MALGRÉ LA MENACE À PEINE VOILÉE DE REDUNDANCY : Air Mauritius : No-Show à l’ultimatum 


  • Les syndicats d’Air Mauritius sollicitent l’arbitrage du ministre du Travail, Soodesh Callichurn, devant l’entêtement de l’administrateur de remettre en question les MOU sur les conditions de service
  • Probable dernier Basic Pay ce mois-ci pour une bonne partie du personnel de la compagnie aérienne avec la menace de Redundancy sous la clause 72 de la Workers Rights Act

À l’expiration de l’ultimatum à midi hier, imposé par Sattar Hajee Abdoula, l’un des deux administrateurs de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius, les syndicats d’employés ont apposé un No Show. Cette démarche de la majorité des syndicats d’employés d’Air Mauritius, soit sept sur onze, était anticipée, vu l’opposition exprimée quant à la demande de l’administrateur pour renoncer aux MOU signés avec la compagnie au sujet des conditions de service. En parallèle, les sept syndicats, dont l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) ont sollicité l’intervention du ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn.

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Toutefois, à la date du 15 juin, indiquée par les syndicats pour cet échange avec le ministre, il pourrait être déjà trop tard, car les indications obtenues de sources généralement bien renseignées à hier après-midi laissaient comprendre que le processus de mise sous administration d’Air Mauritius est sur le point de passer à une étape supérieure, avec la mise en application de la section 72 de la Workers Rights Act, revue et corrigée sous la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act.
Ainsi, les sept syndicats, la MALPA, l’AMCCA, la LAEA, l’AMTSSU, l’AMSA, la PTEU et l’UEAML, qui se sont rencontrés jeudi pour passer en revue la situation et décider de la marche à suivre par rapport à la sommation de l’administrateur sur les MOU ou encore les Collective and  Procedural Agreements, affirment que “as per the rules and regulations laid down in their union constitution and legal advice received, the union president, secretary and executive committee had no legal or moral right to bind their members and non-members by conceding under duress or otherwise to any of the two instructions given by the administrators”. De ce fait, ils n’ont pas répondu à la requête de Sattar Hajee Abdoula, communiquée lors d’une série de réunions mardi dernier.
A vertical
reduction policy
Avec l’étape de midi le vendredi 22, la menace de Redundancy pour “Up to 50%” du personnel de la compagnie aérienne se précise de plus en plus. Ainsi, une bonne partie d’entre eux appréhendent le fait de toucher leur dernier Basic Salary en cette fin de mois de mai. La crainte des syndicats par rapport à l’Impending Redundancy au sein de la compagnie se traduit par cette phrase dans la lettre adressée au ministre du Travail, hier, à savoir “they (the administrators) will apply a vertical reduction policy of 50% across all categories of employees”.
Du côté des administrateurs, dont la mission est de tenter de sortir Air Mauritius de l’Insolvency au plus tard en novembre, le message se résume à “il n’y a pas de liquidité. Il n’y a pas d’activité. Il n’y a pas de visibilité quant à la reprise”. La masse salariale serait de l’ordre de Rs 350 millions en cette fin de mois. Et cela pour justifier les décisions devant être mises à exécution dès la fin de ce mois alors que les négociations se poursuivent avec les Lessors et autres créanciers en vue de revoir les arrangements financiers et repousser les échéances dans le cadre d’un Recovery Plan à élaborer pour Air Mauritius.
On affirme dans le camp des partenaires de Grant Thornton que le temps est aussi limité pour sauver  ce qui reste de la compagnie aérienne et que les démarches liées au dégraissage s’activent pour les besoins des procédures devant le Redundancy Board présidé par Rashid Hossen sous la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act.
Les propositions des pilotes restées sans réponses

