ENQUÊTE JUDICIAIRE — Meurtre allégué de Kistnen : Descente des lieux à Telfair en présence de la magistrate

-Sergent Mosafeer, un des premiers sur la Scene of Crime, surpris que l’affaire ait été classée comme un suicide après autopsie -Ce responsable du poste de Moka confirme aussi des traces de sang sur la lame d’une paire de ciseaux retrouvée près du corps à Telfair, Moka -Neha Mootee : « Li ti kont lide swisid, li ti pe dir tou problem ena enn solisyon »

La magistrate Vidya-Mungroo Jugurnath, siégeant à la Cour de Moka et président l’enquête judiciaire sur le meurtre allégué de Soopramanien Kistnen, accompagné de différentes parties, a effectué en fin de matinée une descente sur les lieux du crime à Telfair, Moka. Entre-temps, la thèse du suicide continue de s’amenuiser au fil des témoignages devant l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur le décès suspect de Soopramanien Kistnen, dont le corps carbonisé a été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le 18 octobre dernier. Une amie proche du défunt, avec qui il entretenait de bonnes relations depuis les élections générales 2019, soutient que c’était « une personne joviale qui n’avait de problèmes avec personne » et que « kan li tann bann zistwar swisid li ti kont lide swisid, li ti dir tou problem ena enn solisyon ». Le sergent Mosafeer, qui s’était rendu le dimanche 18 octobre sur les lieux du crime après avoir été informé qu’un corps avait été retrouvé, a confirmé, suite aux questions de Me Rama Valayden, qu’il était « surpris » que l’affaire ait été classée comme un suicide alors que des traces de sang sur des ciseaux avaient été découvertes ainsi que des caillots de sang étaient visibles sur le bas du dos de Soopramanien Kistnen…

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La dernière fois que Neha Mootee a eu des nouvelles de Soopramanien Kistnen a été le vendredi 16 octobre à 14h50. Dès lors, elle ne devait plus en avoir de lui. Elle avait tenté de l’appeler vers 17 h ce jour-là mais en vain, « so telefonn ti teign », devait-elle déclarer devant le tribunal de Moka dans le cadre de cette enquête judiciaire. Elle a connu Soopramanien Kistnen pendant la campagne menant aux élections générales de 2019, soit en octobre. Elle avance qu’elle faisait partie des personnes qui « ti pe donn koudmin dan rezion Bois-Chéri, Moka pou MSM » alors que Soopramanien Kistnen était au bureau du MSM. Elle relate qu’ils ont ensuite tissé des liens d’amitié et se voyaient souvent pour aller déjeuner chez un ami de la victime à Ébène.
Soopramanien Kistnen l’avait aussi beaucoup aidée « pendan konfinnma, li ti amenn mo tifi lopital kan so lipie ti debwate ». Elle était aussi en contact avec les amis de la victime ainsi que son frère, qu’elle connaissait comme Govinden. Et d’avancer que Soopramanien Kistnen se faisait appeler « Kaya ». Elle a relaté par la suite l’épisode où Soopramanien avait été admis à l’hôpital pour des calculs rénaux, soit en août 2020. Elle soutient qu’elle lui avait même changé ses pansements, dans son salon de beauté, étant esthéticienne. Elle a soutenu que le 13 octobre la victime s’était une nouvelle fois rendue à l’hôpital pour enlever le reste des calculs rénaux.
Par la suite, c’est le vendredi 16 octobre que Soopramanien Kistnen tente de la contacter, à 13h50 et 14h50. «  Sa moman-la mo ti okipe, monn dir li mo pou rapel li », devait-elle ajouter. C’est vers 17 h qu’elle l’a rappelé, mais en vain. Elle affirme que c’est le frère de la victime, Govinden, qui connaissait leur relation, qui l’avait appelée samedi 17 octobre pour lui demander si son frère était avec elle. Elle avait bien évidemment répondu par la négative.
Le dimanche 18 octobre vers 20h30, le frère de la victime est venue lui annoncer la nouvelle « Neha, ou bizin konditionn ou pou enn move nouvel. Inn retrouv enn lekor karbonize dans kann ek pe panse li mem sa ».  Désemparée, elle a attendu lundi pour confirmer la nouvelle. Ce lundi 19 octobre, la CID de Moka frappe à sa porte et lui demande de la suivre au poste de police pour une déclaration. Elle devait préciser qu’elle n’avait à aucun moment été appelée à identifier le corps, soulevant une confusion sur des dires de la police.
Me Azam Neerooa (AN) : Kifer inn amenn ou station ?
Neha Mootee (NM) : Parski nou ti ansam souvan.
AN : Ki ounn fer CID ?
NM : Monn donn lanket.
AN : Ou ti osi idantifie lekor?
NM : Non pa mwa.
AN : Dan enn xtre sorti lapolis pe dir ki le 20 oktob ou ti idantifie li kouma ou mari ?
NM : Non li fos dir sa. Mo pann al lamorg, zis station lapolis. Pann al lanterman mem. Ti tro strese sa zour la.
AN : Ki ou kapav dir lor Soopramanien Kistnen ?
NM : Li pa enn dimounn pou swiside. Li ti kont lide swisid. Li ti pe dir tou problem ena solisyon.

