(Le Morne) Commémoration de l’abolition de l’esclavage – Le PM : « Sertinn dimounn pe rod amenn divizion ek friksion »

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui intervenait hier à la cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage, trouve « ki pe rod amenn divizion e friksion dan lasosiete ». Il a par la même occasion adressé un message à la Grande-Bretagne concernant la lutte pour la décolonisation du territoire mauricien avec la souveraineté sur les Chagos en affirmant que « mo gouvernman ek mwa pa pou kile ».
Rendant hommage au courage et à la persévérance démontrés par les esclaves, le Premier ministre soutient que « nous devons être fiers que la République de Maurice est citée en exemple comme un pays où il y a la coexistence pacifique dans une société pluriethnique et multiculturelle. » Et d’affirmer qu’il est malheureux « ki ena sertinn dimoun ki pe esey kre divizion, amen friksion dan nou sosiete, rod amen instabilite, pa rod respekte bann institision e respekte lavolonte de lapopilasion ki finn exprim li ».
Pravind Jugnauth poursuit : « C’est pourquoi il faut être vigilant et surtout ne pas mettre en danger l’unité de la nation arc-en-ciel. Je ferai tout, avec mon gouvernement et avec votre coup de main, afin de préserver l’harmonie. Ce n’est qu’avec la paix et l’unité que nous pourrions avoir la stabilité et avancer plus loin. » Une bonne partie de son discours a été consacrée aux conditions dans lesquelles vivaient les esclaves venus d’Afrique et de Madagascar et qui étaient considérés comme des meubles aux termes du Code Noir appliqué dans les colonies françaises et non pas comme des personnes.
Il a rendu hommage à ces esclaves qui ont contribué à la construction et au développement économique du pays. « Il nous faut continuellement nous rappeler ce qui s’est passé pour que jamais l’humanité ne fasse une erreur pareille. Ces esclaves n’ont connu que la misère noire, des souffrances extrêmes et le martyr ». Le paradoxe, a-t-il observé, est qu’à l’abolition de l’esclavage ce sont les maîtres qui ont été compensés.
Le Premier ministre a aussi rappelé que le paysage culturel du Morne est non seulement devenu un patrimoine national, mais a également été classé patrimoine international par l’UNESCO. Cette région a « une grande signification pour nous et pour le monde ». Par ailleurs, il a expliqué que le gouvernement est « déterminé » à corriger toutes les formes d’injustice héritées du passé et a souligné l’importance de l’éducation, d’où la réforme du système éducatif. Il a aussi fait mention de la volonté de son gouvernement de construire 12 000 logements.
Le Premier ministre a aussi rappelé que la Chambre Spéciale de la Cour internationale des Droits de la Mer (ITLOS) a confirmé la semaine dernière le jugement prononcé par la Cour internationale de justice concernant la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Il a ainsi renouvelé la volonté de son gouvernement de lutter pour la décolonisation complète du territoire mauricien. « Mo gouvernman e mwa pa pou kile tan ki lazistis pa retabli. Nou pou kontinn lite. »

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« Kapiten nou gouvernman for »

Le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, affirme que « pou enn bato ariv a bon por, fode ki so kapiten for » et, pour lui, « kapiten nou bato, kapiten nou gouvernman for ». Il intervenait hier à la cérémonie marquant le 186e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, au Morne et comparait le « bateau à bord duquel les esclaves sont venus à Maurice et qui a dû naviguer dans des eaux troubles », à la situation actuelle où le gouvernement doit faire preuve de résilience.

La cérémonie d’hier était marquée par la diffusion d’une vidéo intitulée « Yer, zordi ek dime » sur la première phase du projet du musée intercontinental de l’esclavage et ce qui reste à venir, ainsi que le lancement d’un livret sur les sites mauriciens liés à l’histoire de l’esclavage à Maurice intitulé « Fer memwar – bann sit asosie ar Lesklavaz dan Moris ».
Les membres du Conservatoire national de musique François Mitterrand ont ouvert la partie protocolaire avec l’hymne national. Ils ont aussi accompagné Murvin Clelie (The Prophecy) en musique et en chœur sur la chanson Nou pou sirmonte, à la fin de la cérémonie. Entendre le créole chanté avec le chœur et l’orchestre du conservatoire a fait vibrer bien des cœurs, une véritable ode à la langue créole. Tout le spectacle tournait autour du thème central, “la résilience”.

Kelly Ang-Ting Hone a offert un slam intitulé Anou kas sa silans-la avant de laisser la place à Désiré François et les élèves de l’École de la ravanne de Grand-Gaube pour la chanson Le Morne, écrite par Richard Sedley Assonne. Le poète et slammeur rodriguais Stewelderson Casimir a, quant à lui, dit « to kapav » dans un rythme allant crescendo, s’emparant petit à petit des invités, même ceux qui ne comprennent pas le créole, comme des membres du corps diplomatiques qui n’ont pas hésité à s’enquérir auprès de leurs voisins pour comprendre ce qui se disait. Le spectacle était fort apprécié par tous ceux qui avaient fait le déplacement. La cérémonie a pris fin vers la mi-journée.

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