HIER À CANDOS | Programme de vaccination — Vaccin anti-COVID-19: entre appréhension et assurance 

Le vaccin Covishield d’AstraZeneca obtenu du gouvernement indien a été administré à une centaine d’employés d’établissements hospitaliers publics hier matin à l’hôpital Victoria à Candos. Dans une salle spécialement aménagée pour cet exercice, ils sont quatre premiers issus de différents niveaux hiérarchiques – de médecin à General Worker – à se faire administrer le vaccin. Entre appréhension et assurance, ils disent être toutefois satisfaits de cette première dose en attendant une autre dans 28 jours. Après ce premier exercice de vaccination, une équipe se rendra au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport pour vacciner les Frontliners.

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Le premier à faire l’objet d’une vaccination Covishield n’est pas un natif de Maurice. Exerçant en tant que médecin à l’hôpital Victoria, Candos, Sajad Geelani se réjouit d’avoir reçu la toute première dose. « C’est un moment extraordinaire. Nous sommes arrivés à une phase où nous arrivons à combattre la pandémie. Je suis parmi les premières personnes et je me sens très bien. Je suis médecin et je le fais. Je conseille aux gens de se faire vacciner car nous sommes arrivés au dernier tournant pour vaincre cette maladie, qui a emporté beaucoup de vies », explique-t-il.

Et d’avancer qu’il doit être un exemple pour les patients étant donné l’appréhension lorsqu’un nouveau médicament arrive sur le marché. Il dit avoir discuté avec son épouse avant qu’on ne lui offre le Covishield. Pour lui, la chance lui a souri, étant le premier à être vacciné. Une fois l’exercice terminé, il a été placé en observation pendant une trentaine de minutes en cas d’une quelconque réaction à l’injection. Tout s’est bien passé dans son cas. Il a repris ses fonctions, auscultant les patients dans l’après-midi.

Preetam Seebaruth, General Worker à l’hôpital ENT, est la deuxième personne à se faire vacciner. Souffrant de diabète et d’hypertension et ne ratant aucun médicament, il dit n’avoir eu crainte de se faire injecter le Covishield. La raison est sa potentielle exposition au virus vu qu’il est appelé à nettoyer et désinfecter tout au long de la journée. « Ce vaccin à Maurice est pour notre sécurité. De ce fait, je l’ai fait », dit-il après ses trente minutes d’observation. Qui plus est, à l’hôpital ENT, il lui incombe de manipuler tous les équipements requis.

Ce General Worker dit n’avoir pas eu de doutes sur le vaccin même et n’avoir rien lu à ce sujet. Il affiche néanmoins sa confiance dans tout ce qu’il a pu en glaner des autres. « J’ai des collègues qui ont peur du vaccin mais j’ai fait mon choix personnellement », dit-il. Et d’ajouter avoir informé au préalable sa femme et ses filles. « Je m’étais préparé psychologiquement à faire ce vaccin », fait-il ressortir. Preetam Seebaruth laisse entendre, par ailleurs, que sa famille n’a pas hésité à placer sa confiance en lui. Après le vaccin, il dit n’avoir rien ressenti. Malgré ses deux maladies, il a été rassuré que le vaccin n’aura pas d’effet si la personne a une bonne hygiène de vie. Preetam Seebaruth travaille depuis l’an dernier à l’hôpital ENT. Une fois qu’il fera l’objet de la deuxième dose, il soutient qu’il s’en portera mieux sur le plan psychologique.

La troisième personne sur la liste à être vaccinée est Koolsoom Ramputh. En service depuis deux ans au Central Sterile Supply Department de l’hôpital ENT, elle attendait à être vaccinée pour être plus confiante dans l’exercice de ses fonctions. Sa motivation pour se faire vacciner est de se protéger en premier. « La situation s’aggrave dans le monde. Ils sont plusieurs jeunes qui en sont atteints alors que cela n’était pas le cas auparavant », dit-elle.  Elle dit avoir eu quelques doutes au préalable, mais s’est documentée par l’entremise de plusieurs articles. « Nous avons eu des réunions au niveau de l’hôpital où des explications nous ont été données. De plus, j’ai lu des articles scientifiques », dit-elle. La jeune fille concède toutefois que tous les médicaments en général génèrent des effets secondaires. « Il faut connaître nos priorités », souligne-t-elle.

