FinCen Files de l’ICIJ : La BoM sur le qui-vive avec les dernières révélations

-Pas moins de 105 Suspicious Transaction Reports (STR) de blanchiment de fonds recensés pour le compte des banques mauriciennes -La Banque centrale en discussions ce matin avec les institutions bancaires citées dans les documents étalés dans la presse internationale

Depuis ce matin, la Bank of Mauritius Tower est sur le qui-vive au vu des dernières révélations pour des délits de blanchiment de fonds à l’international avec des banques opérant à Maurice citées. Ces détails font partie d’une enquête internationale du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui dénonce les carences de la régulation du secteur avec des montants astronomiques d’argent sale ayant transité des années durant par les plus grandes institutions bancaires du monde. Des institutions bancaires à Maurice figurent parmi quelque 2 100 rapports d’activités suspectes déposés par près de 90 institutions financières auprès du Financial Crimes Enforcement Network des États-Unis, connu sous le nom de FinCEN.

- Publicité -

Les premières indications sont que quelque 105 Suspicious Transaction Reports (STR) sont attribués à des fonds suspects ayant transité par le circuit bancaire local. Parmi les banques citées sur le site web de l’ICIJ à ce matin figurent entre autres la MCB, l’ancienne Barclays Bank, la SBM, Afrasia, Deutsche Bank, la Standard Chartered, Bank One ou encore ABC Banking Corporation. Devant cette situation, la Banque de Maurice a pris l’initiative d’ouvrir une ligne de communications et de consultations avec ces banques en vue de procéder à un exercice de vérification des faits allégués avant de décider de la marche à suivre.

Ainsi, des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien ce matin indiquent que la Banque de Maurice a convoqué en urgence toutes les banques mentionnées dans l’étalage de ces documents pour un état des lieux de la situation. À ce matin, plusieurs Stakeholders du système bancaire affichaient quand même un mood serein au regard de ces fuites mettant en exergue que les garde-fous identifiant les STR dans le système bancaire mauricien sont reconnus à l’international. « Si Maurice ne figurait pas dans cette liste, cela voudrait que notre système d’identification de Suspicious Transactions ne fonctionne pas », fait-on comprendre dans les milieux concernés.

Faisant état de ces détails dévoilés dans le monde en ce début de semaine, l’Agence France-Presse note que cette enquête a été menée par 108 médias internationaux dans 88 pays. Les documents portent sur 2 000 milliards de dollars de transactions, qui ont circulé entre 1999 et 2017. « Les profits des guerres meurtrières contre la drogue, des fortunes détournées des pays en développement et des économies durement gagnées volées dans le cadre d’une pyramide de Ponzi ont tous pu entrer et sortir de ces institutions financières, malgré les avertissements des propres employés des banques », note cette investigation.

« Ces documents, compilés par les banques, partagés avec le gouvernement, mais gardés hors de la vue du public, exposent le gouffre béant des garanties bancaires, et la facilité avec laquelle les criminels les ont exploitées », assure le média américain Buzzfeed News, en préambule de son enquête. L’investigation pointe notamment du doigt cinq grandes banques – JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon – accusées d’avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés et ce, même après avoir été poursuivies ou condamnées pour faute financière.

Au terme de ses recherches, Buzzfeed News affirme que « les réseaux par lesquels l’argent sale transite dans le monde sont devenus des artères vitales à l’économie mondiale ». L’investigation pointe aussi l’impuissance des autorités américaines dans la régulation de ces transactions.

Dans un communiqué publié avant la diffusion de cette enquête, la police financière du Trésor américain a averti que la diffusion des rapports d’activité suspecte était un « crime » qui « peut avoir un impact sur la sécurité nationale des États-Unis ».

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -