Enseignement supérieur – Université du 3e âge : plus de 400 étudiants diplômés

Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Les étudiants de l’Université du troisième âge l’ont d’ailleurs bien prouvé vendredi matin en obtenant leur certificat après un an d’études. Le sourire aux lèvres, ces aînés très dynamiques ne comptent cependant pas s’arrêter à un seul certificat. Leur souhait : continuer à apprendre et se faire encore des amis.

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La salle de l’auditorium Octave Wiehe était bondée vendredi matin lors de la remise de certificats pour les différents cours suivis par nos aînés. Ces personnes âgées étaient d’ailleurs ravies de voir qu’elles sont encore capables d’apprendre, même s’ils ont atteint un âge respectable.

Enid Abraham et son amour pour les arts

Âgée de 85 ans, Enid Abraham réside au St Hugh’s Anglican Home de Rose-Hill. Cette ancienne enseignante du primaire et du secondaire de catéchèse au Collège Saint Andrews estime qu’apprendre est essentiel. « J’ai enseigné à des enfants durant toute ma carrière. Je leur ai appris beaucoup de choses et en s’inscrivant à ces cours, j’ai parfait encore mes connaissances », explique cette énergique octogénaire, qui a suivi des cours d’une durée de trois heures tous les mardis.

Vivant en maison de retraite, elle n’a pas eu à se déplacer pour ses cours. « J’avais une enseignante qui venait m’apprendre comment dessiner, faire du crochet, etc. Elle m’a appris des choses que les femmes peuvent faire », fait-elle ressortir, ajoutant qu’elle achète aussi son matériel pour ses cours. « Les cours ne sont pas difficiles », dit encore Enid Abraham, qui avoir toujours eu une soif d’apprendre.

Reconnaissant avoir été « une enseignante un peu sévère » dans sa vie professionnelle, elle dit toutefois ne rien regretter. Le plus important, pour elle, « c’est la joie que ressentent les étudiants lorsque le travail est bien fait ».

Patricia Chan ne veut pas arrêter d’apprendre

Elle est âgée d’un peu plus de 60 ans et est une ancienne cadre dans une banque. Patricia Chan pétille d’énergie. Ayant eu son attestation, elle ne croit pas qu’une personne âgée ne doive continuer d’apprendre. « On continue d’augmenter nos connaissances. Nous devons toujours mettre à jour ce que nous apprenons et nous devons le faire même à 99 ans », soutient cette habitante de Curepipe. Elle a suivi les cours en informatique et les danses. Ces deux cours ont été très importants pour elle dans sa démarche d’augmenter sa connaissance et de garder la forme. Pour elle, l’éducation permet à une personne de rester en forme et d’être en bonne santé. À la retraite depuis quelques années, elle dit ne pas sentir qu’elle a arrêté le travail. « Je sors tous les jours. J’ai l’impression que je continue de travailler », dit-elle. Patricia Chan dit être plus active que lorsqu’elle était au bureau et ajoute qu’elle fait ses exercices physiques le soir. Si elle se sent bien dans sa peau, elle veut aussi que les autres personnes le soient. De ce fait, elle demande aux personnes âgées de s’inscrire aux cours.

Le fait d’être actif, selon elle, permet de faire oublier que l’âge avance. Les personnes âgées, dit-elle, ont un peu de considération aujourd’hui, « mais je note une dégradation des valeurs », dit-elle. Elle croit que les jeunes doivent être encadrés par les anciens et que les anciens, eux, « apprennent des choses nouvelles aux autres ». Elle poursuit : « C’est une expérience à partager. Il faut qu’on travaille mutuellement et ne pas avoir une société catégorisée. »

Jean Noël Couvaya débute bientôt un 2e cours

Il a toujours aimé jouer de la guitare, mais son métier ne lui permettait pas. Maintenant à la retraite, Jean Noël Couvaya est un homme comblé. Cet étudiant de l’Université du troisième âge a en effet pu obtenir un certificat pour ses cours de guitare. Même s’il ne savait rien au sujet de cet instrument de musique, il peut aujourd’hui jouer quelques morceaux. Âgé de 62 ans, cet ancien officier du Farmers Service Centre, habitant Chemin-Grenier, est « ravi » de l’existence de l’Université du troisième âge, qui lui a permis d’apprendre à jouer de son instrument favori. « J’ai toujours eu une passion pour la guitare, mais il n’y avait personne pour m’enseigner comment en jouer. J’ai suivi des cours pendant six mois et apprendre à jouer cet instrument n’a pas été difficile », dit-il. Ses cours, il les a suivi chaque jeudi pendant six mois. Son premier cours terminé, Jean Noël Couvaya ne compte pas perdre son temps chez lui. « Je m’inscrirai à un deuxième cours de guitare », ajoute-t-il. Mais il envisage aussi de s’inscrire à un cours de… pâtisserie.

Roseline Cornet se tourne vers la chanson

Depuis qu’elle a pris sa retraite, et suite au mariage de son fils et au décès de sa mère, Roseline Cornet était noyée dans le chagrin. Pour cette habitante de Curepipe de 63 ans, jadis responsable de magasin, son choix s’est porté sur l’Université du troisième âge. « En m’inscrivant aux cours, j’ai oublié un peu le chagrin de ma maman décédée et de mon fils, qui est parti », dit-elle. Roseline Cornet s’était inscrite aux cours de Taï-Chi, d’anglais, de danse et d’informatique. Même si son époux travaille toujours, elle dit ne pas se sentir seule car elle s’est fait beaucoup d’amis. « Ces cours me soulagent et m’aident à évacuer mon stress », fait-elle ressortir. Après son premier certificat, elle veut encore poursuivre ses études et compte maintenant apprendre le chant.

Les Henri, un couple pas comme les autres

Elle a 90 ans et lui, 86 ans, et ils se portent à merveille. Roland Henri et Hélène Henri, deux anciens étudiants à l’Université du troisième âge, ont tenu à être présents lors de la cérémonie de remise de diplômes. Ce couple, qui vient de célébrer ses 50 ans de mariage, dit être toujours fort; et son train de vie n’a nullement changé malgré son âge. Roland Henri, toujours aussi actif dans la chorale de l’université, dit avoir suivi des cours de chant et de musique pour agrémenter son temps. Apprendre de nouvelles choses n’a jamais été tâche difficile. « Grâce à ces cours, je ne reste pas sans rien faire chez moi. Je prends l’autobus pour aller suivre mes cours avec mon épouse », dit-il fièrement. Aller à l’université est un pari gagné pour Roland Henri, qui avait dit à son cousin qu’une fois de retour à Maurice, après ses vacances en Australie, il se joindra à l’Université du troisième âge. Chose qu’il a pu accomplir. Quant à Hélène Henri, elle a aussi appris le chant comme son mari.

Pas de politique active pour Parsooramen

S’il n’a pas été candidat aux élections générales de 2014 et aussi à celles de cette année, Armoogum Parsooramen, président et fondateur de l’Université du troisième âge, a ses raisons. Selon lui, la décision d’aller vers les personnes âgées et autrement capables est un appel de Dieu qu’il a reçu en 2011. « J’ai pris cette décision avec foi car j’ai ressenti un appel. Je suis un ministre qui s’occupe des personnes handicapées et pour servir l’humanité au monde », dit-il devant son assistance. Pour lui, il a accompli une mission universelle sans faire de politique active. Se tourner vers ce rôle social pour cet ancien ministre est de rendre aux personnes âgées ce qu’elles ont accompli pour nous dans le passé.

Armoogum Parsooramen demande à ce qu’on redonne aux personnes âgées leur dignité et qu’on leur accorde aussi leurs droits. Pour lui, les aînés doivent pouvoir vivre dans un environnement sécurisé. Il déplore que ces derniers soient souvent maltraités sous les abribus, des autobus ne s’arrêtant même pas pour les prendre. « Nous savons quel type de traitement est accordé aux personnes âgées lorsqu’ils attendent l’autobus. Il faut prendre des actions pour que cela s’arrête », dit-il. Lors de son allocution, Armoogum Parsooramen regrette que les valeurs se perdent, évoquant matricides et patricides. Il demande aux jeunes de se ressaisir pour que nous ayons un pays où règnent paix et harmonie.

L’université de troisième âge fête ses six ans cette année. Ils sont plusieurs personnes à suivre divers cours dans les différents centres de cette institution. Les intéressés paient une somme de Rs 500 lorsqu’ils s’inscrivent aux cours et à la fin, ils obtiennent un certificat. Les personnes âgées peuvent apprendre, entre autres, le français, l’anglais, la peinture, la cuisine, la danse, le yoga, le Taï-Chi, l’informatique et la musique. Les cours ne comprennent aucun examen et les étudiants ont des cours dépendant de leur programme. Pour venir en aide aux personnes âgées dans le besoin, un fonds a été créé par l’institution où certaines personnes versent leur pension et la somme est ainsi utilisée pour venir en aide aux autres.

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