L’AFFAIRE ST-LOUIS – Paul Bérenger insiste : « Je n’ai jamais rien eu à voir avec BWSC »

Il dénonce de nouveau la « lâche tentative » de le « salir » dans toute cette affaire
Le leader du MMM déclinera toute invitation du PM de consulter le document où son nom serait cité

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Paul Bérenger, leader du MMM, accuse de nouveau le gouvernement de recourir à une « lâche tentative » de le salir dans toute l’affaire de la centrale thermique Saint-Louis. « Je n’ai jamais eu quoi que ce soit à voir avec BWSC, ni même quand j’étais leader de l’opposition », assure-t-il. Et le chef de file des mauves de « défier quiconque qui pourrait prouver le contraire ». Il indique par ailleurs qu’il refusera, comme le leader de l’opposition, Arvin Boolell, toute éventuelle invitation du Premier ministre de consulter le résumé du rapport d’enquête dans lequel son nom aurait été cité. Et d’insister sur la publication de cedit document.

Paul Bérenger met en avant ce qu’il considère être les points saillants de toute l’affaire Saint-Louis. D’abord, que le contrat a été alloué à la société danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) lors du deuxième appel d’offres en 2015 durant le premier mandat de la même équipe gouvernementale actuellement au pouvoir avec, à l’époque, Ivan Collendavelloo comme ministre de l’Énergie et des Services publics. Qu’on a eu ensuite recours à une Emergency Procedure avec l’aval du ministre en question. Que la même société danoise qui a, au final, remporté le contrat, avait déjà remporté l’appel d’offres initial lancé en 2014 sous le précédent gouvernent PTr et que le contrat finalement alloué en 2015 était d’un prix de Rs 700 millions supérieur à celui qui avait été agréé lors du premier appel d’offres. Qu’Ivan Collendavelloo et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, veulent faire croire que ce n’est que le 8 juin dernier qu’ils ont pris connaissance que tout le scandale était dans l’air alors que, explique le leader du MMM, toute l’affaire avait été portée à l’intention du comité de direction du Central Electricity Board (CEB) par son General Manager p.i. depuis février 2019 et que toute la question avait, depuis, été abordée en pas moins de cinq occasions devant cette instance.

L’autre « point clé » que Paul Bérenger dit vouloir mettre de l’avant, c’est le fait qu’à l’Assemblée nationale surtout, le Premier ministre a déclaré qu’à sa demande, la Banque africaine de développement (BAD) a accepté de lui remettre un résumé de l’enquête effectuée par BWSC en insistant sur le fait que le contenu de ce document devait être traité comme étant « strictly confidential ».

« Sey zet labou lor mwa ! »

Il s’étonne ainsi que Pravind Jugnauth ne s’est pas pour autant gêné pour porter à l’attention de son ancien ministre et N°2, Collendavelloo, une copie de ce résumé de rapport de même qu’à l’attention de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). Et, comble d’ironie, selon le chef de file des mauves, inviter le leader de l’opposition, Arvin Boolell, à venir lui aussi prendre connaissance du contenu dudit résumé de rapport. Paul Bérenger fait valoir à ce stade que le but finalement dans toute cette affaire n’était qu’une « lâche tentative de me salir » (sey zet labou lor mwa avek lasté). Il en veut pour preuve que l’on se serait employé à présenter le dénommé Bertrand Lagesse comme son beau-frère. Et le leader du MMM de réaffirmer fermement : « Je n’ai jamais eu quoi que ce soit à voir avec BWSC, ni quand j’étais leader de l’opposition. »

Et lui de « mettre au défi quiconque qui pourrait prouver le contraire ». Il fait remarquer à ce propos que Pravind Jugnauth est lui-même venu reconnaître que quand lui, Paul Bérenger, était leader de l’opposition, il avait dénoncé dans toute cette affaire d’allocation de contrat pour l’acquisition de quatre turbines à gaz pour la centrale thermique de Saint-Louis un « tailor-made tender exercise ». Interrogé, il devait confirmer qu’il visait à l’origine l’appel d’offres initial effectué en 2014. « Mais tout a continué par la suite ». « En temps et lieu, toute la lumière sera faite sur toute cette affaire », assure le leader du MMM. Il note sous ce même rapport que le gouvernement s’obstine dans son refus, d’une part, de rendre public le résumé du rapport d’enquête dont il est question et, de l’autre, d’instituer une commission d’enquête « présidée par un juge en fonction ou un ancien juge digne de respect ».

