La course aux médailles – Gagner les Jeux : est-ce possible ?

Stephan Toussaint, ministre de la Jeunesse et des Sports, a, pendant un moment, été catégorique : Maurice peut gagner les JIOI 2019, qui se tiendront du 19 au 28 juillet prochain. Le discours a changé, évolué. Mais la tâche des athlètes reste la même : gagner le maximum de médailles d’or en juillet prochain. Un objectif réalisable ?
D’emblée, il faut remettre les choses dans leur contexte. Pour gagner les Jeux des îles, il faut que Maurice devance La Réunion, le plus sérieux adversaire des locaux. Mais il faut aussi voir ce que les Seychelles, Madagascar, les Comores et Mayotte nous réservent. « On serait naïf de croire que les voisins sont restés les bras croisés depuis les derniers Jeux », lance un observateur averti du milieu sportif.

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Les Réunionnais ont, souvent, fait la différence grâce à leurs nageurs, à l’instar de Boris Steimetz, champion du monde du relais 4×100 m à Dubaï, en 2010. En 2015, Maurice avait réussi à amortir le choc grâce aux haltérophiles, qui avaient remporté 21 médailles d’or sur les 45 possibles. Ajoutons à cela la razzia parfaite des badistes – sept médailles d’or sur sept – les quatre en natation, et Maurice avait pris une belle deuxième place.
Cette année, 60 médailles sont en jeu chez les leveurs de fonte. Et la natation réunionnaise a revu ses prédictions à la baisse. L’occasion rêvée ? « Pas sûr. Il faudra encore aller se battre dans d’autres disciplines. »

En fait, il s’agit là d’un constat. Maurice doit-elle se contenter des JIOI, alors que les Réunionnais sont inscrits aux championnats d’Europe, Madagascar disputera la prochaine CAN de football et que la Seychelloise Lissa Labiche a été titiller les meilleures mondiales au saut en hauteur ? « On ne devrait pas. Nous avions nous aussi nos stars. Au lieu de les utiliser pour bâtir quelque chose, on s’est contentés de les utiliser sur le moment », analyse un dirigeant sportif.

Donc, dans un sens, le sport mauricien a-t-il régressé ? « La perception a changé, mais nous sommes encore loin sur beaucoup de plans », analyse encore un autre dirigeant.
Quels plans ? Les infrastructures d’abord. « On nous vend Côte d’Or comme le siège d’un futur sports hub, mais les choses vont-elles bouger de sitôt ? »
En effet, entre les dépenses liées à l’entretien de la structure, et les coûts relatifs à son utilisation, il n’est pas sûr que le sports hub voit le jour dans un proche avenir. « C’est tout le fonctionnement qui doit être revu. »

Les bases sont donc jetées pour l’objectif principal : remporter le maximum de médailles d’or. « Il y a une question qu’on doit se poser : comment y arriver ? », lance un sportif, qui s’apprête à disputer ses quatrièmes JIOI.

Le haut niveau

Dirigeants et sportifs interrogés partent d’un constat. Celui du haut niveau. « A-t-on une idée de ce qu’est vraiment le haut niveau ? C’est une question globale. »
La première partie de la question réside dans les infrastructures. « Regardons ce qui se fait à La Réunion. Il y a le CREPS, structure qui se trouve aussi en France. A-t-on des moyens équivalents ? La réponse est non. Donc, peut-on se battre contre des adversaires qui sont mieux armés que nous ? »

Pourtant, les investissements consentis sont à la hauteur des attentes. « Depuis deux ans, nous avons mis à la disposition des athlètes et des fédérations un budget pour la préparation des Jeux. Nous faisons tout pour des Jeux cinq étoiles. Nous espérons que les résultats seront aussi cinq étoiles », a très souvent répété le ministre Toussaint.
Si on suit la logique, les Mauriciens devraient donc cartonner. Mais il ne suffit pas de parachuter un DTN étranger à un an de l’échéance. « Aussi compétents soient-ils, les embaucher à un an, ou parfois un peu plus, des Jeux ne garantit pas pour autant le succès ! », note un ancien athlète, médaillé d’or des JIOI.

D’où la question de voir plus loin, à une tout autre échelle. Le ministre Toussaint avait dit, au début de son mandat, vouloir utiliser les Jeux comme tremplin pour d’autres échéances. « Évoquer les Jeux de 2024, à Paris, c’est bien. Il faut maintenant mettre les moyens. » Mais qu’en est-il du projet lui-même ? « Il ne suffit pas de parler d’un projet pour Paris 2024. Les JIOI 2019, les Jeux d’Afrique, et même les JO de Tokyo, l’année prochaine, s’inscriraient dans cette optique. On aurait vraiment eu le temps de se préparer sur le long terme. »

La suite logique voudrait donc que la moisson de médailles soit à la hauteur des espérances. « Tout le monde veut gagner les JIOI. Nous sommes chez nous. Et ça ferait beaucoup de bien à notre sport », déclare un autre athlète.
Pourtant, depuis la création des Jeux, en 1979, seulement deux pays se sont imposés à domicile. La Réunion s’est imposée en 1979, en 1998, et en 2015. Madagascar, en 2007. Maurice n’a jamais gagné les Jeux. L’occasion est trop belle pour faire mentir l’adage « jamais deux sans trois »…

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Le COJI ne répond plus

Nous avons tenté de joindre plusieurs dirigeants du Comité organisateur des JIOI (COJI) pour une évaluation de la situation à 41 jours des Jeux, surtout après la fameuse histoire de plagiat qui entache l’image de l’organisation. Hier encore, nos appels sont restés vains. Que ce soit Jean-Pierre Sauzier ou le ministre Toussaint, personne n’a daigné répondre à nos appels téléphoniques. Pourtant, ce dernier est prompt à convoquer la presse, surtout pour parler de ses réalisations, de ses projets ou de ses mesures. Est-ce à dire que le COJI a déjà choisi son camp, en ce qui est de la communication ? Nous terminerons en citant les mots exacts utilisés par Yasine Mohabuth, membre de la rédaction du magazine du COJI, qui paraphrase Jean-Luc Lagardère. « La communication est une science difficile. Ce n’est pas une science exacte. Ça s’apprend et ça se cultive. » Food for thought…

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