GM BUSINESS – COUACS AU SOMMET : DHL-Ethiopian Airlines : Opération « Tay Lezel » ou « Somey Kase » au PMO

À la veille du vol inaugural, Pravind Jugnauth impose la mise en veilleuse du projet de Preighters (passagers et cargo) de l’EDB

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Lakwizinn du PMO n’arrive pas à réconcilier la présence de DHL/Ethiopian Airlines et l’absence de visibilité pour Air Mauritius

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui se vante de « Kot monn fote ? », que ce soit pour la gestion de la pandémie de coronavirus ou encore la marée noire du MV Wakashio, fait face à un écueil sur le plan international. La desserte, selon la formule Preighters (passagers et cargo), du Joint-Venture DHL/Ethiopian Airlines, entre Maurice et Addis-Abeba, dont le vol inaugural a eu lieu hier après-midi, a été mise en veilleuse. Ce développement des plus inattendus, vu que les promoteurs avaient déjà formulé la demande et obtenu les Landing Rights du département de l’aviation civile, fait suite à une intervention in extremis du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Dans des milieux proches du Prime Minister’s Office, certains parlent d’opération « Tay Lezel » alors que dans d’autres, on riposte avec un nouvel épisode de « Somey Kase » en raison de cette décision tardive, alors que le projet de DHL Proposed Air Cargo Services a fait l’objet de discussions lors de la première édition des Mardis des Finances, le 8 septembre, en présence du Senior Adviser du Prime Minister’s Office, Ken Arian, intervenant lors des débats organisés conjointement par les Finances et l’Economic Development Board (EDB).

Depuis une dizaine de jours, les invitations officielles pour le vol inaugural de DHL/Ethiopian Airlines avaient été lancées en raison des mesures de sécurité imposées et à être respectées au niveau du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. Or, en fin de semaine, tous les préparatifs ont été stoppés, DHL/Ethiopian Airlines évoquant des “Unforeseen Circumstances” pour s’excuser des inconvénients. La raison est que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ne serait en effet pas en faveur du projet d’avoir un nouvel opérateur de cargo aérien dans la conjoncture économique.

Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien en fin de semaine, notamment avec l’arrivée annoncée cet après-midi du Cargo Freighter 787-800 du Joint-Venture DHL-Ethiopian Airlines, indiquent que le Premier ministre aurait émis des réserves quant à ce projet facilité par l’EBD et ce, après avoir pris note de voix discordantes au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, notamment du fait que le sort de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, est toujours en suspens. Avec l’annulation de la cérémonie d’hier, ceux qui ont remporté la manche de cette opération « Tay Lezel » avancent haut et fort que « la tour de contrôle est le PMO, et nulle part ailleurs ».  Comprenez par là le ministère des Finances.

Les premières informations ayant transpiré jusqu’ici accréditent la thèse que le Prime Minister’s Office aurait réclamé que ce projet, ayant vu des Landing Rights accordés à DHL-Ethiopian Airlines de manière express d’un département placé sous la tutelle du PMO, soit mis en veilleuse, d’autant plus que les employés d’Air Mauritius, à travers leurs syndicats, se sont opposés à la venue de ce compétiteur dans l’espace aérien local. Dans les milieux informés au sommet à l’hôtel du gouvernement, on ne cache pas l’embarras généré par cette mésentente publique et officielle entre le PMO et le ministère des Finances, les deux camps pratiquant le « pass boul », rejetant ainsi la responsabilité de ce permis alloué au Cargo Freighter. Personne ne veut en tout cas se prononcer sur les dessous de cette application, qui aurait transité dans les couloirs du Secretary for Home Affairs pour obtenir l’assentiment du département de l’aviation civile.

D’autres s’interrogent sur le temps de réaction accumulé dans le camp du PMO pour réagir et objecter à ce projet d’Air Cargo Services de DHL en trois phases, avec l’option d’incorporer une Mauritius Air Cargo Company avec le redéploiement de la flotte d’Air Mauritius « litterally grounded » jusqu’ici. D’ailleurs, le Senior Adviser du PMO, Ken Arian, qui avait participé à ces Mardis des Finances, avait fait comprendre que les Airbus A330-200 étaient plus adaptés à ces opérations que les Airbus A340. Le procès-verbal de ces consultations ayant pour thème “Glocalisation: Re-Enginering Regional Trade” en font foi.
Dans cette perspective, d’autres sources au PMO affirment que cette décision de dernière minute de tout bloquer relèverait davantage d’une étape de « Somey Kase » qu’autre chose, car les détails de ce projet avaient été présentés officiellement depuis le 8 septembre, et les “Landing Rights” avaient été déjà octroyés formellement. Probablement, l’homélie du cardinal Maurice Piat dans la soirée à Sainte-Croix en aurait abasourdi plus d’un au PMO. En tout cas, les répercussions de cette volte-face à haut niveau attendent d’être évaluées à la décharge de Maurice.

DHL Global Forwarding (DHL) et Ethiopian Airlines devaient opérer comme un charter deux fois par semaine, transportant des envois entrants et sortants à destination et en provenance de Maurice, via Addis-Abeba. Ce projet avait été rendu possible par EDB Mauritius dans le cadre d’un effort continu et concerté pour renforcer le statut de Maurice en tant que centre d’investissements pour la région.

Mais les employés d’Air Mauritius ont vivement dénoncé cette initiative. « Si le gouvernement tient vraiment au redressement d’Air Mauritius, il ne doit pas autoriser DHL/Ethiopian Airlines à venir profiter des opportunités sur le marché local alors que notre compagnie d’aviation est en faillite et demande à ses employés de faire vivre leur famille avec moins de la moitié de leur salaire », avait laissé entendre le négociateur syndical des pilotes mercredi matin devant la Paille-en-Queue Court. « Est-ce que c’est une décision politique de ne plus occuper le marché du Freight afin de laisser ce business à d’autres ? » avait demandé le syndicaliste. Affaire à suivre…

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