Le MMM, « blessé » par le PTr, gèle sa participation aux rencontres des leaders

Des propos du député rouge Juman sur une radio privé viendraient, selon Paul Bérenger, confirmer « bann koze négatif par quelques dirigeants PTr sur le MMM »

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Ce qui se disait sur la fragilité des relations et des divergences au sein de l’entente de l’opposition se confirme. Il y aurait de l’eau dans le gaz et les propos du député PTr Ehsan Juman sur les ondes d’une radio privée, mercredi dernier, ne vont pas arranger les choses. La réaction de Paul Bérenger, leader du MMM, à ce sujet lors de la conférence de presse du parti, à Ébène hier, était sans équivoque. La fissure au sein de l’entente des partis de l’opposition se préciserait et pourrait finir par provoquer une cassure.

Le MMM n’a pas apprécié les propos du député Juman à l’effet que le Parti Travailliste « se sent tellement fort » qu’il pourrait faire cavalier seul aux prochaines municipales et rafler tous les sièges. Dans un contexte où les partis de l’opposition s’étaient rapprochés pour challenger le MSM aux municipales, les paroles d’Eshan Juman pourraient changer la donne. Paul Bérenger s’est dit conscient qu’Eshan Juman n’est pas le seul à penser ainsi. « Au MMM, nous avons pris note que quelques dirigeants du PTr tiennent, depuis ces derniers temps, des propos négatifs à notre égard. » Du coup, après avoir planché sur un partenariat en vue des municipales, le MMM et le PTr risqueraient fort bien de s’affronter aux prochaines élections. Et, a prévenu Paul Bérenger, peut-être même « au-delà des élections municipales. »

La déclaration du député rouge aura, a-t-il affirmé, un impact sur le devenir de l’entente des partis de l’opposition. Le MMM en a d’ailleurs discuté avec le PMSD et le Reform Party. À hier, le MMM refusait toute idée d’une réunion entre les quatre leaders et les dirigeants des partis de l’opposition. « Il n’est pas question qu’il y ait une réunion entre les quatre leaders », a lancé Paul Bérenger. Ce dernier, qui estime que la portée des propos d’Eshan Juman est « grave », a concédé que le MMM a été « bien blessé. » « Ena boukou koler. Nou ena dinite, prinsip, disiplinn… Nou bien amerde », a déclaré Paul Bérenger. Ce dernier a aussi avancé : « Nous savons qui sont ceux qui sont derrière les propos de Juman. Ena enn gran mazorite ki kont sa kalite propo-la, me zot pa koze. Se zot drwa. »

« Jagutpal pou ena boukou kont pou rande »

Concédant également que « depi plizier semenn sa bann koze-la pe ale », le leader du MMM pense que la « démarche de Nando Bodha est en train de causer la panique chez certaines personnes. » Tout en s’interrogeant sur le leadership du PTr, Paul Bérenger a indiqué – à l’heure des questions – que le fond du message d’Eshan Juman allait être abordé au Comité central du parti prévu hier après-midi et au Bureau politique ce mardi.

Même s’il semble que l’avenir du MMM au sein de l’entente de l’opposition est gelé, les mauves réclament néanmoins la proclamation au plus vite d’une date pour la tenue des municipales. Paul Bérenger espère que le gouvernement ne se prononcera pas à la dernière minute, d’autant que les municipales seront un test pour le changement souhaité par la population, y compris la frange qui a manifesté le 13 dernier. Toutefois, pour le leader du MMM, l’après-manifestation reste une question qui appelle une réponse urgente. Tout en saluant la démarche du ministre démissionnaire Nando Bodha, il a relevé une similitude entre le contenu du message de ce dernier lorsqu’il a présenté ses projets de société, les raisons de son départ du MSM et du gouvernement, et les souhaits de la population en matière de changement.

Une alternative au Premier ministre et au gouvernement est pour Paul Bérenger plus que jamais nécessaire. « Le plus tôt sera le mieux pour le pays », a-t-il souligné. Selon Paul Bérenger, le pays demande un grand nettoyage. « Pli tarde, pli li pou difisil », a prévenu ce dernier. Mais le nettoyage auquel s’est attelé le ministre Soodesh Callichurn — lequel détient le portefeuille du Commerce après le départ au forceps de son prédécesseur, Yogida Sawmynaden — à la State Trading Corporation ne convainc pas Paul Bérenger. Il trouve aussi « choquant » que le conseil d’administration de la STC, nommé par le gouvernement, est toujours en place, alors que le directeur général de l’organisme, Jonathan Ramsamy, a été arrêté par la commission anti-corruption vendredi dernier. Celui qui ne s’en sortira pas, dans quelque temps, a averti Paul Bérenger, c’est le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Ne voulant pas tout dévoiler, il a néanmoins laissé entendre : « Jagutpal pou ena boukou kont pou rande. »

Par ailleurs, Paul Bérenger a dit être en présence de renseignements qui indiqueraient que le Dr Zouberr Joomaye, conseiller au bureau du Premier ministre, bénéficiera de fonds de Mauritius Investment Corporation Ltd pour la construction de ses cliniques privées. « Sa koze-la pe fer ravaz », a expliqué le leader du MMM. Au cas contraire, il s’attend, dit-il, à ce que le concerné démente ces affirmations qui courent depuis un certain temps déjà, car il s’agit de l’argent public.

Autre point relevé est le tort causé à l’offshore mauricien et les services financiers, éclaboussés par la présence de Maurice sur la grey list de la Financial Action Task Force depuis février 2020 et sur la black list de l’Union européenne depuis mai de la même année. « Les torts sur notre secteur financier sont considérables », a fait remarquer Paul Bérenger. « Le gouvernement a fait croire qu’il a fait le nécessaire pour sortir Maurice des deux listes en début de cette année, mais selon mes renseignements, cela ne se fera pas avant fin février 2022. Les secteurs offshore et financier sont en train de payer cela très cher. Les dernières conclusions de la Financial Action Task Force démontrent que l’ICAC et la FIU sont la principale raison de cette situation », a déclaré Paul Bérenger. Il a aussi affirmé que la Financial Action Task Force surveille de très près l’affaire Angus Road.

Le leader du MMM rencontrera Subrahmanyam Jaishankar, ministre indien des Affaires étrangères, ce lundi. Il a dit préférer attendre le départ du ministre indien pour commenter deux sujets d’importance, notamment les vaccins Covid-19 et l’échec diplomatique essuyé par Maurice dans l’affaire Diego Garcia.

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