Enjeu — Consultations budgétaires : La pension de vieillesse à 65 ans

C’est ce que préconise le patronat dans la National Business Roadmap, identifiant quatre priorités (Binding Constraints) et soumis au GM en marge du prochain budget

- Publicité -

Business Mauritius préconise également la réforme de la loi du travail dans le sucre, l’introduction du Portable Gratuity Retirement Fund sans frais additionnels et la révision de la formule de la compensation salariale
Financement politique : capping des contributions du privé à 5 % du budget des partis

Le potentiel d’investissement privé dans le secteur énergétique souligné, soit Rs 7 milliards dans l’énergie renouvelable et Rs 700 millions dans le solaire avec le MSDG Scheme de 10 MW

Alerte : le Mare Chicose Landfill avec 450 000 tonnes de déchets en un an atteindra sa limite l’année prochaine

La National Business Roadmap de Business Mauritius, document de base pour le Budget Memorandum soumis au gouvernement en fin de semaine, identifie quatre Binding Constraints sur le plan économique et propose une série de mesures en vue de « Building a Better Mauritius Together ». Ces priorités d’action dans le cadre des préparatifs du Budget 2019/20 comprennent l’amélioration de la gestion des maigres ressources naturelles, le développement du capital humain, le renforcement du mécanisme de gouvernance et les vulnérabilités sur le plan de l’environnement dues au changement climatique. Toutefois, avant d’égrener la gamme de propositions, Business Mauritius se permet une mise en garde que « our macroeconomic fundamentals including public debt management, budget deficit, inflation and employment would need to be carefully monitored ». Et d’ajouter avec force que « the government’s fiscal strategy, which aims at enforcing greater fiscal discipline and financial prudence, particularly in view of the recent rising trend in public debt, would be particularly relevant ». Plus diplomate que cela, tu meurs ! En cette année précédant les prochaines élections générales, certaines des solutions abordées par Business Mauritius dans son document de 35 pages , pourraient s’avérer extrêmement délicates, pour ne pas dire Politically Sensitive. A ce dernier chapitre, l’on relève la révision des lois du travail dans l’industrie sucrière ou l’alignement du paiement de la pension de vieillesse sur l’âge de la retraite, le versement de la pension passant de 60 ans à 65 ans ou encore la réforme du mécanisme pour la compensation salariale.
Sur le front du capital humain en vue d’intégrer la High Income Economy Group, Business Mauritius met en relief le problème du vieillissement de la population après que le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé que « the National Pension Fund will have used its reserves by 2063 » et que « Mauritius is faced with an ageing population, i.e. ageing population statistics – aged (14 %) by 2022, super aged (21 %) by 2040. » Pour faire face à ces challenges sur le plan démographique, la tenue d’une National Consultation avec la participation active des partenaires sociaux sur la Sustainability of Public and Private Pensions est recommandée en urgence.
Ces échanges devront être axés sur trois points fondamentaux, à savoir Alignment of Old Age Pension with Retirement Age, soit le versement de la pension de vieillesse aux bénéficiaires à partir de 65 ans au lieu des 60 actuellement, une Selective Targeting of Old Age Pension, incluant la promotion de plans de retraite complémentaires et une meilleure couverture des Personal Insurance and Pension. Force est de constater que la pension de vieillesse se présentant comme un argument majeur de campagne, le gouvernement pourra difficilement envisager d’emboîter le pas aux capitaines de l’industrie en ce qui concerne la retraite.
D’autre part, le secteur privé remet sur le tapis le projet d’introduction de Portable Gratuity Retirement Fund, qui avait été évoqué par le gouvernement l’année dernière. Tout en n’objectant pas à cette démarche, Business Mauritius, qui se fait l’avocat de la thèse que ce projet ne devrait pas imposer d’« additional financial burden which may affect the capacity to pay », notamment pour les PME, énumère une série de conditions, à savoir que toutes les contributions au Portable Gratuity Retirement Fund soient calculées sur les salaires de base ; aucune contribution à être exigée et imposée pour les années de service passées ; la mise en vigueur d’un Length of Service Threshold pour assurer la portabilité des contributions ;
l’élimination des contributions au National Savings Fund, car les attributions sont considérées comme étant quasi identiques et un Revisiting du Workfare Progamme avec la réduction du Training Levy de 1, 5 % à 1 %.
Deux autres créneaux, la santé et l’éducation font également l’objet d’observation de la part du Business Mauritius. Dressant le constat que « current healthcare service levels are far lower than those expected in a high-income economy », la National Business Roadmap prône un modèle de santé s’appuyant sur les forces du secteur privé dans des secteurs spécifiques, dont la gériatrie, la maternité, les soins des yeux, les dialyses par la mise en place d’un E-Health Management System. Le secteur privé fait l’économie du terme privatisation de ces services.
Dans le domaine de l’éducation, où 71 % de la population détiennent le Primary School Achivement Certificate (PSAC), 56 % le School Certificate et 36 % le Higher School Certificate, Business Mauritius note que « the quality of primary and secondary education in the formative years of tomorrow’s workforce is highlighted with a key proposition to include new skills such as sustainability, emotional intelligence, values, leadership, confidence or project-based teamwork in his curriculum ».
La National Business Roadmap dénonce la situation qui prévaut sur le plan de la détermination des salaires au sein des différents secteurs économiques et propose une rationalisation institutionnelle. « There is a lack of predictabilty in the way payroll costs evolve yearly. There is a multiplicity of institutions (National Minimum Wage Consultative Council, National Remuneration Board, Commission on Conciliation and Mediation, Employment Relations Tribunal, Tripartite Committee, Pay Research Bureau, etc.) which impact on the wage determination mechanism », s’insurge le patronat.
Un menu au choix pour la compensation salariale
En vue d’une remise en ordre, un menu au choix est proposé pour la compensation salariale, soit le recours à des recommandations du National Minimum Wage Consultative Council, dont le mandat principal porte sur le Minimum National Wage, soit une indexation automatique des salaires de base « subject to a maximum ceiling to be determined based on the increase in the median wage ».
Alors que Business Mauritius n’en démord pas en proposant une révision des lois du travail dans l’industrie sucrière, une autre proposition pourrait raviver le feu latent au chapitre des relations industrielles. L’intention du secteur privé est claire : « To exempt the payment of additional remuneration in cases where terms and conditions of employment have been regulated through collective agreements which have been duly negotiated and are still in force. »
D’autre part, le secteur de l’énergie se présente avec un potentiel d’investissements privés de plus de Rs 7, 7 milliards, soit Rs 7 milliards au titre des énergies renouvelables, avec le Target de 35 % de l’Electricity Mix d’ici les cinq prochaines années, à condition de l’adoption d’un National Biomass Framework, et Rs 700 millions pour le lancement de la prochaine étape du MSDG Scheme de 10 % MW et une révision du Capping à 30 % du même MSDG. La croissance dans la consommation d’énergie électrique estimée à 22 %, soit 3 500 GWh, en 2025, le secteur privé propose des mesures d’économie de l’ordre de 10 %, ciblant principalement les secteurs secondaire et tertiaire de même que les ménages.
Business Mauritius fait un plaidoyer pour que l’Utility Regulatory Authority (URA) soit opérationnelle, car, valeur du jour, « the Central Electricity Board is acting as the main operator and de facto regulator ». « The operationalisation the URA Strategic Plan will create an investment-friendly framework for private projects, including the sale of electricity by private operators and a framework for large residential projects. Pricing is to be determined by the regulator », prévoit le patronat, qui évoque la possibilité d’un cadre de réglementation pour les véhicules électriques.
