Les handicapés sont-ils employés à la hauteur de leurs compétences ?

À la fin du mois, une exposition intitulée “Dialogue in the Dark”, importée d’Allemagne, viendra sensibiliser les Mauriciens sur l’inclusion des non-voyants dans les activités plus valorisantes. Les organisateurs entendent à long terme employer des malvoyants comme formateurs. La perception générale veut que malgré une formation universitaire, les personnes en situation de handicap se voient souvent offrir des postes qui ne sont pas à la hauteur de leurs qualifications. À quel point ce postulat est-il vrai ? Pour Reaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), qui soutient les personnes handicapées, celles-ci sont « vraiment négligées ». Il ajoute : « Les employeurs les voient comme des éléments freinant la productivité. » Il faudrait, selon lui, « une discrimination positive à l’embauche ». De son côté, le jeune trentenaire Yaaseen Edoo, contraint de se déplacer en fauteuil roulant, est resté sans emploi trois ans après son BSC. Pour lui, le problème majeur pour bon nombre de handicapés est le transport. « Plusieurs ont un diplôme mais, faute de facilité de transport, sont sans emploi. Trois choses sont prioritaires : le transport, l’éducation et l’emploi », souligne-t-il. Le Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius, Pradeep Dursun, qui représente le secteur privé, fait quant à lui ressortir que « le fait d’avoir un diplôme ne veut pas dire qu’on a déjà acquis les compétences pour un métier ». Il faut, ajoute-t-il, que ces personnes puissent suivre les cours de formation comme n’importe quel autre jeune. Et de faire part d’une autre réalité : « Beaucoup d’entreprises peinent à repérer les personnes avec handicap et qui sont employables. »

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REAZ CHUTTOO (CTSP) : Des “incentives” pour embaucher les handicapés »

Le taux de chômage chez les jeunes est élevé à Maurice. Les jeunes handicapés ont encore plus de mal à trouver un emploi. Quel est votre constat de l’accès au monde du travail pour les handicapés ?

Pour moi, c’est une farce car, à Maurice, les personnes en situation de handicap sont vraiment négligées. Dès leur plus jeune âge, ces personnes sont prises en charge par des Ong alors que les enfants dits « normaux » ont accès à l’éducation gratuite payée par l’État. Bien des écoles pour enfants en situation de handicap réclament des prix exorbitants. C’est le signal envoyé par l’État lui-même que ces enfants sont des laissés-pour-compte. Cela se voit aussi dans la mentalité des employeurs. Si on embauche une personne handicapée, on lui donne Rs 4 000. Les employeurs les voient comme des éléments freinant la productivité. Il n’y a pas de valorisation de ces ressources à Maurice.

On se souvient du cas d’Aarthi Burtony qui, en dépit de son LLB, s’est vu proposer il y a quelques années un poste de réceptionniste. Comment interprétez-vous cela ?
D’abord, c’est scandaleux car déjà, la personne souffre d’un handicap. Vous la mettez dans une situation qui affecte sa santé mentale. Vous lui montrez que tous les efforts qu’elle a faits ne vous intéressent pas. Vous montrez que vous employez une personne en situation de handicap et il faut la mettre dans une vitrine en lui donnant un poste de réceptionniste. Les autorités ne font rien. Si nous revenons en arrière, dans les années 40-50, l’État embauchait les personnes souffrant du polio au ministère de la Santé. Aujourd’hui, on peut compter combien de personnes handicapées sont embauchées dans la fonction publique. Cette culture est profondément ancrée dans l’État.

Selon la loi, toute entreprise ayant plus de 35 employés doit employer un quota de personnes en situation de handicap. On sait qu’elles sont nombreuses à ne pas respecter cette loi…

Elles ne le font pas. Celles qui n’observent pas cette pratique doivent payer une amende mais il y a beaucoup qui ne le font pas, et ce sans en être inquiétés. Cela montre à quel point les autorités ne font pas le suivi et à quel point les handicapés sont négligés.

Le rapport du Comité des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées souligne que Maurice a du chemin à faire et déplore un manque d’infrastructures et de lois adéquates. Êtes-vous d’accord ?

Je suis d’accord. Nous sommes tous responsables. La CTSP est la seule fédération ayant proposé, par le biais de Jane Ragoo, qu’il y ait une Special Education Needs Authority (SENA) en vue de ne pas négliger les handicapés dans leur enfance mais les former. Mais, il n’y a pas assez de force. Lorsque l’État voit qu’il n’y a pas assez de voix au niveau national, il néglige cet aspect-là. Les Nations unies ont dit que Maurice doit faire plus, que ce soient les employeurs, l’État, tous.

Il y a des personnes en situation de handicap qui ont un talent hors de l’ordinaire ou qui ont un tempérament fonceur, comme Jane Constance ou Aarti Burtony, et qui arrivent à briller dans la société. Mais qu’en est-il des autres qui ont moins de talent ? Quel avenir professionnel pour eux ?

Il y a aussi des personnes en situation de handicap qui ont des talents mais qui ne trouvent pas de débouchés. Ma femme travaille avec les enfants handicapés et il y avait un élève qui était très doué. Il n’avait qu’à regarder une image et il pouvait la reproduire à l’identique. Cela n’empêche qu’il a rencontré beaucoup de difficultés à exposer ses œuvres dans une galerie. Il y a donc un manque de facilités. S’il y avait des facilités permettant à ces personnes de gagner leur vie… La clé, c’est qu’il faut prendre en charge les enfants en situation de handicap, détecter des talents chez eux et leur donner des facilités. Parmi les handicapés qui ont réussi, beaucoup le doivent à la chance. Ils ont participé à une compétition et ont été repérés pour leur talent. Beaucoup ont des talents cachés. C’est l’État qui doit prendre en charge l’éducation de ces enfants et tout commence là.

Faut-il, selon vous, une formation professionnelle spécialisée pour les personnes en situation de handicap ?

Intégrer le “mainstream” est important mais il faut avoir tout le support logistique. Aujourd’hui, l’éducation spécialisée à Maurice, c’est le braille et le langage des signes. À croire qu’il n’existe que ces deux handicaps à Maurice. Est-ce que l’Université de Maurice dispose de supports logistiques nécessaires pour les étudiants qui veulent faire des études de droit par exemple? Est-ce que nos cours de justice peuvent les accommoder? On peut avoir des éducateurs spécialisés pour aider les enfants. N’est-il pas temps que, lors de la présentation du JT, il y ait aussi la version en langage des signes? Tel n’est pas le cas car ce n’est pas dans l’intérêt des décideurs politiques. Souvent, on se sert des personnes handicapées pour présenter le Budget, pour dire que telle pension a été revue. C’est une sorte de marketing pour eux.

Les infrastructures dans les institutions de formation, comme les universités, ne disposent pas toujours de rampes pour fauteuils roulants…
Justement, à l’UoM par exemple, il y a plusieurs salles de cours avec des escaliers. Même quand il existe des facilités pour personnes handicapées, il faut faire le tour pour y accéder. Avec le 9-Year Schooling, on construira des écoles et le Metro Express est en chantier. C’est le moment de proposer de nouvelles facilités. Voyez avec quelle facilité les municipalités ont rendu les toilettes publiques payantes alors qu’il n’y en a aucune qui soit accessible aux handicapés. Donc, dans toutes les sphères de la société, les handicapés sont négligés.

Pensez-vous qu’on puisse parvenir un jour à l’égalité des chances dans le monde professionnel pour les handicapés ?
Moi, je suis convaincu que nous devons commencer quelque part. Depuis trois ans, ce gouvernement dit qu’il créera une SENA. Avec l’introduction de la SENA, beaucoup de choses changeront car l’État devra dire combien de personnes handicapées il y a et exigera qu’à l’embauche il y ait une discrimination positive avec des places réservées. La pension de Rs 4 000 doit être augmentée à Rs 10 000. Il faut donner des “incentives” aux employeurs pour embaucher les handicapés à travers une rémission de la taxe par exemple ou des facilités d’emprunt à la DBM. De plus, pour avoir leur permis, les bâtiments des centres commerciaux, des hôtels, etc. doivent avoir des accès faciles pour les handicapés car l’espace public inclut aussi les handicapés.

