Hippisme: Le MTC rentre en résistance

Une campagne de panneaux d’alerte au public dans le paddock et sur la piste enclenchée, hier, crée la panique au plus haut niveau des autorités étatiques

- Publicité -

La police enlève les panneaux sur la piste parce qu’elle estime qu’elles “portent atteinte à la réputation du gouvernement”

La MBC censure la première course, les activités du paddock
et ne diffuse pas l’analyse avant-course du tandem d’Avrincourt- Leckraj et la remise des prix

Devant le refus du ministère des Finances de le recevoir pour discuter les modalités dérangeantes de la Finance Bill, le Mauritius Turf Club, et son entreprise MTCSL, ont décidé de ne pas rester les bras croisés et de « Go Public » sur ce qui est un véritable hi-jacking de ses prérogatives d’organisateur des courses depuis plus de 209 ans. Cette démarche du MTC et du MTCSL d’alerter l’opinion publique des dangers qui les guettent à travers des pancartes et des slogans a causé la panique à certains niveaux du gouvernement, notamment au sein de la Gambling Regulatory Authority, la Police et surtout la MBC/TV qui a démontré qu’elle était une honte nationale. La station de télévision nationale a confirmé, si besoin était, qu’elle est bien au service du gouvernement et non du public, comme l’aurait fait n’importe quelle station de radio-télé-
vision digne de ce nom.

Que pouvait-on lire sur ces pancartes ? Tout simplement des messages où
le Mauritius Turf Club affichent ses arguments pour justifier cette rentrée en résistance : « Pas tuss nou lekours ; Pas tuss nou prérogatives, 209 ans d’histoire, 3500 emplois en danger, Contribution de Rs 800M à l’Etat et Nu lekours, nou patrimoine ».

En tout cas, ces messages, aussi banaux soient-ils, ont eu l’effet d’une bombe et tous ceux concernés ont été très vite mis au parfum et la MBC/TV a été la première à réagir par l’intermédiaire de son commentateur attitré, Jug Gokool, pour annoncer au Studio Manager du MTCSL qu’elle n’allait pas retransmettre les courses en direct, si le MTCSL ne retirait pas ses panneaux sur la piste.

Pression de la MBC sur le MTC
Le MTCSL a très vite fait comprendre à Monsieur Jug Gokool et à ses supérieurs qu’il n’en était pas question et que ces pancartes allaient rester là où elles ont été placées, pendant toute la journée. Entretemps, la police, sous la supervision de l’ACP Madhow, fut informée et sollicitée par, dit-on, la GRA. l’ACP Madhow a alors téléphoné au MTCSL, pour lui sommer de retirer ces panneaux, qui selon lui, portaient atteintre à la réputation du gouvernement. Là également, le MTCSL a refusé d’obtempérer et finalement ce sont des éléments de la Police, eux-mêmes, qui sont venus pour retirer les panneaux de la grande piste, laissant ceux, se trouvant dans le rond de présentation à leur place.

La MBC/TV n’a pas retransmis en intégralité cette 12e journée, comme elle a l’habitude. Pas d’images des chevaux du paddock, pas d’analyses avant course du tandem Patrice d’Avrincourt-Nitin Leckraj, pas de remise des prix. La MBC après sa menace de boycott total de la journée a dû se résoudre à faire uniquement la retransmission du déroulement des épreuves, après que les chevaux aient quitté le paddock. Toutefois, le programme complet offert par le MTCSL a pu être suivi grâce à la collaboration des radios et sur les réseaux sociaux qui ont tous repris la retransmission en direct du MTC sur YouTube. Malgré ces contraintes de dernière minute et les inconvénients pour les turfistes qui n’ont que les images de la MBC, les chiffres d’affaires des deux totes, Supertote et Tote Lepep ont enregistré une hausse par rapport à l’an dernier, avec

Rs 51.1 M contre Rs 45,6 M soit plus de Rs 5.5 millions qu’en 2020…
Suite à la pression effectuée par la Police et la MBC/TV, qui sont sous la tutelle du PMO et de la GRA, le Board des Directeurs du MTCSL, sous la présidence de Denis de Speville, n’a pas cédé, ni consenti au consensus mou, tactique habituelle des dirigeants du MTC. Certes, il y avait des différences d’appréciation sur l’action à prendre pour contester cette étatisation des courses et la mainmise de l’incompétente GRA. Les pancartes placées dans le rond de présentation sont restées en place toute la journée durant, alors que celles de la piste ont été retournées pour ne pas être vues par les téléspectateurs. Cet acte de la police ressemble fort à de la “CENSURE” qui est généralement l’apanage de quelques pays où le mot démocratie est vain. Quant à la MBC, elle a confirmé, hier qu’elle était bien la propagandiste du gouvernement et qu’elle a des réflexes de station nationale de télévision de grandes dictatures. En tout cas, en terme de mission journalistique, elle a lamentablement échoué pour n’avoir pas su profiter du Scoop dont elle avait l’exclusivité.

À un moment donné l’un des directeursdu MTCSL, qui était en conversation avec un officiel du MTC dans les tribunes, a déclaré à haute voix : « Ce n’est pas la MBC qui nous contrôlera. Nous avons décidé d’une action d’information à l’adresse du public pour défendre nos intérêts, ceux de nos membres, nos employés et nos partenaires et nous irons jusqu’au bout parce que nous n’avons pas de plateforme au Parlement, juste sur nos terres, notre patrimoine que nous faisons fleurir chaque année. Nous faisons ce que nous avons à faire et que la MBC/TV prenne ses responsabilités… Nous prenons les nôtres ! ».

Il nous revient que certains dirigeants qui négociaient dans le dos du MTC avant l’arrivée de la nouvelle équipe d’administrateurs et des hommes de loi ont tenté d’exposer à la direction du MTCSL les risques encourus, mais la volonté du MTCSL de faire passer ses messages au public et à ses stakesholders ont fait pencher la balance pour une action publique puisque les autorités ne veulent rien entendre et continuent leur travail de rouleau compresseur en toute impunité. Le MTC n’écarte pas d’autres actions à l’horizon, pour très bientôt car il ne renoncera pas à ses biens et à ses prérogatives. Décidémment, c’est un nouveau MTC qui est rentré en résistance. Mais, en fait, qu’a-t-il à perdre puisque sans réaction de sa part, l’État va se l’accaparer ?

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -