Évacuations d’urgence : Le Dornier à la source de la colère des Agaléens

  • Une manifestation pacifique prévue hier après-midi renvoyée à la dernière minute
  • Les Amis d’Agalega: « Madam-la finn amenn bann abitan an bato ! »

Une atmosphère tendue à Agalega s’est installée depuis quelques jours. Et ce ne sont pas les travaux de construction d’envergure dans l’archipel ni même la présence de nombreux travailleurs étrangers qui en sont la cause de ce malaise. Mais le non-respect des promesses des autorités faites aux habitants sur deux questions spécifiques : la disponibilité d’un transport en cas d’une évacuation d’urgence (malades en état grave) et l’amélioration du service de santé pour éviter des déplacements vers Maurice ou vers les Seychelles. Outre la pétition adressée au PMO hier, des habitants devaient manifester pacifiquement hier après-midi, mais leur mouvement a été annulé à la toute dernière minute. L’association Les Amis d’Agalega est montée au créneau en fin de semaine pour soutenir les doléances des habitants et elle prévient la Vice Première ministre et ministre de tutelle contre les « risques d’une dégradation sur le plan social » en cas d’absence de décision.

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Déjà six mois que la compagnie de construction indienne, Afcons Infrastructure, a installé ses quartiers dans le paysage agaléen pour entreprendre la construction d’une piste d’atterissage, longue de trois kilomètres, et d’une nouvelle jetée moderne. Jusque-là, les habitants de l’archipel se sont accommodés de cette forte présence d’étrangers engagés dans ces chantiers de construction sans aucun problème. Toutefois, l’indisponibilité du Dornier a provoqué durant la semaine écoulée la colère des résidents.

« L’arrivée du Dornier dans l’archipel jeudi a pris les habitants par surprise car, la veille (mercredi, Ndlr) et pendant le week-end pascal, les autorités leur ont dit que les avions de la NCG étaient en panne et qu’aucun déplacement n’était possible pour transférer des malades ? Comment voulez-vous que les habitants ne soient pas en colère ? » s’insurge Alain Langlois, porte-parole des Amis d’Agalega. Il rappelle que les habitants avaient dénoncé l’indisponibilité de l’avion de la NCG lors de la visite en septembre de la VPM et que celle-ci avait annoncé par la suite la révision du protocole existant concernant les déplacements du Dornier vers l’archipel. Le Dornier devrait, d’après le nouveau protocole, arriver dans l’archipel dans les 12 heures suivant une demande d’évacuation urgente. « Comment se fait-il que le nouveau protocole pour le déplacement du Dornier à Agalega soit uniquement appliqué dans le cas des fonctionnaires, ce dont on a été témoin jeudi dernier ? Est-ce que les habitants d’Agalega sont des citoyens de deuxième ou de troisième grade ? » se demande avec colère Alain Langlois. De fait, les dirigeants de cette organisation sont furieux contre Fazila Daureeawoo et les cadres de son ministère pour le manque de suivi quant au respect de ce protocole. « Madam-la finn amenn bann abitan an bato ! » disent-ils.

Cette association œuvrant pour le bien-être des Agaléens estime que le service de santé dans l’archipel ainsi que les déplacements du Dornier seraient actuellement « deux questions que les autorités devraient régler en urgence ». Les dirigeants de cette association affirment être en contact permanent avec les habitants dans l’archipel et que les informations qui leur parviennent indiquent « un mauvais “mood” » de la population. Ils ajoutent que la pétition adressée hier au Premier ministre traduit le sentiment d’indgnation et de frustration des habitants.

Les Amis d’Agalega déplorent « un manque d’effort des autorités » pour l’amélioration du service de santé malgré, dit l’association, les discours de bonnes intentions d’Anwar Husnoo, ministre de la Santé, et de Fazila Daureeawoo dans ce sens. Les dirigeants de l’association se disent convaincus que certains traitements auraient pu être dispensés dans l’archipel moyennant un “upgrading” du service par l’apport de nouveaux équipements médicaux et d’un personnel additionnel. « Lane ale, lane vini, e nou tann mem zafer : nou pe amen developman e nou pe moderniz lopital. Nanryen pa pe vini kote lasante », affirment des habitants. Problème qu’ils évoquent d’ailleurs dans la pétition adressée hier au PMO : « Isi dan Agalega, lopital pa bien ekipe. Dokter ek so lekip zot fer tou seki zot kapav pou satisfer la popilasion malgre mank materiel pou zot travay ! »
Selon le constat des Amis d’Agalega, la VPM « n’est pas parvenue à régler ces deux principaux problèmes » auxquels sont confrontés les Agaléens dans leur vie quotidienne et, à leur avis, le Premier ministre, Pravind Jugnauth aurait dû intervenir « pour débloquer la situation » car « l’heure est grave ».

Outre ces questions spécifiques relatives au service de santé et au Dornier, qui mécontentent la population, il y aurait, selon des habitants ayant témoigné au Mauricien hier, une aggravation des problèmes sociaux, qui commencent à miner la société agaléenne. Avec une note de tristesse dans la voix, ils évoquent ainsi des cas de violences physiques, de grossesses juvéniles, d’alcoolisme, d’oisiveté des jeunes, de “broken families”, ainsi que la situation des personnes âgées vivant seules. D’où leur requête à l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) pour la présence d’un Social Coordinator d’une manière permanente dans l’archipel, et à laquelle souscrit Les Amis d’Agalega.
Par ailleurs, l’Association Les Amis d’Agalega met au point actuellement un document concernant la situation dans l’archipel depuis le début des travaux de construction de nouvelles infrastructures, et qu’il soumettra aux autorités compétents. Ses dirigeants ne manquent pas de souligner que dès sa création, l’organisation a été « une passerelle », notamment entre la population, l’OIDCet le ministère de tutelle, « pour faciliter la communication et pour faire avancer des projets d’intérêts communs ». Alain Langlois conclut : « Nous sommes des travailleurs sur le terrain et nous sommes disposés à collaborer avec les autorités pour trouver des solutions à des questions urgentes. »

SEYCHELLES | Transfert des malades
Des dépenses coûteuses pour l’OIDC

  •  Une somme de pas moins Rs 1 million par déplacement avec le recours avions des Seychelles

Le transfert de malades se trouvant dans un état grave d’Agalega vers les Seychelles pour les premiers soins au lieu du service hospitalier mauricien a un coût onéreux pour l’Outer Islands Development Corporation (OIDC). « Chaque déplacement vers les Seychelles coûte une petite fortune à l’OIDC », affirment ainsi des personnes familières du dossier. Alors que pour le Dornier, un déplacement revient entre Rs 250 000 et Rs 300 000, pour les Seychelles, cette somme passe à environ Rs 1 M à Rs 1,5 M par déplacement. Selon d’autres sources, le déboursement de l’OIDC serait même « beaucoup plus élevé de nos jours ».

Cette somme couvre les items suivants : le déplacement de l’avion de Islands Development Corporation des Seychelles, les soins de santé aux Seychelles, l’hébergement du malade et d’un accompagnateur (un proche du malade), ainsi que les billets d’avion de deux personnes (le malade et son accompagnateur) pour le retour à Maurice afin de regagner leur île natale.

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