YAASEEN EDOO (Jeune avec handicap) :
« Je ne me suis jamais laissé décourager »

En 2015, avec un BSC (Hons) en Multimedia and Web Technology en poche, vous avez cumulé des reconnaissances internationale et nationale avec le Queen’s Young Leader Award et le JCI Outstanding Young Person Award. Pourtant, à l’époque, vous restiez sans emploi. Quelle est votre situation professionnelle aujourd’hui ?
Effectivement, ce n’est que deux ans après que j’ai remporté ces prix, soit en décembre 2017. J’ai reçu une proposition de rédacteur en chef d’un journal : Handicap Universel qui sort tous les trois ou quatre mois. J’écris mon édito et je trouve des articles avec la collaboration d’une équipe. On réalise des interviews de personnes en situation de handicap et qui ont réussi. Nous avons une rubrique sur la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Nous racontons les diverses difficultés rencontrées par ces personnes : emploi, accessibilité et éducation inclusive, entre autres. Nous proposons aussi des solutions dans l’espoir que le gouvernement prenne des actions. Nous le distribuons un peu partout. Étant membre du NCRD, je remets des copies au ministère quand il y a des réunions. J’ai ma carte de presse et je travaille de chez moi. À l’avenir, si j’ai des facilités de transport, je couvrirai peut-être les conférences de presse. Ce serait une première car il n’y a pas de journaliste exerçant en fauteuil roulant encore.

Avez-vous un salaire fixe ?
J’ai reçu un premier salaire. Je reçois un salaire à chaque fois que le journal sort et le montant dépend des sponsors reçus.

Êtes-vous satisfait ?
Je suis satisfait dans le sens où je travaille de chez moi et cela pallie le problème de transport pour ceux en fauteuil roulant. J’ai entièrement le temps de contacter les personnes en situation de handicap mais c’est vrai que j’aurais souhaité avoir un salaire fixe chaque mois. À travers Internet et la fibre optique aujourd’hui, ce n’est pas un problème de travailler de chez soi. Le Premier ministre avait annoncé dans le Budget l’introduction du concept “Work from Home”. J’ai lui ai envoyé une lettre pour lui demander d’étendre cette initiative aux personnes handicapées. En effet, il y a plusieurs personnes qui ont un diplôme mais qui, faute de facilité de transport, sont sans emploi. Moi-même, j’ai reçu plusieurs offres que j’ai dû décliner faute de facilités de transport. Si je dois voyager en taxi, cela me reviendra très cher. En Europe, même des personnes bien portantes travaillent de chez elles. On parle de « Smart Island », alors pourquoi ne pas introduire un tel système ? Si le gouvernement veut vraiment améliorer la situation professionnelle des handicapés, ce n’est pas difficile. Aujourd’hui, nous avons téléphones portables, Skype, WhatsApp, etc.

Combien de temps êtes-vous resté sans emploi après votre diplôme ?
Trois ans. Cela a été difficile, surtout quand on pense à tous ses efforts pour ensuite rester sans emploi. Mais, je ne me suis jamais laissé décourager. Je suis toujours positif. Maintenant, tout le monde n’a pas cette force mentale. Même quand je n’avais pas de travail, j’envoyais des articles aux journaux.

À cause de votre handicap (déformation de la moelle épinière le contraignant à se déplacer en fauteuil roulant), vous avez complètement raté le cycle primaire. Vous avez su persévérer pour poursuivre vos études, décrocher votre BSc et vous illustrer sur plusieurs fronts. Qu’est-ce qui manque, selon vous, pour que vous soyez employable de manière plus stable si on peut dire ?
Ce qui manque, c’est le transport, surtout pour les personnes en fauteuil roulant. Il y a plusieurs types de handicap. Les personnes en fauteuil roulant et les non-voyants ont plus de difficultés à se déplacer. Pour améliorer la vie de ces personnes, il faut travailler sur l’accessibilité, et même au niveau des infrastructures. Le gouvernement a annoncé Rs 37 milliards pour les infrastructures. Pourquoi ne pas faire des rampes comme au centre commercial de Phoenix et de Riche-Terre? Pourquoi ne pas importer les Low Floor Buses? Les “semi-low floor buses” ne sont pas adaptés aux handicapés. Les anciens bâtiments doivent être munis de rampes. Il faut aussi une éducation inclusive. Notre système ne forme pas les profs à la langue des signes et au braille. Les collèges doivent avoir des rampes. Il est aussi très important que le gouvernement commence à recruter des personnes avec handicap car, selon la loi, 3% des employés doivent être des handicapés si l’entreprise emploie plus de 35 personnes. Cette loi s’applique pour le privé mais pourquoi le gouvernement ne s’y soumet-il pas ? L’Inde l’a fait. Trois choses sont prioritaires : le transport, l’éducation et l’emploi. Les autres droits découlant de la Convention suivront automatiquement si ces trois sont observés.