Le renforcement de la bonne gouvernance à tous les niveaux figure parmi les priorités de la National Business Roadamap. Et comment faire abstraction du financement politique à la veille de la prochaine campagne pour les législatives. « Consensus within the business community is that it is of the utmost importance to make political parties accountable for their finances », dit-on en reprenant les grandes lignes des propositions en discussions. Mais parmi les conditions élaborées, le secteur privé serait mieux à l’aise avec des « private company donations to be capped to a small percentage (say 5 %) of a party’s total campaign and donations by private companies to be solely to a party or to an independent candidate (excluding the possibility of donations to individual candidates of a party) ».
Répercussions du changement climatiques : élargir le champ d’action
Par ailleurs, le sort des ONG figure parmi les préoccupations budgétaires du secteur privé. « The network of NGO’s that are today supported by the foundations, and whose survival depends on the continued financing from these foundations are at risk », soutient le mémoire sur le budget, soumis au ministère des Finances. Business Mauritius se bat pour un retour à l’ancienne formule de « CSR terms where this money was used to implement CSR projects of companies as per their own framework and within agreed guidelines ».
Les répercussions du changement climatiques se sont également invitées à l’agenda de Business Mauritius étant donné qu’au World Risk Index de 2018, Maurice occupe la 16e place (High Risk) sur 172 pays. Une Holistic Approach en matière de Land Drainage est envisagée avec un système de monitoring pour la « maintenance of drains to reduce risks of floods and water accumulation ». Le secteur privé veut élargir le champ d’action en encourageant « businesses and households to adopt risk assessment and management principles regarding risk associated with climate change and heavy rainfall, including the increase in insurance coverage ».
Avec quelque 480 000 tonnes de déchets générées chaque année et dirigées vers une unique Landfill en transitant par cinq Transfer Stations, la situation est considérée comme extrêmement précaire. Et pire est le fait que le point de saturation de la décharge est annoncé pour l’année prochaine. Dans cette perspective, l’urgence d’une National Waste Management Strategy se fait sentir, car le plan de 2015 à 2030 n’a pas encore finalisé. La gestion des déchets coûte environ Rs 1, 2 milliard par an, soit une moyenne de Rs 100 millions par mois.
Parmi les mesures d’urgence, le secteur privé opte pour l’ouverture de 25 Waste Depots à travers l’île, un partage du coût de la collecte des ordures ou encore une Regional Waste Management Policy en tenant en ligne de compte que des opérateurs du privé ont déjà exploré ces possibilités, soit pour les déchets de textile vers Madagsacar, pour les pneus à La Réunion et aussi pour les Heavy Plastics, les batteries et les huiles usées.
En ce qui concerne les PET Bottles, la taxe imposée par le gouvernement ne couvre que 40 % de la collecte avec en complément les membres de la Bottlers’ Association payant quelque Rs 30 millions pour le recyclage. En vue de remédier à cette situation, Business Mauritius demande au gouvernement de remplacer la taxe sur les PET Bottles par une Full Voluntary Extender Producer Responsility Mechanism pour assurer une meilleure collecte des déchets en plastique.
En conclusion, avec l’ambition déclarée d’intégrer la National Business Roadmap dans l’exercice de National Economic Planning, le patronat, qui réclame des « bold, relevant and quickly implementable policy measures », s’appesantit sur le fait que « as an export-oriented economy, our key challenge for the coming years lies in the external context with our traditional base for trade, tourism and investment witnessing slow growth ».
Commentant les nuages s’amoncelant à l’horizon de l’industrie touristique, Business Mauritius, qui évoque un Turnaround ce mois-ci dans les arrivées de touristiques, concède que « the changing structure of the industry including the increase in para-hotel accommodation, arrivals by sea, the global shift from tour operator business to dynamic packaging, shift of economic power from our traditional markets as well as local issues linked to conflicting use of the resources, climate change/environmental vulnerability and connectivity frequency/pricing issues among others need to be addressed ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -