GM Business et gestion de crise : Déconfinement confiné jusqu’au vendredi 30 avril !

Une capitaine d’industrie : « Toute gestion de crise impose à tout prix de dire la vérité à la population »

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Rodrigues : 14 jours de quarantaine obligatoire à Maurice et sept jours à Rodrigues pour les 400 Rodriguais bloqués à Maurice

Spéculations autour de potentiels cas positifs au sein du contingent de contractuels d’Afcons Infrastructure à destination d’Agalega avec le départ du bateau retardé en fin de semaine

Avec l’opération du déconfinement confiné jusqu’au vendredi 30 avril, piloté par l’Attorney General, Maneesh Gobin, aux dépens de la déclaration solennelle du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de la soirée du 23 mars, force est de constater que la confusion est de mise sur tous les fronts. Sans chercher l’affrontement direct avec l’hôtel du gouvernement dans la conjoncture socio-économique, Business Mauritius, qui misait sur la réouverture économique, prend la mesure de la situation en fin de semaine, privilégiant une approche moins ambiguë de la part du gouvernement au retour du week-end pascal. Les opérateurs économiques souhaiteraient voir une plus grande visibilité dans les régions à l’intérieur du périmètre de la principale zone rouge des circonscriptions 15, 16 et 17. Mais, trois semaines après la confirmation de la deuxième vague de Covid-19, des dispositions plus strictes s’imposent pour éviter la migration du virus invisible vers d’autres îles de la République, avec notamment au moins 21 jours de quarantaine pour les quelque 400 Rodriguais bloqués à Maurice suite à l’interruption des liaisons aériennes interîles. Et il y a encore le voyage programmé du bateau à destination d’Agalega, retardé en fin de semaine en raison du risque de cas positifs au sein du contingent de travailleurs contractuels pour le compte de la compagnie indienne engagée dans les travaux de la piste d’atterrissage et de la jetée dans l’archipel.

En tout cas, depuis jeudi, la population se rend compte que le déconfinement annoncé par Pravind Jugnauth, s’apparente à un poisson d’avril hors pair. Presque rien n’a changé pour le mieux, sauf que les contraintes et les appréhensions se font davantage sentir au quotidien. Certes, Business Mauritius, regroupant les différents secteurs économiques, préfère s’engager dans un exercice d’équilibriste pour ne pas envenimer davantage les relations avec le pouvoir politique (voir commentaires du directeur de Business Mauritius plus loin). Mais cette démarche ne peut faire taire en aucun cas la grogne dans le privé.

De ce fait, en fin de semaine, le ton est quelque peu amer lors des échanges virtuels entre capitaines de l’industrie ou autres Board Members des principales entités économiques sur l’état de la situation et la gestion de la crise, qui semble échapper au contrôle des autorités en dépit des assurances données. D’ailleurs, une capitaine de l’industrie, se confiant au Mauricien/Week-End, ne fait pas dans la dentelle pour dénoncer « le chaos total » qui règne. D’emblée, elle souligne avec force que « toute gestion de crise, surtout de l’envergure de la Covid-19, impose à tout prix de dire la vérité à la population ».

Se présentant comme la voix de la majorité réduite au silence au sein du monde des affaires, elle relève « de grandes contradictions entre l’annonce du 23 mars et la Government Notice du 31 mars », confirmant le prolongement du Lockdown. « Between these two events, a lot of things has changed. » Elle enchaînera avec la situation des plus confuses, que ce soit pour l’octroi des Working Access Permits (WAP) et même le programme de vaccination anti-Covid, « contraire à tout bon sens, dont on a été témoins sur le plan international ».

Néanmoins, en vue de renverser la vapeur, elle fait appel au « génie mauricien » pour émerger de la crise socio-économique générée par la pandémie. « For now, there is critical need for strong and decisive leadership with a clear and coherent communication strategy. There are so many skilled and competent people in this country. We need to get our key stakeholders together around the table and start a dialogue on a National Economic Recovery Programme », affirme-t-elle, même si « for the time being, it is regrettable that government does not seem to be calling upon such competencies ».

Toutefois, dans l’immédiat, l’urgence semble se trouver ailleurs, à savoir de tout mettre en œuvre pour éviter à tout prix que le virus invisible n’émigre vers les autres îles du territoire. Avec le délicat dossier des quelque 400 Rodriguais « Stranded » à Maurice depuis trois semaines, avec l’interruption des vols d’Air Mauritius entre les deux îles, le conseil exécutif de l’Assemblée régionale de Rodrigues, de concert avec les autorités mauriciennes, propose un plan de rapatriement en sus d’un “One-Off Payment” de Rs 10 000 aux familles et individus affectés.

Ainsi, tout rapatriement sur Rodrigues devra se faire selon un protocole sanitaire des plus astreignants, soit une période de quarantaine obligatoire de 14 jours à Maurice avant le départ, avec trois tests PCR, soit le Jour 0, le Jour 7 et le Jour 14, et une mise en isolement de sept jours dans une “Designatred Place” à Rodrigues. Mais à hier après-midi, aucune indication formelle quant à l’attribution des coûts de cette mise en quarantaine de 21 jours.