Le Premier ministre a même cité votre nom et celui de Jane Constance l’an dernier à l’occasion de la Journée des personnes avec handicap comme Mauriciens ayant fait la fierté du pays sur le plan international. Pourtant, aucune proposition d’emploi du gouvernement… Qu’en est-il donc des handicapés qui ne se sont pas illustrés ?
Nous avons fait la fierté de notre pays mais les autres qui ne sont pas connus ont plus de difficultés encore. Il y a aussi ceux qui souffrent de déficience intellectuelle et qui ont plus besoin d’aide. À l’étranger, le gouvernement fait beaucoup pour que ces derniers s’épanouissent et trouvent un travail. Ici, il est vraiment dommage que tel ne soit pas le cas même s’il y a eu beaucoup de progrès comme la pension contrairement à d’autres pays où les handicapés n’en bénéficient pas.

Vous avez choisi d’être le porte-parole des handicapés. Vous êtes membre d’Ong internationales comme le Global Partnership on Children with disabilities de l’Unicef. Vous luttez pour que leurs droits ne soient pas bafoués. N’avez-vous pas parfois le sentiment que vous luttez dans le vide ?
Ce que je déplore à Maurice, c’est l’absence d’unité envers les personnes en situation de handicap. Chacun se fait le porte-parole de soi-même mais on ne se met pas autour d’une table. C’est une des plus grandes difficultés auxquelles nous faisons face en tant qu’activistes. D’autres pays plus en difficultés que Maurice ont plus de solidarité et, quand ils descendent dans la rue, le gouvernement de leur pays doit céder. Si demain il y a cette unité, beaucoup de choses changeront.

PRADEEP DURSUN (COO Business Mauritius) :
« L’accès à la formation et à l’éducation importants »

Le taux de chômage chez les jeunes est élevé à Maurice. Les jeunes handicapés ont encore plus de mal à trouver un emploi. Quel est votre constat de l’accès des handicapés au monde du travail ?
Il y a eu des avancées mais il reste beaucoup à faire. De manière générale, aujourd’hui, il faut foncièrement être employable pour avoir accès au monde du travail. Il faut avoir les compétences. L’accès à la formation et à l’éducation est très important. Pour les personnes handicapées, si elles n’ont pas eu accès à l’éducation dite normale, à la formation, cela devient plus difficile d’entrer dans le monde du travail. Si le jeune avec handicap n’a pas été bien scolarisé, n’a pas eu accès à la formation professionnelle, il est désavantagé parce qu’il n’a pas eu l’expérience. D’où la nécessité pour que les différents segments aient une politique de formation pour ces jeunes.

Est-ce qu’il faudrait une discrimination positive pour les personnes avec handicap ?
Il y a beaucoup de mesures mais déjà il faut commencer par augmenter le nombre de jeunes avec handicap à avoir une scolarité normale. L’accès à l’éducation inclusive est prioritaire. Il faut qu’ils puissent suivre le cursus, les cours de formation comme n’importe quel autre jeune.

Nos établissements éducatifs ne sont pas toujours équipés pour cela…
Il y a eu des avancées. Il faut promouvoir encore plus cela. The building of an inclusive nation is an ongoing process. On ne peut pas dire qu’on a tout fait. Ici et là, on voit des rampes, des ascenseurs, un réaménagement infrastructurel, on commence à promouvoir la mobilité… Malgré tous les efforts, il faut faire encore plus et c’est seulement ainsi qu’on pourra promouvoir l’accès à l’emploi des personnes avec handicap.

