Grade 7 – Extended Programme : Un train sans destination fixe

– Un sondage dans 22 collèges d’État et du privé met en relief les insuffisances du nouveau programme d’études remplaçant la filière Prevocational Education

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Rajendra Sewparsadsing, School Inspector de la filière prévocationnelle (PVE), décortique la première année de l’Extended Programme (destiné aux élèves ne réussissant pas aux examens de fin d’études primaires) à travers un sondage approfondi entrepris dans la Zone 3 auprès des enseignants et chefs d’établissements des collèges privés et d’Etat. « The Extended Programme students have been placed in a train; and the train is on its way with no definite and fixed destination. » Telle est l’une des principales observations de ce constat figurant dans un document intitulé “Grade 7 – Extended Programme, A process evaluation” remis au ministère de l’Education le mois dernier. L’auteur met en relief les faiblesses et élabore aussi quelques propositions. Soulignons qu’environ 3 000 élèves n’ayant pas réussi aux derniers examens du PSAC seront admis dans l’Extended Programme l’an prochain, en s’ajoutant aux 3 000, qui y sont déjà.

Durant l’année écoulée des chefs d’établissements et des enseignants du secondaire public et privé ont été très critiques envers le ministère de l’Education, le Mauritius Institute of Education (MIE) et la Private Secondary Education Authority concernant les couacs dans la mise en route de l’Extended Programme et le flou sur de nombreux points ayant prévalu jusqu’à la fin du calendrier scolaire. Les résultats de ce sondage réalisé confirment certaines opinions et critiques entendues dans les écoles. Soulignons que Rajendra Sewparsadsing a pris sa retraite au début de ce mois après 43 ans passés dans le secteur de l’éducation, où il avait débuté comme enseignant du primaire avant de terminer cette longue carrière de pédagogue comme inspecteur de la Prevocational Education (PVE).

Ce n’est pas la première fois que cet ancien officier de l’Education nationale soumet ses observations et commentaires par écrit aux autorités à propos du programme d’études destiné aux enfants n’arrivant pas à décrocher leur diplôme de fin d’études primaires. « In the capacity of PVE Inspector, I have submitted to the Ministry many papers. My papers, considered as “eye opener” had resulted in the review of the PVE project for positive changes in its implementation », fait-il ressortir dans la note d’introduction du document. Et de souhaiter que son évaluation de l’Extended Programme soit « another eye opener » et que ses propositions soient prises en considération « to the best interest of the students ».

Ce sondage était axé sur les écoles de la Zone 3, où Rajendra Sewparsadsing était affecté comme PVE Inspector. Un total de 122 enseignants dans 22 collèges d’Etat et privés travaillant avec les élèves de l’Extended Programme y ont participé directement en répondant aux questionnaires que l’inspecteur leur a remis. En outre, lors de ses visites d’inspection dans les écoles, Rajendra Sewparsadsing a recueilli des informations et témoignages auprès des chefs d’établissements et d’autres “stakeholders”, sans compter ses observations personnelles sur le terrain. Il souligne dans son document que les personnes sondées « have voluntarily accepted to participate in this process evaluation », ajoutant que ce sondage a été l’occasion pour les enseignants « de faire entendre leur voix ». Au cours de son enquête, il a entendu ceci : « MIE Lecturers and other curriculum panel members should come down to the classroom, meet teachers and students and listen to their needs. »

L’ancien inspecteur souligne dans son analyse que les élèves admis dans l’Extended Programme ont un profil similaire à celui de ceux admis dans la filière Prevocational Education (le retrait total de ce programme d’études l’an prochain, Ndlr) et fait remarquer qu’ils devront prendre part au bout de quatre ans aux mêmes examens que les élèves du “mainstream”, à savoir, le National Certificate of Education (nouvel examen dans le cadre du Nine-Year Schooling, en vigueur à compter de 2020). Selon ses observations, il y a eu beaucoup de changements au programme initial de l’Extended Programme et à l’organisation de la classe. « En premier lieu, il y a plus de 20 élèves dans une classe alors qu’à l’origine, il était prévu d’admettre un maximum de 20 enfants », dit-il. Il ajoute que les manuels « ont été complètement modifiés », avant de s’interroger sur le système d’évaluation auquel seront sujets les apprenants de l’Extended Programme après quatre ans d’études car, selon lui, « tout est encore flou sur cet aspect ». Cette question est une des principales préoccupations des “stakeholders” alors qu’un quart du parcours de quatre ans, fait-il ressortir, est déjà bouclé. « Quant aux examens, ce n’est pas encore très clair. Les élèves de l’Extended Programme vont-ils prendre part aux NCE Exams après quatre ans ? Vont-ils être soumis aux mêmes épreuves académiques que celles du “mainstream” ? » Ce qui lui fait dire, face au silence du ministère sur ces questions : « The l’Extended Programme students have been placed in a train; and the train is on its way with no definite and fixed destination. »

