de semaine, le secteur bancaire et le monde de la finance sont sortis de leur torpeur plus que légendaire en prenant connaissance de la directive s’apparentant à la tactique adoptée par Boris Johnson selon laquelle “tout doit partir à la tête de la Banque de Maurice”. Certes, le gouverneur de la Banque centrale, Yandraduth Googoolye, était donné comme le maillon faible à la tête de cette instititution, avec un départ à la retraite déjà abordé lors des délibérations du Board of Governors. So far so good, car les effets de ce départ avaient été déjà “discounted” au sein de la communauté des banques commerciales.

D’ailleurs, le rapport annuel de la Banque de Maurice au 30 juin 2019, qui vient d’être rendu public, porte foi à cette affirmation. En ce document annuel, d’habitude publié sous des airs des plus austères, comprend pas moins de douze photos, soigneusement choisies de l’Outgoing Governor, des références spécifiques à Yandraduth Googoolye en pas moins de 15 occasions sur la trentaine de Key Events étalés sur une double page et d’une autre double page récapitulant des Highlights des 12 discours que le principal concerné a prononcés au cours de ce dernier exercice financier. Du jamais-vu, dit-on du côté de la rue Royale. Autant de preuves d’un Sending Off des plus belles manières.

Toutefois, Yandraduth Googoolye aura marqué son passage à la BoM Tower en étant le gouverneur qui aura autorisé et effectué un transfert massif de Rs 18 milliards du Special Reserve Fund de la Banque centrale en faveur du ministère des Finances dans le sillage d’une directive émise dans le dernier budget présenté par Pravind Jugnauth en tant que ministre des Finances en juin dernier. Dans le Statement from Governor, en ouverture du rapport annuel, il s’est évertué de rassurer quant à l’indépendance du régulateur des banques par rapport à l’Hôtel du gouvernement.

Tout en soulignant que le Special Reserve Fund a été institué dans la loi pour renforcer “the Bank’s capital position and to meet the cost of monetary operations”, Yandraduth Googoolye ajoute que “only thereafter can it (Special Reserve Fund) be used for the repayment of central government external debt obligations”. Alors que le montant du transfert de Rs 18 milliards avait été annoncé dans le budget, le gouverneur de la Banque centrale soutient que “the Board of Directors of the Bank will have the ultimate responsibility to decide on the transfer of the Special Reserve Fund to meet the cost of the repayment of government’s external debt obligations” aussi bien que le montant. Mais, à ce jour, le Governor’s Office n’a révélé aucun détail quant à la date de la réunion du Board of Governors où cette question de transfert de fonds était à l’agenda aussi bien que les détails de remboursement de la dette étrangère, quoiqu’au 31 décembre dernier, le montant affiché par le ministère des Finances ne reflète aucune opération de repaiement en anticipation.

Par contre, le départ du Second Deputy Governor, Majendra Vikramdass Punchoo, aura pris de court son entourage à la Banque de Maurice aussi bien que ceux qui le côtoient dans le privé. Vikram Punchoo était donné comme un des sérieux prétendants à la course pour le fauteuil de gouverneur de la Banque centrale. Mais au retour de Pravind Jugnauth, les données auraient changé diamétralement. ll se retrouve en présence d’une sommation : il faut partir. Et dans le plus bref délai.
Une présence féminine avec une In-House Promotion
Avec la confirmation de ce nettoyage à la BoM Tower, ce ne sont pas des candidats qui manquent à l’appel. Dans un premier temps, il était question que Chandan Jankee, jusqu’ici ambassadeur de Maurice en Allemagne, était donné comme un Hot Favourite. Deux facteurs jouaient en sa faveur : son parcours professionnel et surtout qu’il devrait déménager de la mission diplomatique mauricienne en Allemagne avec Christelle Sohun, du clan Collendavelloo s’impatientant de quitter les Bush Fires de l’Australie pour la fraîcheur de l’Europe.

Mais Chandan Jankee aura eu à faire à plus coriace que lui. Deshmuk Kowlessur, actuel Chief Executive Officer de la Competition Commission, et présentant des connexions familiales imbattables avec le Premier ministre, ne peut être que leTop Choice de Lakwizinn du PMO pour le poste de gouverneur de la Banque de Maurice, avec le rapport annuel révélant une enveloppe d’au moins Rs 25 millions sous forme de rémunération pour les deux dernières années. D’aucuns affirment que le principal concerné aurait déjà été informé des nouvelles responsabilités qui devraient lui incomber. Mais les milieux officiels, approchés par Week-End, ne veulent ni confirmer ni infirmer ce détail, tout en avançant que des consultations ont été initiées en vue de ces nominations hautement politisées.

De son côté, l’ambassadeur Jankee pourrait se voir offrir le poste de Chief Executive Offcer de la Financial Services Commission, car le nom de Harvesh Seegoolam, l’actuel patron, est donné comme un potentiel First Deputy Governor avec en complément le Chairmanship de la FSC, comme ce fut le cas pour Renganaden Padayachy du temps de son passage à la BoM Tower. Pour compléter le trio de tête, Lakwizinn du PMO pourrait opter pour une présence féminine avec une In-House Promotion.
L’urgence autour du Timing de ces nominations est tributaire de deux rendez-vous au cours de la dernière semaine de février, poussant les observateurs à avancer que les changements devront se faire de manière imminente. Ainsi, la Kick-Off Meeting du Fonds monétaire international (FMI) avec la Banque de Maurice, soit avec le gouverneur et ses principaux lieutenants, dans le cadre des Article IV Consultations, est annoncée pour la fin de matinée du lundi 24. Les Topics à l’agenda de cette séance de travail portent sur une Overview of Macroeconomics, Monetary Policy and Liquidity, Balance of Payments Developments and Projections et National Accounts Discrepancies. La mission Erickson prévoit également quatre autres réunions à la Banque de Maurice sur des thèmes spécifiques, dont les “transfers to the goverment”.

Puis, le 26 devra se dérouler la prochaine réunion du Monetary Policy Committee de la Banque centrale passant en revue les paramètres économiques, dont le taux de croissance avec en filigrane l’épidémie du coronavirus en République populaire de Chine, l’évolution de l’inflation et le Key Repo Rate. “Si la Banque de Maurice peut envisager de reporter la réunion du Monetary Policy Committee du 26, les discussions sur l’économie avec la mission du FMI revêtent toute leur importance et ne peuvent être confiées à une équipe de responsables en partance. Le PMO n’a d’autre choix que d’accélérer les procédures pour qu’au moins le nouveau gouverneur et ses deux adjoints soient Briefed adéquatement avant les interactions avec le FMI à partir du lundi 24”, confie-t-on dans des milieux officiels.
“Coup de balai et injection de sang neuf”

A l’Hôtel du gouvernement, on laissait entendre en fin de semaine que les nominations à la Banque de Maurice ne constituent nullement un fait isolé. “Un exercice complet est en cours et concerne les Boards de tous les corps et autres entités parapublics. De nouvelles têtes vont être nommées et ceux dont les contrats méritent d’être renouvelés le seront”, faisait-on comprendre en indiquant que la State Bank of Mauritius, qui a été ébranlée par divers scandales au cours de ces dernières années, ne devrait pas échapper à “ce coup de balai et à cette injection de sang neuf”. Dans d’autres milieux politiques, l’on dénonce que “tout cela en début du nouveau mandat représente un renforcement du Political Grip de Lakwizinn du PMO sur toutes les institutions publiques. Sans plus!”.
L’impatience va aussi grandissante dans le camp des candidats battus de l’Alliance Morisien et autres apparatchiks du MSM. Certes, les premières nominations politiques ont été entérinées, comme celle du Dr Zouberr Joomaye en tant que Special Adviser au PMO, mais sans salaires à la manière de Georges Chung, même s’il pilote la mise à exécution d’un important projet de clinique privée ; de Nilen Vencadasmi à la présidence de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) dans un contexte avec l’industrie touristique tentant de juguler les retombées de l’épidémie de coronavirus et aussi celle de Racheed Daureaawoo à la présidence de la Mauritius Housing Company Ltd.

Les fonctions de Chairman à la Mauritius Duty Free Paradise Ltd, laissées vacantes avec le départ de l’époux de la ministre Fazila Daureeawoo, devraient revenir au candidat battu Clive Auffray. Cette démarche s’inscrit dans un Deal entre une aile du MSM et le leadership du parti, même si certains avaient cru voir ce nominé politique à la tête de la Gambling Regulatory Authority de par son expérience. Toutefois, à ce jour, la confirmation de cette nomination se fait encore attendre. Tel est aussi le cas pour le candidat battu du MSM à Beau-Bassin/Petite-Rivière (No 20), Gilles L’Entêté. Considéré comme étant très proche d’un des plus importants bailleurs de fonds du Sun Trust pour les dernières élections générales, l’ancien Chairman de la National Housing Development Co Ltd avait démissionné de son poste pour se jeter dans la bataille électorale. Avec sa défaite personnelle aux élections du 7 novembre et le retour au pouvoir de Pravind Jugnauth, Gilles L’Entêté était sous l’impression que les portes du Boardroom de la NHDC allaient s’ouvrir automatiquement de nouveau pour lui.

