Îles Éparses : les pêcheurs contestent la présence de bateaux de croisière à Saint-Brandon

Plainte officielle déposée au ministère de l’Environnement contre la demande de permis EIA de Silversea Cruises

Les excursions sur Saint-Brandon ont pris une nouvelle dimension avec l’offre de la compagnie Silversea de visiter l’archipel à bord du Silver Discoverer. Ce paquebot de luxe sera le premier du genre à accoster à Saint-Brandon.

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Jusqu’ici, on y accueillait surtout les bateaux de pêche et les catamarans. Cette ouverture touristique fait craindre des dégâts à l’environnement. D’autant qu’un projet de conservation y avait été lancé il y a quelque temps. Le syndicat des pêcheurs contestera le permis EIA demandé par le promoteur.

Saint-Brandon, située à environ 415 km de Maurice, est surtout connue pour ses bancs de sable ainsi que sa faune et sa flore, constituée notamment de nombreuses espèces d’oiseaux. Jusqu’ici, c’est la compagnie de pêche Raphaël Fishing, qui est détenteur d’un bail sur 13 des atolls, qui y pratique ses activités de pêche, tandis que les pêcheurs locaux s’y arrêtent pendant leurs campagnes.

En 2016, Raphaël Fishing y avait même lancé un projet de conservation en collaboration avec la Mauritian Wildlife Foundation et des experts internationaux.
Parallèlement, des excursions en catamaran ou sur des bateaux de pêche étaient proposées à des prix élevés. Mais dorénavant, Saint-Brandon devrait recevoir également la visite de bateaux de croisière.

Silversea Cruise prévoit d’y emmener des touristes au départ de Port-Louis le 16 novembre, avec des escales dans d’autres îles de l’océan Indien. Le syndicat des pêcheurs est monté au créneau pour dénoncer cette situation. 
Judex Rampaul, le président, explique : « Un tel développement touristique dans l’île causera des dégâts à l’environnement. Déjà, à Maurice, on souffre des problèmes causés par les différentes activités nautiques. Et voilà que maintenant on veut ouvrir un endroit comme Saint-Brandon à de gros bateaux de croisière. » Il fait également ressortir que les bancs de Saint-Brandon constituent une zone de pêche pour les pêcheurs locaux et que leurs activités risquent d’en souffrir. « Le gouvernement nous a donné l’opportunité de pratiquer la pêche hauturière. S’il y a trop d’activités sur les bancs, cela dérangera l’écosystème et il n’y aura même plus de poissons. » Il souligne également que Saint-Brandon abrite également plusieurs espèces d’oiseaux et que leurs œufs se trouvent à même le sol. « Trop d’activités humaines risquent de les perturber.De même, les tortues viennent pondre sur la plage. »

De son côté, Lallmamode Mohamedally rappelle qu’il y a deux ans, le ministère des Administrations régionales et des Îles éparses avait fait détruire les cabanes des pêcheurs sur l’île Courson « pour des raisons environnementales ». Il se demande comment, aujourd’hui, « ces mêmes raisons ne sont plus valables lorsqu’il s’agit de débarquer des centaines de touristes » dans les îles. Il se demande également « comment un bateau de cette taille va stationner » à Saint-Brandon. « Va-t-il jeter l’ancre ? Qu’elle est sa taille ? Quelles en seront les conséquences pour les fonds marins ? » Ce dernier est aussi d’avis que ce premier paquebot pourrait ouvrir la voie à d’autres. « Qu’est-ce que le gouvernement a à gagner dans tout cela ? Nous sommes également surpris de constater que la compagnie a déjà commencé à vendre les billets avant même d’avoir obtenu son permis EIA », souligne-t-il. Autant de raisons qui ont amené les pêcheurs à contester le permis d’Environmental Impact Assessment demandé par le promoteur. Ils prévoient de loger une plainte officielle au ministère de l’Environnement.

Sollicité pour un avis, le Dr Vikash Tatayah, Acting Director de la Mauritian Wildlife Foundation, qui a participé aux « surveys » sur la conservation à Saint-Brandon, avance que toute activité touristique dans l’archipel doit se faire de manière bien planifiée. « Les visites doivent être guidées et encadrées afin de minimiser les dégâts. De même, il faut prévoir pour les déchets. Il faut un code de conduite pour les visiteurs et un système de “zoning” pour les îlots. » Il rappelle également que la Mauritian Wildlife Foundation avait déjà proposé un “draft paper” pour le projet de conservation à Saint-Brandon.

Selon le site de vente pour le voyage à Saint-Brandon, il est prévu de passer deux jours dans l’archipel. Au programme : visite des atolls ainsi que plongée et découverte des fonds marins, entre autres. Jusqu’ici, ceux qui proposaient des escapades à Saint-Brandon le faisaient en petits groupes.

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