MARÉE NOIRE | Études de l’environnement — SC/HSC : faible intérêt pour la « Marine Science » et « l’Environmental Management »

— Une centaine de candidats pour « l’Environmental Management », mais le nombre est beaucoup plus faible pour la « Marine Science »

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— S. Bissoondoyal et L. Finette, deux anciens directeurs du MES, reprochent aux écoles de ne pas avoir suscité l’intérêt pour les matières correspondant aux nouveaux besoins du pays

La remarquable présence des jeunes parmi ces milliers de citoyens mobilisés depuis vendredi dernier pour nettoyer les plages du sud recouvertes de fioul est fortement saluée de tous côtés. Dommage qu’ils ne soient pas nombreux à s’intéresser au programme de la “Marine Science” et à celui de “l’Environmental Management” que propose Cambridge aux examens de SC/HSC depuis plusieurs années déjà. Un des objectifs était d’aiguiser l’intérêt des jeunes pour les connaissances de base relatives à l’environnement sur terre et en mer, et leur donner goût à poursuivre des études poussées dans cette discipline afin de répondre aux besoins du pays. Toutefois, très peu de jeunes sont au courant de l’existence de ces deux matières. L’occasion d’en parler avec la triste actualité concernant la marée noire au sud de l’île.

La catastrophe écologique révoltante dans le sud de Maurice depuis quelques jours, due au déversement d’huile émanant du vraquier MV Waksahio, a mis en exergue le manque de ressources humaines qualifiées à divers niveaux pour gérer la crise qui s’annonçait dès le jour du naufrage de ce bateau dans les eaux mauriciennes. Tout en reconnaissant que l’heure est davantage à l’action immédiate par toutes les personnes de bonne volonté pour le nettoyage des plages et pour limiter les dégâts, certains soulignent l’urgence de former les jeunes aux métiers de l’environnement devant la vulnérabilité des îles face aux risques de catastrophes naturelles et à d’autres formes de dangers comme celui que connaît Maurice actuellement. « Ce que Cambridge propose déjà aux jeunes dans son programme d’études de SC/HSC est une base pour aller plus loin, mais on n’a pas su canaliser cet intérêt pour les études environnementales et pour la science marine alors que ces filières ont été mises en place depuis plusieurs années » dit Lucien Finette, ancien directeur du Mauritius Examinations Syndicate (MES), qui reproche aux écoles et aux autorités de l’Éducation de n’avoir pas mis en valeur ces matières.

Même critique de la part de Surrendra Bissoondoyal, lui aussi un ancien responsable de cet organisme d’examen. « Cambridge offre déjà des possibilités pour se tremper dans ces disciplines, mais les écoles ne sont pas assez ouvertes aux changements dans le monde. Nous sommes une nation trop conservatrice en ce qu’il s’agit des examens de SC/HSC », constate-t-il. Selon ces deux anciens directeurs du MES, il revient aux écoles et à tous ceux engagés dans l’éducation « de faire la promotion des nouvelles matières importantes pour l’avenir du pays » et d’expliquer qu’il ne faut pas se contenter des matières traditionnelles.

Des 23 000 élèves aux examens de SC/HSC l’an dernier, 115 avaient pris part aux examens de “l’Environmental Management” et environ 70 à ceux de la “Marine Science”, soit 30 pour le SC et 42 pour le HSC. Le nombre de candidats durant ces cinq années à ces deux matières est plus ou moins le même. On note aussi très peu d’engouement pour la “Géographie” et “l’Agriculture”, deux autres disciplines pourtant tout aussi importantes pour répondre aux nouveaux défis du pays par rapport à la problématique du changement climatique.

Lucien Finette, à qui revient l’initiative de l’introduction du diplôme “HSC Professionnal”, nous affirme que, dans le projet qu’il avait élaboré, il avait prévu l’intégration d’une filière d’études en lien avec l’environnement. « Ma vision était d’avoir aussi un “HSC Professionnal”, avec une spécialisation en études marines et le MES avait alors recruté une experte en “Science Marine” pour développer cette filière. Cette personne détient un Doctorat dans ce domaine. On voulait aussi avoir un “HSC Professionnal” en Agriculture à Rodrigues. Mais après mon départ, il n’y a pas eu de suivi dans cette direction, car pour certaines personnes, les idées des autres ne sont jamais bonnes. Il y a un sursaut aujourd’hui et les autorités réalisent qu’il faut développer les compétences locales pour prendre en main les questions liées à l’environnement », explique-t-il.

Selon Surrendra Bissoondoyal, une des explications à ce manque d’engouement pour ces matières liées à l’environnement serait « d’ordre économique » pour les familles. « Ce sont les débouchées d’emploi qui guident les jeunes dans leur choix des matières » souligne-t-il. Il poursuit : « Leurs parents ont aussi un mot à dire parce que ce sont eux qui financent les études. S’ils ont des données par rapport aux perspectives d’emploi, peut-être qu’ils auraient une autre opinion sur les études dans ces domaines. »

Certains chefs d’établissement évoquent de leur côté les difficultés à trouver des personnes détenant les qualifications requises pour enseigner de telles matières. « Nous n’offrons pas ces matières parce que nous n’avons pas d’enseignants formés dans ces domaines », nous ont répondu des directeurs de collège interrogés sur la place de ces matières dans leurs programmes d’études. Tandis que des jeunes en SC et HSC sont surpris, nous disent-ils, d’apprendre que le programme d’études de Cambridge contient de telles matières. « Il y a définitivement un manque d’informations dans les écoles au sujet de ces matières. On n’en parle même pas », déplore un jeune qui s’est rendu à Mahébourg Waterfront ce week-end pour apporter son aide à cet élan national qui s’est manifesté pour le nettoyage du sud, souillé et défiguré par l’huile lourde.

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