Le New Victoria Terminal se conjugue en craintes

  • La Taxi Proprietor’s Union, inquiet de l’avenir des chauffeurs de taci de cette gare routière, réclame des informations et précisions en écrit du ministère

La face de la gare du Sud ou Victoria Square est appelée à se transformer et faire de la place au New Victoria Terminal. Ce projet qui nécessite des investissements de Rs 1,9 milliard sera réalisé par un consortium de sociétés privées locales mené par le groupe IBL. Ce projet, considéré de grande envergure, de par les travaux qui seront exécutés incessamment, suscite inquiétudes et préoccupations de ceux qui obtiennent leur pain quotidien, soit les commerçants et les chauffeurs de taxi, de ces mêmes lieux. Il y a encore les ussagers du transport en commun, dont les habitudes quotodiennes vont être bousculées.

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Des commerçants se plaignent déjà de la morosité des achats tout comme les chauffeurs de taxi et se disent être dans le flou quant aux travaux envisagés et les solutions envisagées en leur faveur. Ils craignent que les clients diminuent davantage alors qu’ils seront obligés de tenir la barre jusqu’à la fin des travaux.

Depuis l’annonce du projet du New Victoria Terminal, les commerçants longeant toute la place faisant face au vieux bâtiment en face disent prendre connaissance des développements sur le projet à travers les médias. « Nous sommes totalement dans le flou comme ces chauffeurs de taxi », soutient une propriétaire d’un petit commerce qui vend principalement des produits alimentaires. Selon elle, on aurait dû discuter avec les différentes parties prenantes et leur expliquer le début des travaux et les changements qui seront apportés pour que tout le monde concerné puisse prendre les dispositions qui s’imposent. Elle se demande où les autobus et les taxis se stationneront avant que ne débutent les travaux. Les changements qui seront apportés au niveau du trafic routier auront un impact sur les activités du commerce. « Nous dépendons des passagers des autobus et des taxis pour notre travail. On considère que nous ne pourrions rien faire si les travaux commencent », dit-il, espérant que le gouvernement puisse expliquer la durée des travaux. « On ne pourra jamais défier le gouvernement. Nous serons obligés d’accepter », dit-elle dont le commerce existe depuis 1962.

Même son de cloche pour un autre commerce spécialisé dans la vente des produits électroménagers. Exerçant depuis plus de 40 ans, ce propriétaire attend toujours des éclaircissements sur le projet. « Nous avons appris ce projet à travers les médias. Je crois que les travaux auront un impact sur les commerces ici. Il se peut que 50% de leurs activités soient affectées », dit-il. Les clients, selon lui, baisseront pendant la durée des travaux mais il garde espoir que le flux recommencera une fois les travaux terminés. Conscient que des magasins seront aussi présents dans le New Victoria Terminal, il croit que ses clients lui seront fidèles car son magasin a déjà une renommée dans le pays. Selon lui, les magasins qui sont peu connus pourront faire face à des difficultés lorsque le nouveau terminal sera opérationnel. Toutefois, il dit attendre que le gouvernement explique le projet aux commerçants.

Les propos de ce commerçant ne diffèrent plus d’un autre commerce situé dans un angle de rue. Tenant son business avec sa femme, il se renseigne sur le projet à travers les journaux. « Personne n’est venu nous voir pour nous dire que le projet pourra bientôt débuter. Nous ne faisons que lire les journaux pour en apprendre », déplore ce commerçant. Le lieu où il se situe, selon lui, est stratégique car les passagers qui descendent des autobus viennent souvent dans son commerce. Et cela fait fructifier ses affaires. « Nous ne savons pas où les autobus se déplaceront ni les taxis. Nous ne pouvons que rester tranquilles et attendre la fin du projet », dit-il avec peine.

Un autre commerçant qui tient un magasin de chaussures avance que son business fonctionne avec peine. Et une fois que les travaux débuteront, il craint que sa situation se corse davantage. « Nous avons eu quelques bribes d’informations sur le projet mais jusqu’à présent rien de concret », soutient ce commerçant qui dit souffrir déjà par manque de clients.

Selon lui, lorsque le projet débutera, il prévoit que la vente de ses chaussures chutera. Tout près de son commerce, un ex-marchand ambulant qui loue un emplacement pour la vente des tissus estime que son travail ne sera plus le même. « Les clients vont certainement diminuer. A ce jour, nous n’avons eu aucune rencontre avec des officiels du gouvernement pour nous expliquer à quoi s’attendre », dit-il. Pour lui, Port-Louis perdra toute sa « vie » quand les travaux commenceront. Il avance que très peu de gens circuleront à Port-Louis et cette baisse aura un impact direct sur tous les commerces qui dépendent de ces personnes. « Nous sommes arrivés à un point où nous ne savons pas quoi faire. Nous ne comprenons pas ce qu’on veut faire », dit-il.

Raffick Bahadoor : « Qu’on vienne nous expliquer le projet »

Le président de la Taxi’s Proprietor’s Union (TPU), Raffick Bahadoor, est visiblement inquiet sur le New Victoria Terminal. Après deux rencontres avec la National Transport Authority (NTA), les discussions tenues n’ont abouti à « rien d’officiel ». Selon lui, les autorités concernées par ce projet ne savent pas comment ils procéderont alors que les chauffeurs de taxi et les propriétaires d’autobus veulent des informations. « Ils sont toujours à un niveau préliminaire. Ils ne savent même pas où les autobus descendront les passagers ni où ils seront stationnés. Qu’on vienne nous expliquer le projet », dit-il. Il se demande ce que feront les propriétaires d’autobus lorsqu’ils seront temporairement relogés dans un autre lieu.

Selon lui, le gouvernement ne pourra pas prendre au dépourvu les chauffeurs de taxi et décider de les reloger sans qu’ils n’en sachent au préalable. « Nous ne sommes pas des habitants de Rose-Hill. Nous habitons la capitale et nous savons quelle démarche adopter si on ne prend pas en considération les “stakeholders”. Nous demandons que ce projet soit réalisé avec nous », dit-il. Raffick Bahadoor demande une ébauche du plan conçu pour le relogement des chauffeurs de taxi. Toutefois, il considère les politiciens actuels comment des gens « brutaux » et ajoute qu’il a déjà conçu un plan au cas les chauffeurs de taxis auraient « by-pass » par le gouvernement. Il ajoute que les chauffeurs de taxi monteront leur force si aucune action n’est prise par le gouvernement.

Le New Victoria Terminal sera réalisé à travers un partenariat public-privé et destiné au public. La mise en opération est prévue en 2019. Un Prime Land de 5,5 arpents a été mis à la disposition d’un consortium qui comprend six grosses pointures mauriciennes. Il a été demandé à ce consortium d’apporter des facilités au public, tel un nouveau terminal d’autobus où les passagers pourront transiter avec plus d’espace. Ce terminal sera moderne et aux normes internationales. L’espace à l’intérieur accueillera jusqu’à 1 000 marchands ambulants. Le prix du loyer d’un étal sera de Rs 3 000 pour chacun. En même temps, des espaces verts seront conçus et 20 baies seront construites pour les autobus pour déposer ou prendre les passagers. Le bâtiment en pierre, souvent un repaire pour les drogués, sera converti en un espace commercial au look international et abritera des magasins, des bureaux. Des aires de stationnement seront aussi vendues. Une piazza sera aussi aménagée dans ce projet où des animations seront organisées. La construction ne dépassera pas 25% de l’espace 75% de tout l’espace sera au public.

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