Enjeu — GM Business Jour J-1 : La tentation sociale du budget !

Lakwizinn du PMO: “Pravind Jugnauth présentera un budget équitable,
mais responsable dans la conjoncture”

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Un électeur sur trois bénéficie de prestations sociales avec l’Old Age Pension donnée comme “un puissant levier budgétaire”en prélude aux prochaines élections générales

Les dernières spéculations budgétaires : après les frais universitaires gratuits,
le GM pourrait annoncer soit l’internet, soit le transport en commun gratuit

En contrepartie, un Double Digit Solidarity Levy imposé sur des secteurs
d’activités économiques ciblés n’est pas à écarter

Le Portable Retirement Gratuity Fund en faveur de 350 000 employés du privé et le Medical Insurance Scheme pour les fonctionnaires probablement au menu

 

A Jour J -1 de la présentation du dernier budget du mandat de Lalyans Lepep, avant les prochaines élections générales devant se tenir entre la mi-décembre et le 20 mai de l’année prochaine, les jeux sont presque faits. A la Budget Cell, à cheval entre le Prime Minister’s Office et le ministère des Finances, ce dernier week-end de travail sera consacré à l’exercice de Fine Tuning des mesures budgétaires “on the revenue side” et aux dernières retouches au Budget Speech. Avec la réunion spéciale du Conseil des ministres de lundi à partir de 15 h et la séance de l’Assemblée nationale à partir de 16 h pour la lecture du Discours du Budget d’une durée de quelque deux heures, la matinée de demain s’annonce cool à l’Hôtel du gouvernement, sauf pour ceux engagés dans la logistique pour la réception des documents de l’Imprimerie du Gouvernement. La caractéristique principale de ce budget se résume au contexte éminemment électoral, le compte à rebours entamant la phase finale pour la sortie du Writ pour la partielle à Piton/Rivière-du-Rempart (No 7), ouvrant du même coup les conjectures savantes quant à la période où devront se dérouler les prochaines élections générales, d’autant plus qu’à partir de la mi-décembre un Caretaker Government sera en place.

Toutefois, l’intérêt du budget se situe entre la tentation de faire du social, vu les prochaines élections générales, et les urgences sur le plan économique. A ce dernier titre, le problème de l’endettement national et le gouvernement devant se prononcer sur l’engagement visant à ramener le niveau de la dette publique à 60% du produit intérieur brut (PIB) d’ici deux ans, vient se greffer aux difficultés que traversent des piliers de l’économie, comme le tourisme, le sucre, le textile, alors que le Global Business Sector se ressent déja les effets de la révision du traité bilatéral avec l’Inde, dont l’introduction de la Capital Gains Tax. La Financial Services Commission, la Banque de Maurice et le Financial Stability Committee assurent la coordination en vue de suivre l’évolution de la situation dans le secteur de l’offshore avec cette nouvelle donne.

Au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, l’on s’évertue de contrer ce qui est présenté comme “une campagne de surenchères électorales” en marge de la présentation du prochain budget. “En principe, ce budget épousera les mêmes contours en matière de philosophie énoncée depuis le budget de 2016 présenté par Pravind Jugnauth. Tout indique que ce sera un budget équitable mais responsable. En prenant connaissance de la teneur des propositions arrêtées dans le budget, la population verra par elle-même”, s’accorde-t-on à faire comprendre du côté de l’Hôtel du gouvernement avant de s’enfermer pour les dernières séances de travail de ce week-end.

Il va sans dire que vu que le budget sera le dernier avant les prochaines élections, même au cas où le scénario Pez Nam pour l’annonce de la campagne qui prévaut, le Budget Speech devra faire la part belle au volet du bilan des différents secteurs. “A ce titre, nous pourrons affirmer que 80% des mesures annoncées dans le précédent budget ont déjà été mises à exécution. Les 20% restant sont constitués de projets, qui sont échelonnés sur plusieurs années et qu’il faudra attendre pour les résultats”, ajoute-t-on dans les rangs des Top Chefs du PMO.

Face à la problématique de l’endettement national, qui a augmenté de Rs 237,7 milliards à la fin de décembre 2014 à Rs 318 milliards à la fin de mars dernier, soit Rs 80 milliards, l’Hôtel du gouvernement appose l’évolution du niveau de réserves nationales. Les derniers chiffres publiés par la Banque de Maurice en fin de semaine indiquent qu’à la fin de mai, Maurice disposait de réserves en devises étrangères de Rs 241 milliards contre Rs 124 milliards à la fin de décembre 2014. “Compared to a year ago, the Gross Official International Reserves (GOIR) rose by Rs 18,9 billion. Based on the value of the revised imports of goods (f.o.b.) and services for calendar year 2018, the GOIR represented 11,2 months of imports as at end-May 2019 as compared to 10,7 months as at end-April 2019 and 10,4 months as end-May 2018”, note la Banque centrale en ajoutant que le Net Amount, soit la différence entre le montant du Public Sector Debt et les réserves, est à son niveau le plus bas, soit sous la barre des Rs 80 milliards, au cours de cette période.