Plus loin, Neha Mootee devait alors soutenir que son dernier contact avec Soopramanien Kistnen a été vers 14h50 vendredi 16 octobre. Répondant aux questions de Me Sanjeev Teeluckdharry, un des avocats, avec un Watching Brief pour la famille du défunt, Neha Mootee raconte qu’elle rencontrait souvent Soopramanien Kistnen : « Ti pe avoy mesaz par sms ek WhatsApp souvan ek ti pe al dezene omwin de fwa par semenn ». La question qui se pose alors serait ce qu’elle savait du travail de la victime et des ‘transactions’ qu’il aurait pu avoir effectuées.
« Ti pe koz zis lor fami me zame linn koz so travay ou so bann aktivite politik ar mwa », devait-elle toutefois déclarer. La magistrate est intervenue à ce moment-là : « Sa kantite fwa zot ti ansam ek zot ti pe anvoy mesaz, ki zot ti pe koze ? Li pa ti pe partaz narien ar ou ? ». Et la femme de répondre par la négative : « Ti pe koz zis nou fami, me zame inn koz lezot zafer. »

Caillots de sang sur le dos

Le sergent Mosafeer, responsable du poste de police de Moka, s’était rendu sur le lieu où le corps avait été retrouvé tard dans l’après-midi du 18 octobre. Il devait expliquer que le corps carbonisé était allongé sur le dos avec une main tordue, les intestins hors du corps, pieds nus avec des parties du corps brulées. Il avait aussi trouvé un téléphone portable sans carte Sim ou carte de mémoire et un sac à dos près du corps, également carbonisé. Il a avancé que lorsque le corps a été retourné, l’on pouvait déceler des caillots de sang sur la partie basse du dos de la victime. Et de mettre en avant que le visage ne portait pas de traces de sang, mais la peau du visage était brulée et la langue à l’air.
Aux questions de Me Rama Valayden, le sergent de police a soutenu que le cas n’était pas traité comme un suicide au départ. Sur place, une paire de ciseaux avait été retrouvée avec des traces de sang sur la lame. L’avocat devait lui demander s’il avait pensé vérifier les caméras de vidéo surveillance de la firme PriceWaterhouseCoopers près des lieux du crime. Il a répondu que l’enquête avait été attribuée à la CID de Moka et qu’il avait informé ses supérieurs de cela.
Le policier devait aussi avancer qu’il n’avait pu ouvrir le sac à dos ou encore enlever les documents brûlés qui se trouvaient dans une main de la victime. Toutes ses « pièces à conviction » avaient été envoyées au Forensic Science Laboratory (FSL) pour des examens. Il avait aussi tenté de retrouver la paire de chaussures qu’avait la victime à l’aide d’une torche mais en vain.
Me Valayden lui a ainsi posé la question attendue :
« Vous qui êtes un sergent de police d’expérience et après ce que vous avez vu, avez-vous été surpris d’apprendre que cette affaire a été traitée comme un suicide ? »
Le sergent de police : Après l’autopsie il a été conclu que c’était un suicide. Oui, j’ai été surpris d’apprendre cela.
L’enquête judiciaire reprendra après la visite de la magistrate sur les lieux du crime en fin de matinée.

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Kailesh Jagutpal (ministre de la Santé) : « Il ne faut pas se laisser piéger par la démagogie »

Le ministre de la Santé et du Bien-être, Kailesh Jagutpal, a pris la défense de son collègue, le ministre Yogida Sawmynaden, dans l’affaire Soopramanien Kistnen. Selon lui, il ne faut pas se laisser piéger par la démagogie.
« L’opposition peut toujours dire ce qu’elle veut. Tous les membres du gouvernement travaillent dans une seule direction. Il y a une enquête en cours et jusqu’ici nous n’avons rien entendu. Il ne pas faut se laisser piéger par la démagogie de l’opposition. J’ai appris que tous les jours ils inventent une connerie », a déclaré le ministre. Et d’ajouter qu’il y a des institutions qui s’occupent de cette affaire et qu’il faut les laisser faire. « Il y a des gens qui font des déclarations et c’est comme si “it’s coming from the Bible”. C’est une erreur. Laissons les institutions accomplir leur devoir », a-t-il dit.

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