Se faire vacciner à titre préventif n’a pas été une décision très personnelle pour Koolsoom Ramputh. Elle en a discuté avec sa famille. « On m’a demandé de bien voir et de prendre toutes les informations possibles. On m’a aussi encouragé à le faire », dit-elle. Mais au moment où elle est entrée dans la salle et a été informée qu’elle sera la troisième personne à se faire vaccinée, une petite frayeur se lisait sur son visage. « Au début, je n’avais pas le trac mais quand j’ai su que j’étais la troisième personne, j’ai ressenti ce que nous ressentons tous lorsqu’on part faire un vaccin. C’est une piqûre ! »  Mais tout s’est passé comme sur des roulettes pour elle.

Koolsoom Ramputh précise qu’elle ne travaille pas directement avec les patients. Son rôle consiste à stériliser tous les instruments médicaux. Toutefois, elle est en contact régulier avec ceux qui s’occupent des patients de COVID-19. Depuis que ce virus a été détecté à Maurice, elle soutient que c’était assez compliqué de vivre avec. Mais qu’au fil du temps, elle s’y est habituée grâce aux informations diffusées. Avec le vaccin, elle se dit plus en confiance dans l’exercice de ses fonctions.

Pour sa part, Mahendra Loll est la quatrième personne à être vaccinée. Âgé de 64 ans et opérant dans le département de Nursing Administration à l’hôpital ENT, il dit avoir assisté à une réunion lundi où le message d’être parmi les premiers à être vacciné était passé. « J’ai accepté sur une base purement volontaire d’être dans le premier batch. Ce vaccin nous devons tous le faire », dit-il. Pour lui, ce vaccin est important vu qu’il est exposé au virus.

Cet employé qui part à la retraite l’année prochaine, soutient n’avoir pas eu de doutes quant au vaccin. « C’est un vaccin comme les autres. Nous avons fait beaucoup de vaccins dans notre vie », fait-il ressortir. Il admet n’avoir pas lu particulièrement sur le vaccin AstraZeneca mais plutôt sur le vaccin Pzifer. Mais effectuer le vaccin hier matin a été une décision qu’il a prise en toute conscience, encouragée en cela par sa femme. Il dit être prêt pour le vaccin et n’avait aucune appréhension. Pour lui, étant dans le métier, il est habitué à l’environnement. Durant les 30 minutes d’attente, il dit n’avoir rien ressenti.

Cependant, il ne cache pas qu’il avait peur lorsque l’hôpital ENT a été transformé en un centre de traitement pour les patients de COVID-19. « C’est notre devoir de travailler et nous prenons toutes les précautions ». Il affiche sa satisfaction d’être protégé du virus une fois les frontières levées.

Cet exercice de vaccination était suivi par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal et le Haut-Commissaire de l’Inde, Nandini Singla. Pour le ministre, cette démarche sera mise en oeuvre dans plusieurs régions du pays. Il avance que la vaccination progressera selon le plan établi. À ce jour, la date des prochaines doses de vaccin n’est pas connue. Le gouvernement a déjà contacté AstraZeneca à travers le Serum Institute de l’Inde pour connaître la date de livraison. Il est d’avis que la situation à Maurice ne nécessite pas que le Premier ministre ou le ministre de la Santé fassent le vaccin mais plutôt ceux qui en ont besoin. « Kan pou ariv nou ler, nou pou fer nou vaksin », dit-il.

De son côté, évoquant le National Vaccination Committee, Zouberr Joomaye déclare que la priorité consiste à établir la liste de personnes qui seront vaccinées. Le comité se penchera sur la cargaison de vaccins qui sera bientôt acheminée jusqu’à ce que 60% de la population soit vaccinée. En cette fin de semaine, le target du programme de vaccination sera l’aéroport et le port. À compter de la semaine prochaine, la vaccination continuera dans les centres hospitaliers, pour les policiers, les employés dans l’industrie du transport, ceux qui travaillent aussi dans les hôtels.

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