ETUDIANTS DE L’UOM ET DE MIDDLESEX : Les manquements du budget 2021/22 mis à l’index

– Bhavish Jugnauth : « Clarity is required around air access and Air Mauritius»
– Tahir Wahab : « The minister of Finance could have been bolder »
– Shaktee Ramtohul : « La blue economy a été oubliee”
– Des étudiants évoquent des “Panadol Measures » pour confronter l’érosion côtière

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Parallèlement aux débats au Parlement, les discussions se poursuivent sur les mesures annoncées dans le budget 2021/22. Cette fois, c’est au tour des étudiants de l’Accounting and Finance Society (AFS) de l’université de Maurice, ceux de la Middlesex University et d’un panel de professionnels réunis autour d’un Debrief Forum de faire entendre leur voix. Plusieurs d’entre eux ont déploré que rien n’ait été annoncé concernant le sort d’Air Mauritius, maillon clé dans la relance du secteur touristique. Ils ont aussi évoqué la dette publique qui explose, le manque à gagner sur les recettes en devises étrangères, l’Unemployment Crisis” et l’« optimisme » du ministre des Finances, Renganaden Padayachy au sujet du taux de croissance de 9%.

Le ministre des Finances n’a pipé mot sur le sort de la compagnie d’aviation nationale, un silence assourdissant alors qu’Air Mauritius est censée être un maillon clé du secteur touristique. Cette stratégie de Padayachy laisse planer les pires doutes dans la tête des opérateurs et commentateurs économiques. Bhavish Jugurnath, économiste/expert-comptable, est catégorique : « Clarity is required around air access and resumption of Air Mauritius (direct) flights from main markets which are critical to boost demand. » Par ailleurs, il souhaite que le gouvernement ne mise pas sur la quantité de visiteurs mais plus sur la qualité de ces visiteurs. Il plaide aussi pour qu’« au-delà des trois ‘S’(Sea, Sun, Sand), nous revoyons notre stratégie dans ce secteur, sinon nous serons confrontés au chômage. »
Shaktee Ramtohul, Lecturer à la Middlesex University, ne mâche pas ses mots lui aussi sur le silence du ministre des Finances : « The reopening of the border is good news but there is no plan from gouvernement on the fate of Air Mauritius ! Our airline still under voluntary administration despite the amount of Rs 9 billon announced in previous budget, and there is still no clear plan for Air Mauritius », lâche-t-il.
Il se dit inquiet sur la situation dans le secteur touristique : « The number of tourist arrivals fell to 308 980 in 2020, due to COVID. But a fall of 77% cannot be ignored. Drastic measures are needed to address the issues in the sector otherwise the country will be in serious trouble. » Et d’ajouter : « Tourism earnings shed 72% in 2020. Our foreign currency reserves are going down and tourism is a major contributor of foreign earnings. Solutions must be found for this massive decline in foreign earnings. »
Concernant la situation économique dans son ensemble, Bhavish Jugurnath s’inquiète de la dette publique qui atteint 91% du PIB. « All the objectives in terms of macro economy are good, however implementation of the measures should follow the intentions, if we want to go by the statistics, otherwise we will miss this 9% target and all macro-economic issues will remain. »
L’objectif d’un taux de croissance de 9% soulève également d’autres inquiétudes : « L’inflation sera soumise à une forte pression dans un scénario de croissance élevée. La maîtrise de l’inflation nécessitera une discipline fiscale et monétaire sans précédent de la part du gouvernement. » Par ailleurs, ce scénario de croissance dépend en grande partie de la réouverture des frontières, de l’arrivée de 650 000 touristes et de l’effet multiplicateur des projets infrastructurels notamment. « I believe that this is on the optimistic side, and this will comprise 25% of GDP. If this is not achieved that will definitely not bring the expected GDP growth », prévient l’économiste.

Crise du chômage
Shaktee Ramtohul est d’avis que « a lot of efforts will need to be made in addressing the unemployment crisis », rappelant qu’une quarantaine d’entreprises ont fermé leur portes. « This is significant for a country like Mauritius. » L’abaissement de la notation de Maurice a BAA2 par Moody’s inquiète aussi l’intervenant. « Moody’s dit que c’est à cause du tourisme qui a chuté. If we do not take serious stands addressing tourism sector, our recovery will not be as smooth as we predict. » Il a abordé d’autres problèmes comme la dépréciation de la roupie, le coût du fret et le désintéressement des lignes maritimes pour Maurice. « They do not find Mauritius attractive, and this has an impact on the price of goods at supermarkets. »
Shaktee Ramtohul déplore, par ailleurs, que la Blue Economy a été « oubliée » alors que le pays possède une Zone économique exclusive de 2,3 million de kilomètres carrés. « We are not exploiting this and they say we do not have natural resources… I do not agree. We must explore opportunities. On peut par exemple mettre des turbines dans l’eau pour produire de l’énergie propre », suggère-t-il.
Tahir Wahab, expert-comptable et Chartered Banker, évoque pour sa part les mesures fiscales : « A mixture of measures on personal taxation and corporate tax. Income exemption threshold has not increased for the first time. It is unfortunate that we did not consider increasing tax threshold so that individuals may have more purchasing power. It would have boosted consumption and create buoyancy in the economy. »

Et la création d’emplois ?
Il déplore au passage que le ministre des Finances soit demeuré « silencieux » sur les plans pour « booster la connectivité ». Et de conclure que « he could have been bolder with incentives to boost investment and growth », surtout « après avoir introduit la CSG l’année dernière… » Pour lui, la CSG est là pour rester, tout comme le Solidarity Levy, censé être « temporaire. »
Un point d’interrogation demeure, selon lui, pour la création d’emplois : « Le ministre aurait pu donner d’autres incitations aux entreprises pour alléger leur fardeau financier, ce qui aurait aussi encouragé la création d’emplois, cela d’autant que notre chômage atteint 9%.  »
Pour leur part, les étudiants de la Middlesex et de UOM n’ont pas déçu lors de cette conférence virtuelle. Certains, parmi eux, ont même fait mouche avec leurs réflexions et commentaires. Ils ont insisté, entre autres, que les aspects économique, social et environnemental du budget sont « equally important ».
Un étudiant a même lancé une boutade au ministre Renganaden Padayachy : « Le vieux modèle économique ne fonctionnera plus. Il faut maintenant un modèle de développement plus durable. Le ministre a parlé des trois ‘R’ – Recovery, Revival and rRsilience – mais il en a oublié un quatrième : Replay ! Car ce budget est un Replay de beaucoup de mesures déjà annoncées dans son précédent budget. »
L’étudiant a été critique sur les mesures annoncées contre l’érosion côtière, les qualifiant de Panadol Measures car ces mesures ont prouvé dans le passé qu’elles ne sont pas efficaces. « Il faut tackle le problème d’érosion à la racine et non avec des solutions panadol. Il manque aussi clairement des Disaster Preventive Measures. Je suis étonné qu’il n’y ait aucune mesure à cet effet, surtout après l’épisode Wakashio. Que ferons-nous si nous avons un autre désastre écologique ? »

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