GM BUSINESS – Fonds publics – Centrale St-Louis : la bombe à retardement de Rs 700 M

L’IRP avait déjà « formally queried » le CEB sur cette augmentation dans le coût en l’espace de quelques mois après l’annulation du premier exercice d’appel d’offres de 2014

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Le Mauricien Danny Sahye, un ancien de la FIU, engagé dans l’enquête de la BAD contre la firme danoise BWSC, est déjà en mode collaboration dans ces « bribery practices »

La sanction internationale contre Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) pour “bribery practices” dans la réalisation du projet de centrale thermique de Saint-Louis comporte une bombe à retardement de Rs 700 millions. C’est ce qu’indiquent des sources bien informées et ayant une maîtrise des dessous de ce scandale financier, ayant déjà fait l’objet d’une enquête de l’Office of Integrity and Anti-Corruption de la Banque africaine de développement (BAD). En passant, l’un des membres de l’équipe d’enquêteurs de cette instance panafricaine n’est autre qu’un Mauricien, en la personne de Danny Sahye, un ancien de la Financial Intelligence Unit (FIU) à Maurice. Dans l’immédiat, au QG du Central Electricity Board (CEB), c’est le branle-bas de combat, tous les “laptops” de tous ceux impliqués dans le design et la réalisation de ce projet de plus de Rs 4 milliards ayant déjà été placés sous séquestre pour les besoins d’une enquête interne, sans compter que l’Independent Commission against Corruption (ICAC) est aussi sur cette affaire.

Dans l’immédiat, au niveau du Top Management, on s’est engagé dans une lutte sournoise quant à savoir qui sera le fusible qui sautera suite aux conclusions accablantes de la BAD à l’effet que « on a balance of probabilities, Burmeister & Wain Scandinavian Contractor financially rewarded members of the Mauritian administration and others, through the intermediary of third parties, for providing access to confidential tender-related information which allowed them to tailor the technical specifications of the tenders to its offering, thus gaining an undue competitive advantage over other tenderers ». De ce fait, toute enquête complémentaire en vue de tirer au clair les instances de corruption ne concernerait pas seulement le CEB, mais aussi des tierces parties connues sur place pour leur rôle d’apporteur d’affaires ou encore d’intermédiaires dans des “Procurement Deals”.

Toutefois, du côté du CEB, l’actuel General Manager, Shamshir Mukoon, se retrouve « in the first line of inquiries » vu que de 2014 à mai 2015, il occupait les fonctions de Corporate Planning Manager et avait travaillé en étroite collaboration avec les consultants de Mott McDonalds dans le Drafting of Procurement Documents en vue du “Vetting” du Central Procurement Board. À partir du 1er juin 2015, il avait été promu Production Manager et « fully involved in implementing the St-Louis Project along with BWSC after tender was awarded in October 2015 ». La chronologie des événements de Shamshir Mukoon est considérée comme un des facteurs clés pour démêler cet écheveau portant une nouvelle fois atteinte à l’intégrité de Maurice sur le plan international. Néanmoins, toute la question des « financial rewards to members of the mauritian administration » est axée sur « the inflated cost of the St Louis Redevelopment Project » entre l’annulation du premier exercice d’appel d’offres de 2014 et le second de 2015. La différence dans les coûts est de Rs 700 millions en l’espace de quelques mois. D’ailleurs, lors des tractations quasi judiciaires avec l’annulation du premier “Tender” en 2014.

Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien de sources concordantes indiquent que l’Independent Review Panel aurait « formally queried » la direction du CEB sur cette différence de Rs 700 millions en moins d’une année. La réponse du CEB pour tenter de justifier cette révision à la hausse est que ces moteurs de 4 x 15 MW étaient en grande demande sur le marché international et que le CEB n’avait d’autre choix que d’obtempérer.

Une autre zone d’ombre dans cette sinistre affaire de corruption pour un contrat d’envergure est qu’il y a une tentative de “Cover Up”, car jusqu’à la publication du communiqué officiel de la BAD sur un accord de sanction avec BWSC en date du 8 juin, aucune information n’avait transpiré à ce sujet du côté du CEB, ni même de l’hôtel du gouvernement. Pourtant, depuis plusieurs mois déjà, la société danoise de BWSC, qui a collaboré étroitement avec l’enquête de l’Office of Integrity and Anti-Corruption de la BAD, avait informé le CEB de cette affaire.

D’ailleurs, sur le site Web de BWSC, mention était faite du licenciement de cinq de ses cadres pour des affaires de corruption en Afrique, dont précisément le contrat pour le redéveloppement de la St-Louis Power Station du CEB. Des sources avisées soutiennent que le CEB avait été informé par la BWSC de cette enquête. Aujourd’hui, le CEB, qui se fait fort avec son communiqué officiel que ce dossier a été soumis à l’ICAC, est engagé dans un contre-la-montre au sujet de cette affaire de Rs 700 millions, et surtout afin de savoir qui sont les « members of the mauritian administration » qui ont été récompensés pour corruption et, surtout, les facilitateurs de cette fraude d’envergure avec des « tailor-made technical specifications of the tenders ».

En tout cas, au vu des informations qui circulent dans ce cas de corruption, avec un “Reward-Tag” de Rs 700 millions, des rebondissements sont à prévoir, avec entre autres l’Assemblée nationale en toile de fond, vu que les débats sur le budget sont “still on”. Affaire à suivre…

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