Toujours en ce qui concerne les îles, un autre casse-tête a surgi en fin de semaine. En principe, un voyage sur Agalega était en effet prévu dans la soirée du 31 mars. Néanmoins, les informations parvenues à la rédaction du Mauricien/Week-End laissaient entendre qu’un des contractuels d’Afcons Infrastructure pourrait être Covid-Positive. Mais à hier après-midi, aucune confirmation officielle. L’éventualité de ce cas a déjà poussé la population de l’archipel à se mettre sur le qui-vive. Des Agaléens, se disant inquiets, laissaient entendre hier matin que « nou pale ki oken bato ki transport pasaze rant dan Agalega, kouma dan Rodrig pena okenn avion pe ale ».

Dans la conjoncture, une des exigences des habitants d’Agalega est que les autorités de Maurice se doivent de communiquer. « Ena boukou flou ek nou pe gagn bann linformasyon kontradiktwar. Bizin dir nou laverite pou rasir bann abitan. Nou lespri pa trankil pou enn Vandredi Sin », font ressortir des représentants des habitants. En principe, le feu vert pour le départ pour l’archipel du bateau, transportant une centaine de travailleurs étrangers, relève du Prime Minister’s Office sur la base d’un contrôle sanitaire à toute épreuve pour ne pas mettre à risque l’Agalega-Covid-Free. Affaire à suivre…

Sur le front économique

Business Mauritius : « Trouver le juste équilibre »

La reprise des activités économiques autorisées se fait plus lentement dans la zone rouge, principalement dans les circonscriptions 15, 16 et 17, revisitée avec une “Yellow Zone” en vigueur depuis le 1er avril. C’est ce que confirme le directeur de Business Mauritius, Kevin Ramkalaon au Mauricien/Week-End. Il souligne que le secteur privé dans son ensemble fait tout son possible pour trouver le juste équilibre afin, d’une part, de garantir le bien-être et la sécurité de la population et, d’autre part, de maintenir un niveau d’activités économiques, dont l’ultime objectif est de préserver un maximum d’emplois.

Kevin Ramkalaon affirme : « Business Mauritius comprend parfaitement les appréhensions, voire les inquiétudes, que partagent beaucoup de Mauriciens alors que le début la reprise partielle des activités économiques se déroule dans un contexte sanitaire incertain. Nous sommes confiants que toutes les parties prenantes s’attacheront à ce que les conditions optimales soient réunies pour réussir cette étape cruciale. D’ailleurs, de nombreuses entreprises ont, à juste titre, fait preuve d’énormément de flexibilité pour maintenir leurs activités grâce au télétravail. Compte tenu du contexte actuel, nous encourageons fortement les entreprises à maintenir ce mode de fonctionnement autant que possible. »

Passant en revue la situation, Kevin Ramkalaon note : « Les derniers chiffres de Statistics Mauritius, publiés mercredi, sont en effet alarmants. Environ 69% des employeurs et des “Self-Employed” ont noté une baisse dans leurs revenus en décembre 2020. De même, 76% des ménages déclarent avoir eu des difficultés à régler leurs dépenses à la même période, alors que 46% d’entre eux disent avoir subi de baisses de revenus ou des pertes d’emploi. Il est impératif que nous réussissions cette étape, surtout pour ceux qui comptent sur leur travail pour faire bouillir la marmite. »

Dans cette perspective également, Business Mauritius lance un appel aux opérateurs économiques et au public en général pour qu’ils fassent preuve de solidarité et qu’ils prennent l’engagement de se protéger et de protéger les autres en respectant la distanciation physique et en observant les gestes barrières. Au niveau du secteur manufacturier orienté vers l’exportation, la directrice de la MEXA, Lilowtee Rajmun, avance, elle, que depuis le 14 mars, soit peu après le début du confinement, le secteur a fonctionné à 50% aux termes du protocole sanitaire. Elle ajoute que ce secteur tourne presque à 100% depuis jeudi. « Nous n’avons pas eu des problèmes pour les WAP. Certains ont demandé à une partie du personnel administratif de “Work at Home”. Toutefois, dans la zone rouge, les entreprises sont encore en attente du WAP spécial. J’ai demandé aux entreprises concernées de faire elles-mêmes leurs démarches pour des raisons pratiques, parce qu’elles sont mieux en mesure de justifier l’importance de leurs employés », dit-elle. Le décompte à vendredi est que sur les 42 000 employés du secteur manufacturier, quelque 32 000 travaillent avec le port et l’aéroport en opération.

Dans un autre ordre d’idées, la Mexa, consciente des risques que représente la propagation du virus Covid-19, préconise l’élaboration d’un Business Continuity Contamination Protocol, qui permettra de traiter toute situation sans que l’entreprise soit obligée de fermer ses portes. La directrice de la Mexa prévoit que les deux prochaines semaines s’avéreront très critiques, surtout avec quelque 400 000 personnes dotées de WAP sur les routes.

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