ENQUÊTE JUDICIAIRE — Décès de Soopramanien Kistnen : Les lacunes des enregistrements de Safe City intriguent encore

  • Frère et ami d’enfance de la victime confirment la thèse du « foul play »
  • Assaillis de questions, ils ont été hésitants sur certaines d’entre elles, « embarrassantes », et ont plaidé l’oubli lorsqu’ils ont été confrontés à des propos dans leurs dépositions à la police
  • Le mystère des enregistrements disparus des caméras de la Safe City demeure entier, malgré le visionnage de l’itinéraire de Soopramanien Kistnen depuis Telfair jusqu’à ce qu’il prenne l’autobus vers Beaux-Songes.

Les enregistrements vidéo du Safe City Network, ayant nécessité des investissements de Rs 19 milliards, du vendredi 16 octobre, notamment à La Louise, continuent de hanter les auditions de l’enquête judiciaire sur le meurtre allégué de Soopramanien Kistnen, âgé de 52 ans. En dépit d’une projection guidée des enregistrements disponibles par le constable Abheeram, des zones d’ombre perdurent, les hommes de loi, détenant des “Watching Briefs” dans cette enquête, présidée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, n’hésitant d’ailleurs pas à faire état de « manipulations d’images » après la séance. L’audience d’hier a été également marquée par l’audition de Govinden Kistnen et de Seeneevassen Legrand, respectivement frère et ami d’enfance de la victime. Ces derniers ont été interrogés sur les activités de la victime et ses relations avec le ministre Yogida Sawmynaden. S’ils ont affirmé ne pas tout savoir de ses fréquentations – « parski li pa ti pe koz so bann zafer » –, ils ont cependant été catégoriques à dire que sa mort ne relève pas d’un suicide, privilégiant ainsi la thèse du « foul play ».

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Govinden Kistnen, le frère de Soopramanien Kistnen, a été entendu sur ses derniers moments passés avec le défunt, notamment sur les évènements du 1er octobre dernier, lorsqu’il avait donné Rs 200 000 en espèces à son frère, qui avait des dettes. Govinden devait expliquer qu’il répondait toujours présent pour aider son frère quand il était dans le besoin, et vice-versa. Concernant la somme de Rs 200 000, Govinden a soutenu que « li ti dan difikilte ek li ti bizin clear enn shek ». Il avait alors rassemblé Rs 150 000 provenant de ses activités commerciales et une somme de Rs 50 000 retirée de son compte bancaire à travers un ATM. Interrogé sur la journée du 1er octobre, le témoin a expliqué qu’il avait dans un premier temps rencontré son frère au centre de jeunesse d’Helvétia pour ensuite prendre place dans le véhicule de Seeneevassen Legrand pour partir à la rencontre de celui à qui la victime devait effectuer le remboursement. Ainsi, il devait expliquer avoir « déchiré le chèque » après qu’il lui ait remis la somme de Rs 200 000 dans une enveloppe pour le remettre à nul autre que Koomadha Sawmynaden, qu’il dit avoir pu reconnaître ce jour-là à sa chevelure blanche.

Dans cette histoire, la version de Govinden Kistnen ne corrobore pas avec celle de Koomadha Sawmynaden, qui avait allégué pour sa part que les Rs 200 000 provenaient de Yogida Sawmynaden. Autre incohérence rappelée par Me Azam Neerooa : le fait que Govinden Kistnen n’avait pas déclaré à la police au cours de son interrogatoire qu’il avait déchiré ledit chèque. Le frère de la victime a aussi eu du mal à expliquer pourquoi il avait toujours ce chèque « déchiré » en sa possession, soutenant avoir « oublié » qu’il l’avait gardé dans la boîte à gants de son véhicule.

Répondant aux questions de Me Roshi Bhadain, il devait affirmer avoir oublié qu’il détenait toujours le chèque, raison pour laquelle il n’en avait pas informé les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT). Me Bhadain devait aussi s’intéresser à la somme de Rs 200 000 que Govinden avait pu récolter pour remettre à son défunt frère. Des échanges peu concluants ayant poussé la magistrate à demander au témoin de revenir avec des documents attestant de son chiffre d’affaires et de ses déclarations d’impôts pour la dernière année financière.

« Un bon vivant »

Le frère de la victime connaissait aussi le ministre du Commerce, de par sa proximité avec Soopramanien Kistnen. Il avance que le ministre l’avait appelé le jour de sa disparition pour lui faire part qu’il n’avait plus de nouvelles de Soopramanien Kistnen et avait appelé Govinden à quelques reprises, soit le jour de l’enterrement de son frère, le 24 octobre, et quelques jours plus tard. Pour Govinden Kistnen, apprendre que son frère était bien celui dont le corps calciné avait été découvert à Telfair le 18 octobre l’avait « bouleversé ». Il poursuit : « Mo pa ti pe kwar ki li sa. Monn koz ek enn gard kinn dir mwa li mem parski inn fouy dan so pos inn trouv enn idantifikasion. » C’est ainsi que, questionné par Me Siddartha Hawoldar, qui agit en tant que Watching Brief, il devait réfuter catégoriquement l’acte du suicide. « Li inposib, li ti enn bon vivan. Si pa swisid inn bizin inn atak li, pena okenn dout. Kan li ti dan dife, li ti pe sonn mwa ek ti pe resoud problem-la. »

« Mo ti pe per »

Seeneevassen Legrand, l’ami d’enfance de la victime, était celui qui véhiculait Soopramanien Kistnen lorsqu’il ne pouvait conduire, après son intervention chirurgicale pour des calculs rénaux (« pyer »). Il l’avait ainsi emmené à son rendez-vous du 1er octobre sur l’aire de stationnement d’un centre commercial à Helvetia pour remettre les Rs 200 000 dues à Koomadha Sawmynaden. Il devait raconter les événements, à quelques détails près, de la version de Govinden. Sauf que, lui, devait avancer avoir vu deux chèques, et ne pas avoir vu Govinden déchirer le chèque en question.
Confronté à ses deux dépositions données à la police dans la soirée du 18 octobre, jour où le corps a été découvert, et le 6 décembre, il n’avait pas raconté tout ce qu’il savait dans son premier “statement”, et devait soutenir : « Mo ti pe per dimounn kapav vinn get mwa. Li ti explik mwa li ena det anver dimounn. Akoz sa mo pann donn lanket bien me le 6 desam ti korek, monn dir tou seki mo kone. » Lui aussi devait avancer la thèse du “foul play”, soutenant que Soopramanien Kistnen «  ti kontan so lavi, pa enn dimounn ti pou swiside ». Il a mis en avant par ailleurs que même étant bons amis, « li pa ti pe koz so bann zafer ar mwa ».

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