– La police reproche à cet homme de loi d’avoir tenu un rassemblement de plus de dix personnes et sans distanciation sociale en solidarité avec les Palestiniens victimes de l’agression israélienne
La mise en application des dispositions de la Quarantine Act se fait de manière brutale et sélective. C’est le cas de le dire avec cette opération de la police dans la nuit d’hier à ce matin. En effet, une escouade du Central CID a débarqué au domicile de Rama Valayden, à Pailles, vers 2h ce matin pour procéder à son interpellation et l’emmener de force sous forte escorte policière aux Casernes centrales en vue d’une séance d’interrogatoire au sujet d’un rassemblement tenu à Port-Louis hier en signe de solidarité en faveur de la Palestine face à l’agression des forces israéliennes (voir détails en page 15). Selon des renseignements disponibles, le Central CID sous la supervision du Deputy Commissioner of Police contractuel Heman Jangi n’a même pas pris le soin de passer un coup de fil ni même pris contact avec l’homme de loi pour l’informer au préalable qu’il était convoqué afin de donner sa version par rapport à quelconque délit. « Zot pe zwe a very bad game » a lancé l’homme de loi avant de prendre place dans le véhicule du CCID à destination des Casernes centrales aux petites heures du matin.
Ce matin, Rama Valayden a confirmé que le Groupe Réflexion Emmanuel Anquetil a bien organisé un rassemblement à Port-Louis hier pour dénoncer « le génocide » commis par l’État israélien contre les Palestiniens. Cependant, il soutient qu’il n’y avait que neuf personnes et que la police était également présente en face de la mairie. Par la suite, plusieurs personnes sont arrivées et la foule a grossi. Étant donné qu’il y avait dès lors plus de neuf personnes et qu’il n’y avait en outre aucune distanciation sociale, Rama Valayden, porte-parole du Groupe Réflexion Emmanuel Anquetil, a mis fin au rassemblement vers 11h. Et d’ajouter qu’à ce moment, la police ne l’a pas informé qu’il y avait un problème ou qu’il avait commis quelconque délit sous la Quarantine Act.
Du côté de la police, une source explique que ce rassemblement était illégal, car dans la conjoncture, les regroupements de plus de dix personnes ne sont pas autorisés. De plus, certains ne portaient pas leur masque. Le CCID soupçonne que Rama Valayden aurait fait passer des messages pour inviter les Mauriciens à se rencontrer à Port-Louis hier. Néanmoins, aucune source au CCID n’a voulu expliquer l’urgence d’interpeller Rama Valayden à 2h ce matin.
Idem concernant le fait qu’il serait en état d’arrestation ou pas. « Le chef du CCID n’a pas encore pris de décision pour le moment », nous a-t-on fait comprendre. Alors que d’autres éléments de cette unité parlent « d’inculpation probable » en justice aujourd’hui. Du côté des avocats des Avengers, en revanche, on nous affirme que Rama Valayden a « bel et bien été arrêté ».
Un autre membre de l’équipe des Avengers, en l’occurrence l’avocat Shehzad Mungroo, a été interpellé par la police avec Rama Valayden. L’ancien maire de Port-Louis Sheik Mukthar Hossenboccus et Noorani Aurdally, Constituency Clerk du député Eshan Juman, ont également été embarqués par la police. Après leur interrogatoire, les deux derniers nommés ont été autorisés à partir vers 5h, mais ils devaient se présenter à nouveau aux Casernes centrales à 9h pour une “further inquiry”.
Me Neelkanth Dulloo, avocat de Noorani Aurdally, a déclaré au Mauricien ce matin : « Mon client a collaboré avec la police. Cette dernière a demandé à mon client de revenir tout à l’heure, car elle n’a pas encore pris de décision sur son sort. J’ai appris que mes confrères Rama Valayden et Shehzad Mungroo avaient été arrêtés. » Il fustige par ailleurs la manière de procéder de la police. « Eski se bann politisien ki finn donn lord pou prosed de sa manier-la ? Le PM bizin vinn divan le gran publik pou dir si ena so lamin ladan ou pa, parski ena enn perseption dan piblik ki pe port enn dwa akizater kont politisien. »
À noter que le commissaire de police, Khemraj Servansing, ainsi que le DCP Heman Jangi étaient présents très tôt à leur bureau ce matin aux Casernes centrales.
Affaire à suivre…