Fin de la coupe sur fond de mécontentement

Des petits planteurs de canne : « Nous ne pouvons recevoir Rs 10 000 pour une tonne de canne alors que le sucre se vend à Rs 38 000 la tonne »

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La fin de la présente récolte sucrière se déroule sur fond de mécontentement que ce soit du côté des petits planteurs ou des travailleurs. De son côté, le Corporate Sector arrive difficilement à dissumuler ses craintes dans cette conjoncture difficile. Des petits planteurs de l’Est, qui se mobilisent cet après-midi au Swaraj Bhawan, sont catégoriques: « Rs 10 000 pour une tonne de sucre alors qu’il est vendu à Rs 38 000 la tonne sur le marché. » Ils dénoncent « l’injustice » qu’ils subissent.

« Ni le ministère de l’Agro-industrie ni les autorités concernées, à savoir la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA), n’offrent aux petits planteurs de canne ce dont ils ont besoin. De plus en plus, les petits planteurs de canne s’appauvrissent alors que les propriétaires des établissements sucriers s’enrichissent », fait part le coordinateur du Mouvement Ti Plantere Cane de l’Est, Ashwin Bisnauthsing. Selon ce dernier, la communauté des petits planteurs de canne fait face à beaucoup de problèmes. D’abord, a expliqué Ashwin Bisnauthsing, le sucre est vendu à Rs 38 le kilo, soit Rs 38 000 la tonne. Pourtant, les petits planteurs ne bénéficient que Rs 10 000 sur la récolte de canne à sucre. « Nous nous sommes rendus à la MCIA à plusieurs reprises, mais en vain. Nous avons envoyé plusieurs lettres au ministre Mahen Seeruttun pour lui réclamer une rencontre. Mais à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse », martèle le planteur.

Selon Ashwin Bisnauthsing, les petits planteurs achètent de la bagasse à Rs 500 la tonne des usines. Or, quand c’est au tour de l’usine de les payer pour la bagasse, ils ne reçoivent que Rs 13 la tonne. En ce qui concerne la mélasse, les propriétaires d’usine en importent à Rs 8 000 la tonne. En revanche, quand ils en achètent des petits planteurs, le prix est à Rs 2 147. « Nous voulons savoir où part le surplus d’argent. Nous voulons des éclaircissements à ce sujet », a-t-il dit.

Les planteurs regroupés au sein de ce mouvement réclament l’intervention du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth. « Le Premier ministre est au courant de notre situation. Il peut apporter une solution à notre problème, d’autant qu’il a occupé le fauteuil de ministre de l’Agriculture dans le passé », disent ces planteurs. Le Mouvement Ti Plantere Cane regroupe environ 5 000 planteurs de l’est. Il tient une grande manifestation ce vendredi à 16h30 à Swaraj Bhawan, Lallmatie, pour dénoncer ce qu’ils estiment être une « injustice » à leur égard. « Nous allons dénoncer beaucoup de choses au cours de la manifestation, en présence de nos avocats et avoués. Nous ne pouvons plus endurer cette injustice », a souligné Ashwin Bisnauthsing.

En guise de protestation, les petits planteurs de canne de l’est ont stoppé toute activité de récolte de canne. Ils menacent de camper sur leurs positions tant que leur voix ne sera pas entendue. « La canne à sucre est toujours profitable, contrairement à ce que font croire les autorités concernées. Ce sont les petits planteurs qui sont les véritables victimes. Nous sommes très mal rémunérés », a affirmé le coordinateur du mouvement.

Parallèlement, des petits planteurs de canne issus d’autres endroits du pays refusent de procéder à la récolte. Selon la Small Planters’ Association, ils sont insatisfaits de la recette de la récolte, qui est inférieure à la somme investie. Ils ont ainsi décidé de stopper toute activité en attendant que le gouvernement trouve une solution. « Les petits planteurs de canne sont mécontents et ne veulent plus poursuivre la récolte de canne. Une partie de leurs cannes a été récoltée mais ils ont constaté que les recettes sont inférieures à l’argent investi par les planteurs. Cela dit, les petits planteurs encourent des pertes », explique un membre de l’organisation.

Ces planteurs sont issus de diverses régions de l’île, notamment du nord, de l’est et du sud. La majorité concernée est originaire du sud de l’île. « Les planteurs de canne du sud sont les plus affectés car la récolte se fait manuellement. Donc, les planteurs doivent payer des ouvriers et louer des camions pour le transport. Ainsi, ils touchent environ Rs 700 sur une tonne de canne à sucre », a précisé ce membre. Par conséquent, les petits planteurs ont décidé de stopper toute activité de récolte. « Ils sont tellement mécontents qu’ils acceptent de laisser sécher les cannes dans leurs champs au lieu de les récolter. Leur décision est prise. Ils ne récolteront pas le reste des cannes à sucre tant que le gouvernement ne proposera pas de solution », a soutenu notre interlocuteur.

Alors que les planteurs déplorent « l’indifférence » des autorités, le ministre Mahen Seeruttun affirme pour sa part que « le gouvernement accorde tout son soutien à la communauté des petits planteurs » de cannes. Face à des planteurs du sud, à Rose-Belle, la semaine dernière, il devait expliquer que « le gouvernement a offert des compensations aux petits planteurs afin de les encourager à produire » la canne. Il devait aussi faire ressortir que le prix des cannes, envoyées dans les moulins, est supérieur à celui de l’année dernière.

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