Répondant à des questions, le chef de file des mauves indique que, tout comme le leader de l’opposition, il n’entend pas répondre positivement à une éventuelle invitation du chef du gouvernement de venir consulter le résumé du rapport en question. Il insiste en revanche pour que ce document soit rendu public. Paul Bérenger confirme par ailleurs avoir exprimé des craintes dans le temps quant à l’éventualité de délestages dans la fourniture d’énergie électrique et de « black-out » quand, surtout, le projet CT Power avait été mis au rancart.

Corruption : « What a sad joke ! »

À Week-End qui lui a fait remarquer que le leader du PTr, Navin Ramgoolam, ne pense pas, lui, qu’il y avait de tels risques de « black-out », le leader du MMM a simplement répondu : « Chacun a droit à son opinion. Vous parlez de Ramgoolam, mais je vous assure que je ne partage pas aussi le point de vue d’Assirvaden sur plein de choses ! »

Paul Bérenger revient par ailleurs sur ce qu’il présente comme le « scandale Hyperpharm ». Il souligne à propos de toute cette question d’approvisionnement du pays en médicaments et équipements médicaux durant le confinement par voie d’Emergency Procurement que la liste détaillée de tous les achats effectués n’a pas encore été publiée. « Même refus, dans ce cas, ici pour l’institution d’un Select Committee de l’Assemblée nationale ». Aussi, pour le leader du MMM, quand le Premier ministre vient, « avec culot », affirmer que depuis son installation en 2014 « le gouvernement pratique la tolérance zéro à l’encontre de la corruption », l’on ne peut que s’exclamer, selon lui : « What a sad joke ! »
Paul Bérenger évoque, en conclusion, toute la question de blanchiment d’argent sur fond de vote de la nouvelle loi et de l’inscription de Maurice, d’une part, sur la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI) et, de l’autre, sur celle, noire, de l’Union européenne (UE). Il parle à ce propos de la dernière « affaire » ayant surgi, soit celle dite de Wirecard. Le leader du MMM fait valoir que ce n’est qu’aujourd’hui que la Banque de Maurice (BoM) et la Financial Services Commission (FSC) se décident à enquêter, alors que, explique Paul Bérenger, le Financial Times a publié tout un dossier sur la question depuis aussi loin que début 2019.
Il adresse au passage une pique à l’ancien ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, qui, explique le leader du MMM, « vient aujourd’hui prétendre qu’il n’arrivait pas à prendre des décisions quand il était le ministre de tutelle car il était alors le prisonnier de lakwizinn ! » Pour Paul Bérenger, la présente situation « fait un tort immense » au secteur du Global Business.

EN CAS DE DÉMISSION DE COLLENDAVELLOO :Le MMM prêt pour une partielle mais…

Alors qu’il insiste toujours pour une démission du leader du ML, Ivan Collendavelloo, de l’Assemblée nationale, le leader du MMM assure, en réponse à une question, que son parti est fin prêt pour affronter éventuellement une élection partielle dans sa circonscription de Stanley/Rose-Hill (N°19). Invité à préciser si en cas de démission éventuelle d’Ivan Collendavelloo de l’Assemblée nationale et de la tenue d’une partielle le MMM s’y présenterait seul ou en alliance avec le PTr et le PMSD, il s’est refusé de se prononcer.
Paul Bérenger s’est simplement contenté de déclarer que les instances de son parti en décideront en temps et lieu. Le leader du MMM ne semble pas appréhender les conséquences d’une trop grande proximité de son parti notamment avec le PTr de Navin Ramgoolam en dépit des expériences récentes. Selon lui, « la population souhaite que l’opposition soit unie, au moins à l’Assemblée nationale, pour combattre les scandales ».
Il ira même jusqu’à « remercier » le PTr et le PMSD pour leur solidarité après que son nom a été cité dans la présente affaire Saint-Louis. Mieux encore : Paul Bérenger se montre flatteur à l’adresse du PMSD. Selon lui, en effet, si le PMSD n’avait pas démissionné du gouvernement sur fond de désaccord quant à l’indépendance qu’il convient de garantir pour le poste de Directeur des Poursuites publiques (DPP), « nous serions aujourd’hui déjà loin dans la dictature ».

Tout cela étant, le leader du MMM semble douter de l’efficacité d’une action de rue d’une opposition unie contre le gouvernement comme l’a suggéré le leader du PTr, Navin Ramgoolam, à sa conférence de presse vendredi. « C’est une question de timing. Puis, les temps ont changé. On verra  », a-t-il déclaré en réponse à des questions.

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