Selon la loi, toute entreprise ayant plus de 35 employés doit embaucher un quota de personnes handicapées. On sait qu’elles sont nombreuses à ne pas respecter cette loi…
Premièrement, il y a beaucoup d’entreprises qui emploient des personnes avec handicap, et ce avant même l’introduction de cette loi. Force est de constater que ces personnes ne veulent pas être considérées comme des personnes avec handicap. Elles ne sont pas répertoriées dans les registres comme ayant un handicap. On ne peut se fier aux registres de la sécurité sociale, il faut certainement avoir un recensement plus approfondi. Dans beaucoup d’entreprises, il y a des personnes avec handicap mais qui ne sont pas comptabilisées comme telles. Elles ont été recrutées pour leur “ability” et non leur “disability”. Beaucoup de ces personnes, aujourd’hui, ne voudront pas se faire enregistrer en tant que personnes avec handicap. Deuxièmement, effectivement, beaucoup d’entreprises peinent à avoir des jeunes en situation de handicap en âge de travailler, ayant été formés pour le travail. C’est vrai qu’il y a un quota, une loi mais nous avons beaucoup de cas où les entreprises sont à la recherche de listes de personnes formées.

Il faudrait donc, selon vous, un recensement de ces personnes pour pouvoir mieux les repérer ?
Selon la loi, il y a le Training and Employment of Disabled Persons Board qui a la responsabilité d’enregistrer les profils des personnes avec handicap, de les former. Je ne veux pas porter de jugement sur son travail mais cette institution gagnerait à améliorer ses services et se doter de ressources et moyens pour mieux encadrer des personnes avec handicap. Il y a aussi un travail de conscientisation à faire auprès des familles. Le handicap à Maurice a toujours été tabou. Mais, l’accès à l’information, à l’éducation et à la formation est primordial.

Il y a parfois des jeunes qui ont une formation mais qui se voient proposer des postes pas forcément à la hauteur de leurs compétences, comme le cas d’Aarthi Burtony qui, avec un LLB il y a quelques années, s’est vu proposer un poste de réceptionniste.
L’idéal serait que la personne trouve un emploi dans le domaine où elle s’est formée. Mais, aujourd’hui, le fait d’avoir un diplôme en lui-même ne veut pas dire qu’on a déjà acquis les compétences pour ce métier. Il faut aussi encadrer les jeunes à être mieux préparés aux réalités du travail. Très souvent, notre premier geste face à une personne qui a un handicap, c’est bien plus de la pitié. Ce n’est pas cela qu’il faut. C’est une personne qui devrait être mieux intégrée dans la société. Il faut sensibiliser les parents. Pour combattre le handicap, il faut être inclusif et pour l’être, les infrastructures et la mobilité sont très importantes. Il faut qu’une personne avec un handicap puisse se sentir à l’aise dans la société.

Pensez-vous que l’État devrait donner l’exemple en recrutant davantage d’handicapés ?
Certainement. L’État doit remplir son rôle et doit pourvoir des facilités de transport et l’éducation gratuite pour les handicapés.

Faut-il une formation professionnelle spécialisée pour les personnes en situation de handicap ?
Oui, peut-être doivent-elles avoir une formation professionnelle un peu taillée sur mesure, avec un syllabus plus élargi prenant en considération les dispositions de la personne. Il y a aussi des personnes qui développent un handicap suite à un accident ou à un souci de santé. On ne peut du jour au lendemain leur demander de ne plus travailler. Avec quelques “reasonable ajustments”, ces personnes continuent de travailler.

Quelle est la contribution de Business Mauritius dans l’employabilité des handicapés ?
Notre engagement dans le monde du handicap remonte à très loin. Il se décline en trois volets. Premièrement, au niveau des conseils, de soutien et de formation à l’égard de nos membres pour les préparer sur ce que dit la disposition légale et à recruter une personne avec handicap et l’intégrer dans l’équipe. On a développé un manuel sur comment gérer les personnes avec handicap en entreprise. On fait aussi la formation des jeunes avec handicap. Nous avons un cours en Office and IT Skills depuis les 10-15 dernières années. Ce sont des cours dispensés chez nous. Chaque année, une vingtaine de jeunes sont formés pour 4-6 mois avec un stage en entreprise. Nous travaillons en étroite collaboration avec des Ong qui nous envoie ces jeunes. Nous avons monté ce programme avec l’école des sourds. L’instruction a été faite en langage des signes. La plupart des personnes formées décrochent un emploi dans l’entreprise, où elles ont fait un stage. Dans un des KFC, il y a des malentendants qui travaillent en binôme. Nous finançons aussi des Ong pour promouvoir la formation de personnes handicapées.

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