Dans un document envoyé le mercredi 13 mai aux administrateurs d’Air Mauritius, la Mauritian Air Line Pilots Association (MALPA) et l’Airline Employees Association (AEA) avaient formulé une série de propositions, dont celle de permettre à la compagnie d’économiser plus de Rs 560 millions pour l’année financière en cours.
Les deux syndicats des pilotes rappellent que lors d’une réunion le 6 mai avec les administrateurs volontaires d’Air Mauritius, Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool, ces derniers avaient soutenu sans ambiguïté aucune pour que la compagnie aérienne continue de voler il fallait une réduction de 50% de l’effectif pilote réel, une réduction de l’enveloppe financière du pilote et de la mise au panier de l’accord collectif 2018. Il était alors entendu qu’il était nécessaire de revoir immédiatement le coût du volet pilotes afin de la réduire de quelque 50%, tout en trouvant l’équilibre nécessaire pour assurer la pérennité de la compagnie aérienne à court terme et rentable, à moyen terme.
En conséquence, les syndicats de pilotes affirment que leurs propositions visent à réduire le coût de quelque 50%. Ils soulignent que le coût de l’année dernière était de Rs 900 millions et proposent une réduction de Rs 460 millions des coûts de main-d’œuvre des pilotes uniquement et d’autres économies s’élevant à Rs 102 millions pour les Fuel Procurement Contracts ( Rs 44 millions), les uniformes (Rs 30 millions) et la diminution (Rs 28 millions) .
Selon les syndicats de l’AEA et de la MALPA, les administrateurs considèrent aussi la convention collective 2018 comme non-durable. Ce qu’ils contestent. Selon eux, les émoluments des pilotes représentent actuellement moins de 5% des coûts totaux pour la société. La convention collective 2018 représente une augmentation de 10% des coûts, dans le respect de la convention collective 2011. Ils rappellent qu’au cours de la période 2011 à 2018, la société a publié plusieurs fois ses bénéfices, dont un bénéfice record dépassant Rs 1 milliard.Le cri du coeur du personnel : “On nous demande de ply bagaz aller »
Depuis la mise sous administration de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius, la situation est des plus stressantes pour les employés qui se retrouvent aujourd’hui dans l’impasse. Et depuis mardi soir, la tension est montée d’un cran. La menace de réduction du personnel de 50% se transforme de plus en plus en cauchemar.
Les membres du personnel d’Air Mauritius déplorent la manière de faire des administrateurs et rappellent que « tout au long de l’histoire de la compagnie aérienne, les employés ont toujours soutenu l’entreprise. Que ce soit durant la guerre du Golfe, le hedging, l’attentat terroriste du 11 septembre… Et cette fois également », disent-ils.
S’agissant de l’actuelle situation, les employés de MK font ressortir que « ce n’est pas que nous ne voulons pas renoncer à notre MoU pour aider l’entreprise. Nous sommes d’accord pour mettre ces accords en mode pause, le temps nécessaire à la réémergence de l’entreprise et à son envol. Mais nous ne pouvons accepter ce qu’ils demandent, soit total null and void of working conditions. »
Des employés expliquent avoir travaillé dur pour cela. « Nous ne bénéficions pas du PRB chaque année. Nous avons à nous battre pour des protocoles d’accord tous les trois ans. Et nous avons déjà fait des concessions, car MK ne pouvait pas traiter le prochain protocole d’accord pour des raisons de financement. MK nous doit déjà un Backpay sur le dernier MoU depuis 2014 », disent-ils.
S’attardant sur les points avancés par les administrateurs au chapitre du MoU, dont la Language Allowance, les membres du personnel navigant font, eux, ressortir que « notre MoU ne consiste pas uniquement en une allocation linguistique qui, soit dit en passant, n’existe plus, puisque nous avons maintenant des annonces préenregistrées. Ces annonces étaient obligatoires depuis longtemps. Par exemple, pour l’Allemagne, il était nécessaire d’avoir à bord un membre de l’équipage parlant l’allemand et cette allocation était un incitatif ».
Ainsi, les employés de MK rappellent que le MoU concerne leur salaire et d’autres allocations importantes du fait qu’ils sont payés selon leur travail tous les jours indistinctement…  « Pas de week-end, pas de jour férié, ou de Nouvel An, ou de 1er Mai, ou de shift system… Selon les lois de Maurice, rien n’est payé en plus », disent-ils. Ils rappellent que « les employés ont toujours fait des sacrifices et malheureusement, ce sont aujourd’hui les premiers à qui l’administrateur demande de ply bagaz aller! »

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