Enquête judiciaire – Meurtre de Kaya Kistnen : Le rendez-vous raté mais reporté devant le tribunal de Moka

Le confinement national vient mettre un coup de frein aux interrogatoires de Vinay Appanna, Deepak Bonomally, Neeta Nuckched et le couple Poonyth ce lundi 15 mars

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L’attente d’une reprise avec les trouvailles de Huawei sur les caméras de la Safe City et celles de la Police IT Unit sur les courriels de Soopramanien Kistnen

« Une semaine cruciale qui s’annonçait ». Ainsi, s’accordait à dire le panel d’avocats des Avengers, assurant les intérêts de la famille de Soopramanien Kistnen et Koomadha Sawmynaden dans l’enquête judiciaire initiée pour faire la lumière sur le décès suspect de l’agent politique du MSM de Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le 18 octobre dernier. Confinement national oblige, le tribunal de Moka ne pourra cependant écouter les témoignages qui étaient prévus à partir de ce lundi.

Les travaux avaient été suspendus le 5 mars, avec le témoignage du représentant de Huawei Technologies Ltd sur les caméras de la Safe City installées dans le pays. Cette semaine s’annonçait de fait encore plus riche en révélations et en détails sur ce qui aurait pu arriver à l’agent politique du MSM, avec en ligne de mire le témoignage attendu de l’ex-ministre du Commerce et colistier du Premier ministre, Yogida Sawmynaden.

Plus d’une cinquantaine de témoins ont été entendus depuis le 4 décembre dernier dans l’enquête judiciaire sur le meurtre de Soopramanien Kistnen. Ceux ayant retenu le plus particulièrement l’attention dernièrement sont Vinay Appanna, ami « zwe kanet » de Yogida Sawmynaden, la Flight Purser d’Air Mauritius,  Neeta Nuckched, également amie d’enfance du ministre-démissionnaire, Deepak Bonomally ainsi que le couple Ashwin et Keshwari Poonyth. Tous sont reliés par des contrats obtenus avec le gouvernement et autres corps parapublics, et ayant comme dénominateur commun Yogida Sawmynaden, qui était alors ministre du Commerce.

Les liens entre Vinay Appanna et l’ex-General Manager de la State Trading Corporation (STC) Jonathan Ramsamy ont également été établis. Ce dernier n’est autre que le beau-frère du premier nommé. Ces témoins, principalement Vinay Appanna et Deepak Bonomally, intéressent la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, qui préside cette enquête judiciaire, du fait qu’ils ont eu affaire avec Soopramanien Kistnen à un moment donné dans le cadre de contrats obtenus.

Pour les Avengers, il ne fait aucun doute que Soopramanien Kistnen était au courant de certaines « magouilles » de ces témoins et qu’il avait l’intention de les dénoncer – car il se faisait « berner » à chaque fois. D’où la déclaration qu’il aurait faite, répétée par son épouse en Cour, à l’effet que : « Mo pou fer zot grene kouma zanbalak. »

Si la plupart de ces témoins ont quasiment complété leur audition, Vinay Appanna  devra revenir pour la reprise de son interrogatoire. Étant souffrant, il avait reçu l’autorisation de la magistrate de prendre congé et devait faire son retour ce lundi. Ce qu’il ne pourra donc faire, confinement oblige.

Vinay Appanna a été cuisiné pendant une semaine non-stop par les avocats du DPP et des Avengers. Sur ce qu’il sait du décès de Soopramanien Kistnen, il a plaidé l’ignorance, avançant ne l’avoir rencontré qu’à deux reprises en juin 2020, qui plus est étalant en Cour son emploi du temps du fatidique vendredi 16 octobre. Idem pour Deepak Bonomally, qui a dit ne pas avoir rencontré l’agent du MSM après le mois de juin 2020.

Incohérence évoquée concernant ces deux témoins : la présence de Vinay Appanna à Ebène tôt dans la soirée du 16 octobre. Si Vinay Appanna avance qu’il était chez lui ce jour-là, Deepak Bonomally affirme que son partenaire en affaires n’était pas présent lorsqu’il s’est présenté à son domicile, à la Cybercité, tôt dans la soirée, et qu’il a dû attendre quelque temps auprès du père et de l’épouse de Vinay Appanna que ce dernier revienne.

Deepak Bonomally a également été confronté à certaines incohérences concernant son emploi du temps du 16 octobre. S’il a ainsi affirmé qu’il avait une « réunion » à Phoenix, puis qu’il était chez lui depuis 15h, les relevés téléphoniques ont démontré qu’il se trouvait en fait depuis 15h30 à l’Hennessy Park Hotel, à Ebène.

Deepak Bonomally sera appelé à nouveau pour témoigner afin de donner plus d’éclaircissements sur son emploi du temps ce fameux 16 octobre. Il aura aussi à fournir des preuves des contrats obtenus du Central Electricity Board pour la fourniture de conteneurs, que NeeteeSelec était chargé de trouver pour sa compagnie, Bo Digital Co Ltd.

Vinay Appanna sera d’ailleurs confronté lui aussi à ses relevés téléphoniques, avec un nouveau numéro de téléphone qu’il utilise depuis 2020 et qu’il n’a pas signalé aux enquêteurs. Numéro qui intéresse le représentant du DPP, Me Azam Neerooa, qui a demandé un ordre d’un juge en référé (Judges Order) pour obtenir ces relevés téléphoniques de Mauritius Telecom.

L’hôtesse de l’air Neeta Nuckched

La Flight Purser de la compagnie d’aviation nationale, devenue directrice de la compagnie NeeteeSelec en avril 2020, soit en plein confinement sanitaire, a laissé la magistrate et les avocats sur leur faim, avec un interrogatoire interrompu du fait qu’elle était souffrante. A son retour, elle devra ainsi fournir des relevés du compte bancaire de la compagnie NeeteeSelec.

Cette dernière, bien que fondatrice et directrice au départ de sa compagnie, n’avait pas injecté d’argent sur le compte de ladite compagnie, excepté un montant dérisoire lorsqu’elle a ouvert le compte à la Bank of Baroda. Elle a expliqué avoir reçu une somme d’environ Rs 2,7 millions de Vinay Appanna pour l’achat de bois en teck et une autre de Rs 225 000, cette fois de la compagnie d’Ashwin Poonyth, pour l’achat d’équipements pour sa compagnie, qui commençait à obtenir des contrats de la STC pour la décontamination de locaux et véhicules.

Le couple Poonyth sera d’ailleurs aussi appelé à nouveau, en raison des propos de Neeta Nuckched à l’effet que le couple s’occupait de toutes les démarches administratives de NeeteeSelec. Ashwin Poonyth devra notamment fournir le Work Access Permit de NeeteeSelec pendant la période de confinement en 2020. Il devrait également apporter des éclaircissements sur le Business Registration Number de NeeteeSelec.

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Les trouvailles de Huawei et de la Police IT Unit

Autres aspects non négligeables dans l’enquête judiciaire : les caméras de la Safe City et les courriels de Soopramanien Kistnen. En ce qui concerne les caméras, le Deputy Commissioner of Police Krishna Jhugroo, chef du projet, devait avancer que les images stockées après 30 jours, et qui ont été effacées, ne peuvent être récupérées. Pire : pour la région de La Louise, où Soopramanien Kistnen se trouvait avant sa disparition, les caméras de la Safe City n’ont été installées que le 23 octobre dernier, pour être seulement opérationnelles qu’une semaine plus tard, le 29 octobre.

Quant aux anciennes caméras CCTV à cet endroit, elles ont purement et simplement été débranchées le 5 septembre dernier, car étant « obsolètes ».

Il a alors fallu assigner comme témoin un représentant de Huawei Technologies pour obtenir plus d’éclaircissements. La magistrate a soumis un ordre pour donner carte blanche à Huawei afin que l’entreprise puisse avoir accès au système de la Safe City, placé sous la responsabilité de la police, afin de voir ce qu’ils peuvent trouver.

Un représentant de la Police IT Unit est aussi attendu pour dévoiler le contenu des courriels du défunt, qui ont été récupérés et examinés. Autant de réponses attendues lors de la reprise de l’enquête judiciaire au tribunal de Moka.

Sans compter bien entendu le témoignage phare de l’ex-ministre du Commerce Yogida Sawmynaden ! Mais tout le calendrier de cette enquête judiciaire du meurtre de Kaya Kistnen attend d’être établi de nouveau…

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