En contrepartie, le gouvernement a élaboré une stratégie visant à lui permettre de procéder à un remboursement prématuré de la dette locale, qui se monte à quelque Rs 245 milliards. Avec la première émission de Government Treasury Certificates à l’intention des Non-Financial Public Sector Bodies (NFPSBs) de la semaine dernière, le Central Electricity Board (CEB), organisme avec un potentiel appréciable de liquidités, a déjà signifié son intention d’être partie prenante de cette opération, initiée par le ministère des Finances en collaboration avec la Banque de Maurice. Le CEB prévoit d’effectuer des placements de Rs 1,5 milliard en quatre tranches entre la mi-juin et la mi-juillet. D’autres institutions parapubliques pourraient bientôt emboîter le pas au CEB dans un avenir pas très lointain.

L’option

du Double Digit

Outre le taux de chômage, devant évoluer sous la barre des 7%, un autre indicateur économique, qui pourrait occuper une place de choix dans le bilan du budget n’est autre que l’inflation. Les dernières prévisions établies par Statistics Mauritiius portent sur un taux d’inflation de 1.5% pour l’année 2019. Ces projections, qui devraient pousser le patronat à réclamer un gel de la compensation salariale lors des tripartites de la fin de l’anée, sont basées sur l’évolution du Consumer Price Index (CPI) depuis le début de l’année.

L’Overall CPI pour le mois de mai n’a pas connu de changement par rapport à avril dernier. La progression de 0,1 point chacun pour les billets d’avion et les produits alimentaires a été contrebalancée par une baisse du même ordre des prix des légumes et d’autres biens et services. Les autres facteurs influençant le CPI sont une baisse de 44.8% dans les frais pour des Vocational and Technical Courses avec l’introduction du “scheme to provide free higher education in public tertiary education institutions”, une autre de 15.5% dans les Rates for Accommodation in the Hospitality Sector.

De ce fait, Statistics Mauritius arrive à la conclusion que “the headline inflation rate for the twelve months ending May 2019 works out to 1% compared to 4.7% for the twelve months ending May 2018. The headline inflation rate excluding alcoholic beverages and tobacco for the twelve months ending May 2019 works out to 1.1% compared to 3.8% for the twelve months ending May 2018. The year-on-year inflation rate since May, as measured by the change in CPI for May 2019 relative to May 2018 works out to 0.8%”.

Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources concordantes avancent que pour se donner les moyens d’assurer le volet de redistribution sociale, le gouvernement étudie l’option de passer au Double Digit au titre de la Solidarity Levy, imposé sur les banques et les opérateurs de téléphonie, notamment. Pour l’exercice financier en cours, le gouvernement mise sur des recettes de Rs 1,4 milliard à ce chapitre et avec cette révision à la hausse du taux d’imposition probable, la barre des recettes de Rs 2 milliards devrait être franchie. D’autres sources de revenus sont également envisagées pour le financement de la politique de solidarité du gouvernement.

En tout cas, l’une des mesures tant attendues concerne une éventuelle révision à la hausse de l’Old Age Pension. Ceux qui prétendent être dans le secret des dieux croient que la pension de vieillesse de base pourrait passer de Rs 6 210 par mois à au moins Rs 7 000, une première étape en route vers les Rs 8 500 du National Minimum Wage. Dans cette éventualité, le budget du ministère de la Sécurité sociale devrait être augmentée de Rs 2 milliards par an, ou Rs 180 millions par mois, au bas mot, pour se rapprocher des Rs 30 milliards.

Le choix de la pension de vieillesse s’explique par le fait que le troisième âge constitue une Bank Vote non négligeable à la veille d’une campagne électorale. Il faut compter un électeur sur trois comme étant bénéficiaire de prestations sociales à Maurice, soit une moyenne d’au moins 10 000 Mauriciens âgés de plus de 60 ans par circonscription. “Difficile de voir le gouvernement oublier de faire un geste budgétaire en cette période préélectorale envers cette catégorie de Mauriciens. Mais sans prendre de risques inutiles pour le déficit budgétaire”, concède-t-on dans les milieux autorisés.

