Îles Éparses : Rodrigues et Agalega à l’étape du déconfinement

Ouverture de la pêche à l’ourite et reprise de la pêche à la senne ainsi que le retour des agriculteurs aux champs

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Les Rodriguais font preuve de réserve quant à la reprise de la desserte aérienne avec Maurice

Depuis 20 heures hier, avec la levée du confinement, les îles éparses de la République de Maurice, notamment Rodrigues et Agalega, ne sont plus sous le couvre-feu sanitaire. Mais en ce début de déconfinement dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les gestes barrières contre le coronavirus restent toujours de rigueur. De ce fait, les écoliers et autres étudiants ne reprendront pas encore le chemin des salles de classe. Par contre, cette première journée sera marquée par l’ouverture de la saison de la pêche à l’ourite, la reprise de la pêche à la senne et au casier et également le retour des agriculteurs aux champs. Toutefois, la fin du confinement ne devrait pas signifier une réouverture automatique du Plaine Corail Regional Airport. Déjà, des voix s’élèvent contre toute reprise de la desserte aérienne entre Maurice et Rodrigues, Air Mauritius devant prendre une décision en ce sens pour le lundi 4 mai prochain.

A ce jour, aucun cas positif de COVID-19 n’a été détecté à Rodrigues. De ce fait, la période de confinement imposée aux Rodriguais depuis le 21 mars dernier est déjà arrivée à échéance. Tel est le cas également à Agalega. Le High-Powered Committee, présidé par le chef commissaire de l’Assemblée régionale de Rodrigues, Serge Clair, qui s’est réuni, hier, a tenu à rappeler à la population de l’île l’importance de maintenir le dispositif de sécurité sanitaire pour éviter l’entrée du coronavirus à Rodrigues.

Tout en félicitant les Rodriguais pour leur comportement lors de cette période cruciale, le COVID-19 High Powered Committee a fait état d’une série de conditions devant être respectées, dont la Social Distancing principalement et aussi le port du masque de protection hygiénique dans la mesure du possible.

L’objectif déclaré de l’Assemblée régionale de Rodrigues est de s’assurer que la population ne se prête pas à des comportements à risques et faisant échec aux mesures pour empêcher à tout prix que le coronavirus ne fasse son entrée sur le sol rodriguais. C’est ainsi qu’avant-hier soir, 183 personnes ont été verbalisées par les forces de l’ordre pour non-respect du Curfew Order.

Par contre, pour les membres de la communauté des pêcheurs de Rodrigues, depuis l’annonce officielle de la levée du confinement sanitaire, la priorité demeurait l’accélération des préparatifs en vue des sorties en mer dès aujourd’hui. L’ouverture de la pêche à l’ourite, initialement prévue le 25 mars dernier après un mois de fermeture et prolongée de trois semaines, devrait se dérouler aujourd’hui. Pour cette catégorie de pêcheurs, le temps de confinement a été dur à supporter. Le principal risque de ce matin porte sur le déplacement de la population aux débarcadères à travers l’île pour s’approvisionner en ourite et poisson frais. Le mot d’ordre : respecter la distanciation sociale au maximum.

Mais à partir de ce matin à Rodrigues, chacun devra pouvoir y trouver son compte en produits frais de la mer, que ce soit les pêcheurs et les consommateurs.
Jean Marc, pêcheur de son état, ne cachait pas, hier, son enthousiasme de pouvoir reprendre la mer. « Mo enn peser ourit ek lalign ek mo ti fini prepare pou amenn anviron 50 liv ourite pou ouvertir le 25 mars. Lespwar finn mor ant de ros. Mo kwar avek sa trwa semenn anplis ki finn ferme la, mo bizin gayn mo 100 liv ourit-la. Sak zour kinn pase, mo get sa lamer la. Ti ena botan sak zour. Ek mo gagn sagrin », confie-t-il avec la conviction que ce jeudi sera marqué d’une pierre blanche.

Pour Donald Félicité, chef pêcheur de la région de Baie du Nord, ce sera une deuxième ouverture de la pêche à la seine.  « Pou nou, nou finn asize bor lakot plis ki de semenn. Ti koumans louvertir lapes lasenn avek boukou kouraz le 1er mars. Enn sel kout, enn viris nek koup sa lelan-la. Kan mem pou nou peser, sa reouvertir-la li kouma enn deziem ouvertir ek kapav nou pou gagn boukou poson », fait-il comprendre en lançant un appel à la population pour une autodiscipline en allant acheter du poisson aujourd’hui.

Avec sa sagesse d’homme de la mer, Donald Félicité déclare qu’avec la reprise des activités à Rodrigues, principalement dans le domaine de la pêche, les Rodriguais s’apprêtent à célébrer « enn deziem dimans Pak » dans la digne tradition dans l’île.

Dans les champs, les agriculteurs, notamment ceux engagés dans la culture de haricot rouge et d’oignon, concèdent que la préparation des terres a accusé un retard d’au moins un mois en raison du confinement sanitaire. Ils confient que le manque à gagner se fera sentir lors de la récolte. Les officiers de la commission de l’Agriculture entament à partir de ce jour un constat sur le terrain en vue de déterminer toute compensation éventuelle.
Mais l’important c’est qu’en ces moments de grande inquiétude et d’appréhension, la population demeure solidaire. Alexandre Larose, agriculteur avec 30 ans d’expérience, a eu la désagréable surprise de voir ses cultures être dévastées par le bétail. « La mo pou bizin rekomanse. Pa fasil sa. Siklonn finn vini. Konfinnma aster la.  Ki pese nou kapav finn fer », lâche-t-il en prenant son courage à deux mains pour se remettre à l’ouvrage dans son champ.

Cependant, la question qui hante littéralement Rodrigues en ce début de confinement concerne la reprise de la desserte aérienne entre Maurice et Rodrigues. Le sentiment général exprimé est que les autorités ne devront nullement agir dans la précipitation.  Dans l’immédiat, Air Mauritius maintient la suspension de ses vols sur Rodrigues jusqu’au 4 mai. Mais que se passera-t-il après cette date ? Quelles sont les mesures de prévention et de contrôle envisagées à l’arrivée au Plaine-Corail Regional Airport pour éviter toute surprise signée COVID-19.

Telles sont autant de questions que se posent les Rodriguais dans la conjoncture, certains se préparant même à aller solliciter une injonction de la Cour suprême en cas d’une décision susceptible de porter préjudice à la santé publique dans l’île.

Face à la levée du couvre-feu sanitaire, donc un retour à la normale, les Rodriguais sont conscients de l’enjeu. Ainsi, Gilles, un observateur sur l’île résume l’équation.
« Pe large. Me, nou pa ankor Safe. Dimounn pou bizin pran boukou prekosion. Mo pou dimann Rodrige montre lekzamp ki nou enn pep responsab. Fode pa nou azir kouma bann kokovid, kouma enn dokter finn dir », a-t-il conclu à la veille du déconfinement.

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