Manifestation – Ashok Subron : « Un stress social terrible dans le pays »

Konversasyon Solider : « La présence à cette marche est une question de solidarité envers les milliers d’anonymes qui perdent leur emploi du jour au lendemain »

- Publicité -

Le collectif Konversasyon Solider prend aujourd’hui le pari de la première mobilisation populaire post-COVID-19. Cette idée a germé pendant le confinement, suivant l’adoption de la Covid-19 Act « sans consultations » avec les organisations civiles. Les amendements à la Workers Rights Act ont été particulièrement critiqués par le collectif. « Aujourd’hui, les retombées se mesurent par le passage régulier devant le Redundancy Board, pour défendre des travailleurs menacés de licenciements », confie Ashok Subron, porte-parole du collectif. La mobilisation du jour, ajoute-t-il, agira comme « contre-balance du basculement » survenu pendant le confinement. À la question de savoir si la tenue de cette marche constitue un pari risqué, il répondra « pour tout Mauricien c’est une question de solidarité envers ces milliers d’anonymes qui du jour au lendemain perdent leur emploi et se retrouvent sans le sou sur le pavé ».

Ashok Subron rappelle que le 13 juin dernier, 300 délégués de différentes organisations avaient voté en faveur de cette marche. « Il ne s’agira pas d’un meeting, car dans un meeting, il y a des spectateurs. Ici, nous aurons des acteurs. Ceux qui y participeront viendront soutenir les revendications du collectif. Cette manifestation n’appartient pas à l’un ou à l’autre. Nous n’avons fait que créer l’espace d’expression nécessaire pour ceux qui n’ont pas pu s’exprimer pendant qu’on votait la loi. »

L’idée de la mobilisation, poursuit-il, est de rétablir la balance après le « basculement » survenu pendant le confinement. « Nous avons constaté que toutes les prises de décisions sont faites en faveur des intérêts économiques, surtout les gros intérêts. Aujourd’hui, on prévoit même de prendre des sommes énormes de la Banque de Maurice pour injecter dans le secteur privé, et on parle d’accord confidentiel. Or, tout ce qui relève de l’argent public doit être rendu public. »

De plus, poursuit Ashok Subron, les conséquences économiques et sociales de la pandémie ont été transférées sur le dos des travailleurs. La preuve, dit-il des syndicalistes doivent chaque semaine se rendre au Redundancy Board pour accompagner les travailleurs menacés de licenciement. « Il y a une petite partie où l’on arrive à freiner la tendance, mais malheureusement, dans la majorité des cas, les travailleurs ne sont pas organisés et ne peuvent se défendre. Il y a un stress social terrible dans le pays. Alors que les travailleurs du tourisme sont dans l’incertitude, il y a des compagnies auxiliaires de ce secteur qui licencient. D’autres grandes compagnies, comme ENL, IBL ou le Freeport, ont changé le système de travail. Il y a aussi une tendance auprès de grands groupes hôteliers pour appliquer le Part-Time Job. Ce qui entraînera une réduction des salaires versés à l’employé. »

Tout ceci, ajoute Ashok Subron, a été rendu possible par les amendements apportés à la Workers Rights Act sous la COVID-19 (Miscellaneous) Act. Pour ces raisons, dit-il, la société est entrée dans une période de mobilisation permanente. « Car n’oublions pas qu’à part la COVID-19 Act, il y a eu aussi des amendements à la Quarantine Act, créant ainsi un système dictatorial. Il faut prendre tout cela en considération dans l’éventualité d’une résurgence de la Covid-19. » Il regrette également que les autorités compétentes n’aient pas tiré les leçons de la pandémie au chapitre des inégalités sociales. « On tente de Reboot un système qui a montré ses limites, alors que la pandémie aurait dû être un Eye Opener pour instaurer un système soutenable et solidaire. »

La mobilisation, poursuit-il, « portera les valeurs qui défendent la vie ». À ce sujet, une plante endémique sera mise en terre sur la Place de la Cathédrale, pour exprimer l’attachement à la terre. « Il s’agira de la nécessité de réorganiser la société post-confinement et face à une possible résurgence. Nous nous attendions à des assises citoyennes suivant cette dure épreuve que le pays a traversée, mais nous avons eu droit à des décisions arbitraires. Il sera aussi question de rendre les libertés qui ont été retirées aux citoyens. »

Ashok Subron rappelle également que l’appel a été lancé à toutes les organisations sociales et politiques. On sait que le leader de l’opposition, Arvin Boolell, a déjà accordé son soutien à la mobilisation. À ce sujet, Ashok Subron déclare : « Tous ceux qui embrassent les revendications sont invités à participer. Mais c’est la vie qui sera mise en avant, pas les personnes, ni les partis politiques. » Quant à la suite de ce rassemblement, il ne peut encore se prononcer. Aucune décision n’a été prise pour l’heure. Toujours est-il que d’autres organisations préparent des mobilisations. « Nous allons voir quelles sont les revendications et comment cela rejoint notre combat. Car le plus important, actuellement, c’est de développer le contrepoids par rapport au basculement qui s’est produit pendant le confinement. Il faut rétablir la balance. Il y va du “livelihood”,» conclut-il.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -