ENVIRONNEMENT | Rapport — L’UNDP souligne le défi que représente le tourisme pour l’environnement

– L’organisation recommande de nouvelles législations sur les zones environnementales sensibles et à réfléchir sur le « COVID Tourism Shutdown »

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L’enquête du quartier général du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD/UNDP) sur le projet “Mainstreaming biodiversity into the management of the coastal zone in the Republic of Mauritius” est complétée et le rapport final a été soumis aux autorités. Le collectif Aret Kokin Nou Laplaz avait alerté l’instance internationale pour soupçons de “green washing” dans l’implémentation de ce projet, particulièrement avec des projets de développement dans les zones environnementales sensibles sur la côte ouest. Le rapport souligne les manquements pour la mise en œuvre du projet. Le développement touristique est considéré comme un « challenge » pour l’objectif de la protection de la biodiversité. L’UNDP demande également aux autorités de réfléchir sur l’impact de la COVID-19 sur le tourisme.

Ce projet pour la préservation de l’environnement sur la côte ouest est financé par la Global Environment Facility (GEF). Le montant total est de USD 17 000 000, soit environ Rs 680 000 000. L’implémentation est menée par la branche mauricienne de l’UNDP, en collaboration avec le gouvernement mauricien. En mars 2019, AKNL avait sollicité la Social and Environmental Compliance Unit (SECU) de l’UNDP à New York, pour une investigation, avec des soupçons portant sur un possible “greenwashing” dans ce projet. L’ONG reproche notamment au bureau local de l’UNDP de « ne pas défendre suffisamment » les zones sensibles et de « violer » des Social and Environment Standards de l’organisation. De même, il est estimé que la société civile n’a pas été suffisamment consultée. Une équipe de la SECU était à Maurice en juin de l’année dernière pour enquêter sur ce sujet.

Dans son rapport final, la SECU relève que les problèmes d’ordres environnementaux à Maurice débouchent souvent sur l’utilisation des terres. Elle rappelle que de grandes superficies ont été occupées par l’industrie sucrière pendant des décennies, même si le marché du sucre a chuté. Ces terrains, précise le rapport, comportent des zones sensibles, qui pourraient être répertoriées et protégées dans une Wetlands Act, limitant ainsi les développements autour. Les experts notent également que Maurice avait élaboré le Tourism Development Plan en 2002, avec un cadre permettant un développement durable et cohérent, mais que celui-ci n’a pas été approuvé par le conseil des ministres. Il est également souligné que Maurice a privilégié le développement d’un tourisme haut de gamme, comme cela peut être constaté sur la côte nord.

De même, le gouvernement prévoit d’accueillir deux millions de visiteurs par an d’ici 2030. Ce qui pousse l’UNDP à réagir : « With that history, environmental protection plays a dual role. On the one hand, proposals to adopt more stringent and sustainable standards in legislation and regulation are seen by some project developers as a threat to their plans. On the other hand, the advertised attraction of Mauritius as a resort and second home destination is its natural environment : blue water, coral reefs, beaches, dolphin watching, and the green mountains in the background. » Et de mettre en garde : « If the upscale tourism industry concluded that Mauritius were not dedicated to sustaining five-star natural beauty, the tourists would go elsewhere. »

Le ministère de l’Environnement a répliqué à ces commentaires en faisant ressortir que le Tourism Development Plan 2002 n’a pas été approuvé par le conseil des ministres et qu’il n’était donc pas approprié de le comparer avec le Tourism Strategic Plan 2018-2021. Il est aussi mentionné que le Bel-Ombre and St Félix Integrated Master Plan avait été réalisé pour répondre à des besoins socio-économiques, surtout avec le déclin des secteurs agricole et textile. L’idée étant de développer ces localités et de créer de l’emploi pour les gens de la région. À ce jour, on compte six hôtels à Bel-Ombre et St Félix, employant 2 200 personnes, permettant ainsi d’améliorer le niveau de vie de la communauté.

« Covid tourism shutdown »

En réponse à ce commentaire, la SECU répond que le développement à Bel-Ombre et St Félix illustre bien les défis environnementaux face à la croissance économique. Le rapport invite également à réfléchir sur le “Covid Tourism shutdown”. Autrement, les enquêteurs constatent que l’agence locale de l’UNDP s’est engagée dans les consultations avec la société civile et qu’elle donne des pistes pour améliorer la collaboration entre les deux parties. De même, il est noté que le projet couvre la biodiversité dans le sens élargi, touche notamment la santé et ne se limite pas à l’aspect environnemental. De plus, la SECU ne se prononce pas sur le “green washing”, mais évoque les contraintes par rapport à ce projet. « It is clear that there are data gaps and institutional weaknesses associated with the current mapping of wetlands and Environmental Sensitive Areas. »

Le rapport recommande ainsi de nouvelles législations concernant les zones sensibles ainsi qu’une nouvelle cartographie. À cela, le ministère de l’Environnement, qui a réagi au rapport intérimaire, indique qu’il existe déjà une ébauche d’un Wetlands Bill qui est en cours de finalisation. L’élaboration d’un plan directeur (2020-2030) pour l’environnement a aussi été évoquée.

L’UNDP recommande également une « meilleure planification » au niveau de l’industrie du tourisme et le logement. « Greater attention should be given to the incentives for the tourism and housing industries to become enthusiastic leaders of recognizing the long-term value of Mauritius’natural resources and especially its biodiversity », est-il écrit. Il est également souligné que le Mainstreaming biodiversity into the management of the coastal zone in the Republic of Mauritius est un projet « fragile », devant faire face à de nombreux défis, dont le développement touristique.

Au niveau des commentaires sur le rapport intérimaire, on note ainsi qu’outre le gouvernement mauricien et AKNL, plaignant dans cette affaire, l’ONG Platform Moris Lanvironnman a également fait des commentaires. Elle estime que les plaintes d’AKNL sont « injustifiées » et ne peuvent faire l’objet de cette enquête. « The draft report states that the complainant’s submission is that the project failed to “protect Environmentally Sensitive Areas (ESAs), violates social and environmental standards, in light of the development permits being issued by the government for hotel and residential construction projects along the country’s coast », indique Platform Moris Lanvironman.

Ce à quoi l’UNDP a répondu : « This comment addresses claims made in the Complaint, rather than the content of the SECU report. SECU has carefully considered the applicability of the SES in light of issues on the ground as well as the guidance issued by UNDP management on the scope of the SES. »

Le rapport recommande également plus de participation de la société civile. Le ministère de l’Environnement a, lui, mis en avant la tenue des Assises de l’Environnement, réunissant les différents partenaires, y compris la société civile, soit un total de 200 organisations.

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