MARCHE CITOYENNE 29 AOÛT – Le Prime Ministership de Pravind Jugnauth dans le collimateur des manifestants

La gestion des affaires de l’État par le gouvernement dirigé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a été sévèrement critiquée lors de la marche citoyenne de samedi dans les rues de la capitale, envoyant un signal fort à l’hôtel du gouvernement à l’effet que plusieurs dossiers, relevant de la responsabilité des dirigeants du pays, comportent « des failles inacceptables ». Le rendez-vous du 29 août a dépassé toutes les attentes, avec un nombre impressionnant de Mauriciens mobilisés et rassemblés sur la place de la Cathédrale avant même le coup d’envoi de cette messe citoyenne, prévue à 13h et les artères principales de la capitale pendant tout l’après-midi dans un  respect de l’ordre et de la discipline à toute épreuve.

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Cet événement, synonyme d’un Wake-Up Call pour l’administration du pays, devrait être le début d’une mouvance exerçant la pression sur L’Alliance Morisien à peine neuf mois après le verdict des législatives de novembre 2019 avec, dans la foulée, une pétition contre le gouvernement circulée pour être ensuite déposée à la State House prochainement à l’attention du président de la République.

Le ton adopté durant la marche de samedi a été très sévère contre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ainsi que des membres de son cabinet ministériel. Le principal slogan le long de cette marche réunissant des Mauriciens des quatre coins de l’île a été un cinglant « fou li deor ». Jeunes et vieux, arborant des t-shirts noirs avec des messages pertinents comme « I’m proud of my country, I’m ashamed of my government » ou encore « Moris dan mare nwar », munis du quadricolore, ont répondu présent à l’appel de l’organisateur Bruneau Laurette. Les marcheurs ont envahi la capitale à travers les multiples artères débouchant sur la rue Pope Hennessy au fil des minutes à partir de 10h avec des pancartes : « Pravind tonn fote »; « Gouvernman kriminel nou pa le »; « Anou refer Moris. Enough is enough »; « Gouvernman lev pake »; « Prav-20 Out »; « Morisien pa kouyon »; « Soudire out »; « Kot monn fote ? »; « If you are waiting for a sign, here it is ». 

Les manifestants se sont mobilisés pour prendre position et ont affiché leur désapprobation quant à la gestion de plusieurs dossiers relevant des responsabilités de l’État mauricien, avec celui du MV Wakashio déclenchant ce sentiment de « révolte ». Les slogans ont été brandis pour démontrer un ras-le-bol qui s’est installé parmi de nombreux Mauriciens et qui ont fait acte de présence pour que le gouvernement puisse comprendre le sérieux de cette démarche citoyenne.

La marche a démarré à la Place de la cathédrale à 13h pour que la “Frontline” puisse voir la fin du cortège. Le Starting Block était au point du théâtre de Port-Louis alors que la Place de la Cathédrale et les abords de la Cour intermédiaire accueillaient toujours d’autres manifestants. C’était d’ailleurs sans compter ceux qui avaient rejoint les manifestants depuis la Place D’Armes ou encore la Gare Victoria. « Gagn frison sa la foul-la. Kouma dir ban Meeting lontan », disaient d’ailleurs de nombreux seniors. Dans cette foule, l’on pouvait retrouver pêcheurs, plaisanciers, skippeurs, amoureux de la mer, de la nature, employés de bureau, hommes politiques, syndicalistes, des employés d’Air Mauritius, artistes et travailleurs sociaux, entre autres. De nombreux jeunes universitaires ou encore des chômeurs étaient aussi sur place avec tambours et vuvuzela.

À un moment donné, alors que le peloton de tête était déjà arrivé rue John Kennedy, d’autres manifestants étaient encore à hauteur du Bureau du Premier ministre. La foule était compacte et sans « trou », avec les organisateurs ainsi que les forces de l’ordre incapables de précipiter le rythme. « Pena kominote, pena laz, pena kouler, pena blan pena nwar, Morisien ki prezan isi la. Noun vinn dir Leta ki noun plin ek zot bann zistwar dormi dibout », laissait entendre un jeune homme venu du sud-est.

Ils étaient d’ailleurs nombreux venus du sud de l’île pour se faire entendre contre ceux qu’ils qualifient d’amateurisme qui a prévalu durant l’épisode MV Wakashio, remontés après que des dauphins ont été retrouvés échoués dans cette partie de l’île. « Noun ase ek sa zafer dir nou mo pa okouran la. Ou bien vinn dir nou pa ti kapav fer sesi ou sela. Si pa kapav dirize, lev pake ale », affirmait une vieille dame pour qui cette foule représente un sursaut sans précédent du mauricianisme. « Pa pe vinn fer politik-la. Mesaz-la pou zot tou. Politisien bizin aret servi dimoun zis pou eleksion ek asiz dan pouvwar », affirmait un autre universitaire. La marche a pris fin aux alentours de 15h, avec les manifestants toujours dans le “mood” de « fou li deor » rue John Kennedy.

Le rassemblement s’est clôturé au rythme du poignant Sime lalimier de Kaya et Bruneau Laurette affirmant que ce n’est que « le commencement de la pression qui s’abattra sur le pouvoir en place ». Du côté de la police, aucun incident n’a été déploré durant cette marche sans précédent des milliers de Mauriciens.

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