INDUSTRIE SUCRIÈRE — Alteo veut limiter les risques d’accident sur ses sites

– Lancement de la campagne « Obzektif Zero Aksidan » pour conscientiser les 450 employés

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– Le groupe réfléchit à un projet de tourisme industriel pour mieux valoriser la sucrerie désaffectée d’Union Flacq

Principal producteur de sucre dans le pays, Alteo est aussi présent en Afrique de l’Est, notamment en Tanzanie et au Kenya. Pour la précédente récolte à Maurice, Alteo a produit 120 000 tonnes de sucre, dont 45 000 tonnes de sucres spéciaux (tels que Demerara et Muscovado) sans oublier sa production de 170 GWh d’électricité. Mais celle du sucre, de sous-produits de la canne et d’énergie requiert une attention de tous les instants sur le site de la sucrerie à Union Flacq. Le processus de fabrication passe par plusieurs étapes et la matière est traitée par plusieurs équipements très lourds. Et la sécurité et la santé des travailleurs sont un maillon essentiel de la chaîne de production.

À Union Flacq, sur le site industriel impressionnant, où se trouve la plus importante sucrerie du pays qui broie entre 1,3 et 1,4 million de tonnes de canne par an, la raffinerie, qui produit du sucre blanc – 101 000 tonnes en 2019, et la centrale thermique d’Alteo, qui produit de l’électricité pour le réseau national, se côtoient des risques multiples : aires de chargement, transporteurs, convoyeurs, moulins, nombreuses machines dangereuses et bruyantes, avec des températures très élevées pour tout le processus de broyage. Sebastien Lavoipierre, Chief Operations Officer (COO) d’Alteo, explique : « Dans notre secteur, les machines comportent beaucoup de risques pour les 450 employés et, comme nos opérations tournent sur une base 7/7, les risques sont multipliés. »

Dans le processus d’extraction de sucre, ces risques sont nombreux, divers et variés. « Cela commence avec les mouvements incessants de véhicules industriels sur le Cane Yard tels que les camions et tracteurs, les objets qui peuvent s’échapper des ponts roulants et tomber sur la tête des camionneurs et petits planteurs, les surfaces chaudes, la proximité des travailleurs des pièces de roulement, les convoyeurs à chaînes où l’on peut se prendre la main à tout moment. Il est important de garder une distance raisonnable de ces machines qui incluent des Choppers et Shredders qui coupent la canne en morceaux ainsi que les sept moulins qui broient la canne », explique Yashvin Mungur, Health & Safety Officer d’Alteo.

Il faut aussi tenir compte que les plateformes glissantes à l’intérieur de l’usine représentent des risques de chute – qui sont généralement nombreux dans une sucrerie –  de par les divers déchets liquides projetés au sol. Et en cas de glissade, un employé peut aussi heurter un objet dangereux. Il faut aussi compter avec les risques de prise de feu et d’explosion, la présence de grues en mouvement et de vapeur d’eau. « Pendant l’étape de broyage de la canne, il y a pas mal de risques, à commencer par le bruit. Le Shredder fait 100 décibels. La limite à Maurice est de 85 décibels sur huit heures, mais notre Shift est sur 12 heures, donc c’est important pour les employés de se protéger les oreilles », poursuit Yashvin Mungur. Les employés sont également exposés aux risques de brûlures, et l’usage de produits additifs à diverses étapes de la fabrication de cristaux de sucre peut également causer des troubles cutanés.

Il y a plusieurs étapes dans la fabrication de cristaux de sucre, telles que la clarification et l’épuration du jus à l’aide de la chaux, et il y a ensuite les opérations de filtration et d’épaississement du jus en sirop par ébullition et l’évaporation notamment, puis le processus de centrifugation. « La sécurité est notre priorité, car nous ne voulons pas que nos employés courent des risques inutiles sur leur lieu de travail. Nous voulons qu’ils partent chez eux en bonne santé. Notre devise, c’est I Am Safety. Ça commence par chaque employé qui doit assumer la responsabilité de sa propre sécurité aussi celle de ses collègues pour contribuer à la sécurité sur le site de travail. Nos employés doivent être des ambassadeurs de la sécurité au travail. C’est une culture qui doit se développer. La conscientisation de chacun de nos employés est primordiale pour leur bien et celui de leur famille », dit Sébastien Lavoipierre. D’où le lancement la semaine dernière de la campagne “Obzektif Zero Aksidan”, visant à promouvoir la santé et la sécurité de ses employés.

Alteo a conçu et fabriqué des “billboards” qui ont été placés à des endroits stratégiques de la sucrerie afin de rappeler et d’interpeller tous ses employés à chaque instant, sur la nécessité de prendre des précautions pour leur propre bien-être. Quelque 25 “billboards” et 16 affiches ont ainsi été installés pour conscientiser les employés sur la présence des risques en permanence, sans oublier une vidéo qui est diffusée sur les écrans du site de production. « Les employés ont aussi été formés sur les procédures à mettre en place en cas d’Emergency », souligne Sébastien Lavoipierre.

L’identification des risques a été conduite avec la collaboration de NOSA, groupe sud-africain leader dans le Health & Safety, offrant des cours et des programmes de qualifications et d’accréditations. NOSA a formé certains employés d’Alteo à faire du “risk assessment” afin de pouvoir mettre en œuvre les précautions nécessaires sur le site industriel dans son ensemble. En termes de risques et d’accidents, chaque semaine Alteo compile des statistiques. « Aujourd’hui, nous reportons même des Near Miss, c’est-à-dire dans des cas où il n’y a pas eu d’accident et pas de blessé mais où la situation aurait pu provoquer un accident. Cela nous permet de mettre les mesures nécessaires en place afin d’assurer que cela ne se reproduise pas. »

Et les efforts d’Alteo semblent porter leurs fruits, puisque la sucrerie est parvenue à réduire de 50% le nombre d’accidents depuis l’année dernière. À ce jour, la majorité des accidents sont heureusement mineurs; le dernier accident fatal enregistré remonte à 2015. Chez Alteo Energy, depuis début 2020, aucun accident n’a été répertorié. « À la sucrerie, les risques sont différents. Dans la centrale, nous avons des températures et des pressions atteignant 44 bars. Dans la sucrerie, nous avons des équipements énormes pour écraser la canne », poursuit Sébastien Lavoipierre, qui insiste sur le fait que « la sécurité, c’est toute une culture qui doit se développer à tous les niveaux de l’entreprise pour parvenir à zéro accident ».  

Projet de tourisme industriel

La politique de sécurité touche non seulement les employés, mais aussi les visiteurs du site. À intervalles réguliers des visiteurs, partenaires, acheteurs de sucre internationaux – notamment ceux achetant des sucres spéciaux – viennent auditer le site industriel d’Alteo sans oublier, des groupes locaux qui souhaitent effectuer une visite. Cette politique de sécurité d’Alteo est un élément stratégique pour le groupe, dans sa quête permanente de modernisation et de professionnalisation de tous ses sites de production, cela d’autant qu’il réfléchit sérieusement à un projet de tourisme industriel sur ce site historique de production d’Union Flacq, datant de 1912. « Nous réfléchissons sur ce projet de tourisme industriel pour les prochaines années parce que l’industrie sucrière est quand même une belle industrie. Le projet vise à accueillir davantage de visiteurs sur le site; mais avant de nous lancer dans ce projet, nous devrons renforcer le volet sécurité et atteindre le niveau de zéro accident. Mais c’est vrai que ce projet fait partie de notre vision », affirme Sébastien Lavoipierre.

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