Deux autres mesures à forte connotation sociale se bousculent à la veille de la présentation du budget. A la lumière d’une dernière lettre de protestation de la part de la General Workers Federation (GWF) en début de semaine, le ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, a réuni d’urgence en fin de matinée, mardi, Ashok Subron et ses camarades pour évoquer le projet de mise en opération d’un Portable Retirement Gratuity Fund en faveur de quelque 350 000 travailleurs du secteur privé. Une indication que les modalités de ce projet, évoquées une première fois à la fin de l’année dernière, pourraient figurer dans le dernier budget de Lalyans Lepep avant l’échéance électorale.

“Nous avons réclamé des garanties officielles auprès du ministre du Travail sur les points que nous avons soulevés en novembre de l’année dernière et que nous avons réitérés lors de la réunion. Nous insistons sur le fait que la compensation sous le Portable Retiremet Gratuity Fund ne doit nullement être inférieure à quinze jours par année de service. Nous avons aussi abordé le problème des employés qui souscrivent à des polices d’assurance pour leur retraite. Ce que nous souhaitons vivement, c’est que le gouvernement circule l’ébauche du projet de loi à tous les Stakeholders avant qu’il ne soit présenté à l’Assemblée nationale”, déclare Ashok Subron suite à ce développement.

Employés des corps paraétatiques :
un autre réservoir de votes courtisé

De leur côté, les fonctionnaires et les employés des corps paraétatiques représentent un autre réservoir de votes courtisé par le gouvernement aussi bien que l’opposition pour faire la différence lors du dépouillement des bulletins de vote. Les détails du Medical Insurance Scheme pour les employés du secteur public, dont la contribution de l’Etat, attendent d’être dévoilés officiellement. Pour certains, “it’s long overdue”, alors que pour d’autres, la prudence est de mise concernant ce projet de financement de santé.

Avec la décision du gouvernement d’exclure le Medical Insurance Scheme à l’intention des fonctionnaires des provisions de la Public Procurement Act, la State Insurance Company of Mauritius (SICOM) et la National Insurance Company (NIC) se qualifient d’office pour la gestion de ce fonds d’assurance santé. A ce stade, aucune indication si l’Hôtel du gouvernement compte revoir cette démarche à la lumière des développements survenus après le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Betamax décrétant illégal l’octroi du contrat-jackpot de Rs 10 milliards de la State Trading Corporation au groupe Bhunjun.

D’autre part, les employés du secteur public ne seront nullement étonnés d’un acte de générosité budgétaire du gouvernement à leur égard. La question de la publication prématurée des recommandations du rapport du Pay Research Bureau (PRB) ne se pose plus. La possibilité de bénéficier d’une révision salariale de trois Increments, soit environ 10%, semble être compromise en raison des divergences de vues entre syndicalistes de la fonction publique.

La proposition soutenue par Rashid Imrith, président de la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP) pour le paiement de cette révision salariale intérimaire en attendant le rapport du PRB d’octobre 2020 est remise en question de manière véhémente. Et par nul autre syndicaliste que le président de la Fédération des syndicats du service civil, Narendranath Gopee. Celui-ci soutient la thèse que le paiement de ces trois Increments constituerait une ingérence dans les procédures du Pay Research Bureau (PRB). Difficile à dire comment le Premier ministre et ministre des Finances contournerait cet obstacle pour faire labus dou aux employés du secteur public.

Mais, à en croire certains milieux, l’annonce de la gratuité des frais universitaires dans le public en début d’année ne serait pas l’unique pour la saison. On prête l’intention au Premier ministre et leader du MSM de faire une autre annonce dans le cadre du budget pour un nouveau service gratuit. Ce qui pourrait constituer une Trump Card à être abattue. Mais très peu de détails ont transpiré par rapport à cette surprise du Top Chef de Lakwizinn.

Certains pensent qu’avec l’avènement du Metro Express, dont la mise en opération est annoncée pour fin septembre, le gouvernement pourrait accorder le transport gratuit à la population, soit après les écoliers et le troisième âge. Une logique, affirment certains, même si d’autres attirent l’attention sur le fait que la pratique des allocations de transport pour les employés est bien ancrée dans le monde du travail. Alors, la gratuité pourrait favoriser l’accès à l’internet.

A hier, aucune indication officielle décelée dans un sens comme dans l’autre, alors que les observateurs politiques soulignent qu’avec le Budget 2019/20, “l’on ne peut s’attendre à voir le gouvernement annoncer de grandes réformes ou plan de cinq ans. On ne peut être naif à ce point car dans la conjuncture, neither Pravind Jugnauth nor Navin Ramgoolam can afford to lose the next general elections”

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