De l’avis de Rajendra Sewparsadsing, les autorités ne devraient pas donner suite à l’Extended Programme tel qu’il se présente, à moins, dit-il, que les autorités prennent des mesures immédiates pour apporter des solutions aux problèmes qu’il a mis en évidence dans son évaluation. « Une orientation précise et très claire doit être donnée à l’Extended Programme et couplée à un mode d’évaluation bien défini (contrôle continu et examens de fin d’études) conduisant à l’octroi d’un certificat de compétence reconnu », conclut-il.


SONDAGE

Des points saillants

1) Manuels scolaires

– 52% des enseignants ont répondu “Non” à la question « Do the textbooks meet the need of the EP students ? »; 62,9% de “Non” à la question « Do The textbooks meet the ability of the EP students ? »; et 68% de “Non” à la question « Do the textbooks lead to the National Certificate of Education ? ».

2) Enseignement de ICT

Alors que l’ICT fait partie du curriculum de Grade 7, incluant l’Extended Stream, il n’y a pas eu de programme d’études précis ni d’objectifs pédagogiques fixés quant à l’enseignement de cette matière dans l’Extended Stream. Les cours ont été dispensés à l’à-peu-près et il n’y a pas eu de manuels à l’intention de ces élèves. « Worse, the ICT educators have not been provided with the teaching objectives for their lesson planning. The ICT Educators are guided by their own will », selon le sondage. « It is really very strange to have a curriculum being implemented in secondary schools without a syllabus – no teaching objectives and no targeted learning outcomes », dit l’enquêteur.

3) « Facilitators » (responsable de la section)

Pas moins de 36,4% des “facilitateurs” ne connaissent pas clairement leurs fonctions, particulièrement lorsqu’il s’agit de leurs responsabilités par rapport au « leadership académique » et en ce qu’il s’agit de la mise en place d’un réseau au sein de la communauté scolaire et de faire la liaison avec les parents et la famille.

En outre, un nombre considérable de “facilitateurs” « do not feel so comfortable » avec les tâches qui leur ont été assignées. 32% d’entre eux ont répondu par la négative à la question « Do you find yourself very comfortable with your duties and responsibilities ? ». Selon le document, « one out of every three Facilitators is not comfortable with his/her duties ».

4) Formation des enseignants

Il y a eu plusieurs ateliers de travail organisés en décembre 2017 en vue de la mise en route de l’Extended Programme en janvier de cette année. Tous les facilitateurs ont suivi les différents programmes de formation tandis que 30% d’enseignants travaillant dans les classes de l’Extended Programme n’ont participé à aucune de ces “training sessions”. Un bon nombre de participants à ces “training sessions” ont trouvé que celles-ci « ne correspondent pas aux besoins des enseignants ».

Par ailleurs, il y a une différence considérable entre le secondaire d’Etat et celui du privé en ce qu’il s’agit des besoins en formation : 80,5% d’enseignants des collèges d’Etat et 60,2% d’enseignants du privé « do not feel the need for more training to teach more effectively the EP class » . Selon des sondés, « the training sessions are so boring and irrelevant; it’s a waste of time coming for such workshops ».

Toutefois, à la question « Do you face difficulties in teaching students of the Extended Stream ? », 71,6% d’enseignants ont répondu “Oui”. « Cela semble incohérent. Près des trois-quarts des enseignants rencontrent des difficultés pour enseigner dans les classes de l’Extended Programme. Pourtant, environ 66% d’entre eux estiment qu’ils n’ont besoin d’aucune formation spécifique », écrit Rajendra Sewparsadsing.

5) Difficultés auxquelles font face les enseignants

– Élèves ayant de grandes difficultés d’apprentissage en raison de compétences insuffisantes en lecture, en écriture et en calcul;

– Élèves hyperactifs et certains avec un mauvais comportement (langage grossier et manque de respect);

– Élèves avec une attitude négative à l’égard de l’école et pour l’apprentissage;

– Indiscipline en classe;

– Absentéisme/présence irrégulière en classe pendant la journée.

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