Tout semble indiquer que cette réintégration à la tête de la NHDC se présente de manière problématique. Pour la bonne et simple raison que la NHDC tombe sous la tutelle du ministère du Logement et des Terres, soit hors de contrôle du MSM. La nomination de Gilles L’Entêté pourrait ne pas constituer une priorité pour le ministre Steven Obeegadoo, qui a d’autres chats à fouetter dans sa circonscription de Curepipe/Midlands (No &è).
Deux anciens Private Parliamentary Secretaries (PPS), qui n’ont pas bénéficié de nouveaux mandats à partir du 7 novembre : Toolsyraj Benydin et Alain Aliphon, de même que le néophyte Vikash Peerun, qui avait démissionné de la State Bank of Mauritius, et dont l’une de ses proches siège à l’Electoral Supervisory Commission (ESC), pour un ticket aux élections à Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18), n’ont pas eu la même chance de Shakila Jhungeer, candidate battue du MSM au No 2. Cette ancienne commissaire de l’Independent Commission Against Corruption a été nommée au sein du conseil d’administration d’Air Mauritius en même temps qu’un Top Chef de Lakwizinn, Sherry Singh, Chief Exective Officer de Mauritius Telecom et chef-pilote du Turn-Around Plan de la compagnie aérienne nationale.

Plus Low Profile, mais donnant lieu à une lutte sans merci est la répartition des contrats par des corps paraétatiques à des Legal Advisers affiliés au Sun Trust. Dans la catégorie des imbattables et des incontournables, l’on relève des hommes de loi du calibre de Me Ravin Chetty, Senior Counsel, qui avec Me Désiré Basset, Senior Counsel, avait comparu devant le Privy Council dans l’appel interjeté par le Directeur des poursuites publiques dans l’affaire MedPoint, l’ancien Attorney General, Me Ravi Yerrigadoo, qui peut être difficilement doublé sur le plan du Legal Advice à la Gambling Regulatory Authority (GRA) et à d’autres corps paraétatiques alors que jusque-là l’Attorney General’s Office avait préséance.

Depuis les dernières élections générales, Me Raouf Gulbul, qui avait auparavant le vent en poupe du côté d’Air Mauritius lors de l’épisode du limogeage de Megh Pillay en tant que Chief Executive Officer semble vouloir adopter une présence moins voyante. Par contre, d’autres membres du barreau, qui avaient soutenu l’Alliance Morisien sur le terrain pour les dernières élections essaient d’identifier la voie à prendre pour pouvoir mettre leurs services à la disposition de ces différentes entités parapubliques. Mais cette tâche s’avère des plus ardues, car outre le camp du MSM, le Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo ne veut nullement lâcher prise ce marché où les Retainer Fees se paient rubis sur l’ongle et en toute intimité politique…Départ forcé de la Banque de Maurice : « Du népotisme excédentaire »,
estime le leader de l’opposition

Les changements à venir à la tête de la Banque centrale, avec notamment les départs et les nouvelles nominations, relèvent du « népotisme excédentaire », estime le leader de l’opposition. Arvin Boolell répondait à une question de la presse à l’issue d’une conférence de presse, axée sur la mauvaise qualité de l’essence, hier à son bureau aux côtés des députés PTr. « Un véritable scandale », dit-il, indiquant détenir des informations à l’effet que ce sont des membres de la famille Jugnauth qui seront appelés à occuper ces postes clés à la tête de la Banque de Maurice après le départ forcé de Yandraduth Googoolye et Mahendra Vikramdass Punchoo, nommément Gouverneur et Deputy Governor à la BoM. « Malheureusement, Yandraduth Googoolye n’a pa su gérer la banque indépendamment. Il a été servile et submissive », dit-il. Arvin Boolell croit par ailleurs savoir que c’est un ancien de la Competition Commission qui sera nomméà la Banque de Maurice. « Encore une fois, lakwizinn pe kwizine », dit-il. D’ajouter : « Ce, alors que nous parlons de politique monétaire et d’indépendance de la Banque centrale. » Et ce, de même, « à un moment où le Fonds monétaire international vient attirer notre attention et étudiera non seulement la politique fiscale et monétaire, mais aussi le scandale dans le secteur financier », a souligné Arvin Boolell.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -