Marie Pierrette Lagaillarde, couturière styliste : Quand le séga inspire la couture

Couturière styliste, Marie Pierrette Lagaillarde se passionne pour le métier depuis son jeune âge. Après avoir travaillé dans deux usines différentes pendant douze années, elle ouvre sa propre entreprise en 1992. Ayant pu s’affirmer comme chef d’entreprise, elle aspire à se faire un nom sur le marché international, notamment en France. Sa notoriété, elle la doit à ses ensembles de séga. Rencontre.

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Marie Pierrette Lagaillarde exerce à domicile. Elle a converti deux chambres du rez-de-chaussée de sa maison en atelier de travail. Dans la première pièce, elle expose tous ses produits finis alors que la deuxième sert d’atelier de couture. C’est là que ses deux employées et elle conçoivent toute une gamme de vêtements. Selon cette habitante de Petite-Rivière, âgée de 62 ans, elle est heureuse d’exercer ce métier. Elle travaille avec passion et enthousiasme.

« Je n’avais que 15 ans quand j’ai appris à faire la couture. Après avoir abandonné les études, je me suis inscrite à un cours de formation au centre social de l’endroit pour apprendre les techniques de base de la couture. À partir de là, je confectionnais mes propres vêtements. En outre, je prenais des commandes de quelques amies de l’endroit. Mais, quand j’ai atteint l’âge de 18 ans, j’ai voulu me trouver un emploi stable pour avoir un salaire mensuel. Ainsi, j’ai pris de l’emploi dans une usine fabriquant des gants à Coromandel. Six années plus tard, j’ai décroché un emploi dans une autre usine à Plaine-Lauzun. J’ai débuté ma carrière comme machiniste. Par la suite, j’ai été promue en tant que superviseur. Après la fermeture de l’usine de Plaine-Lauzun, j’ai décidé de me lancer à mon propre compte », explique l’entrepreneuse.

L’escapade réunionnaise
Ces douze années de service dans les deux usines lui ont permis d’apprendre les techniques avancées de la couture. Ainsi, Marie Pierrette a appris à coudre, non seulement des robes décontractées, mais aussi des chemises, des vestes, des vêtements style militaire, entre autres. La couturière styliste se distingue des autres couturières grâce à ses techniques de coutures qui, selon elle, sont plus avancées et plus professionnelles. En 1992, se retrouvant au chômage, Marie Pierrette décide de prendre des vacances et se rend à La Réunion. « En fait, je devais partir à l’île sœur pour recevoir des traitements. En même temps, j’en ai profité pour y passer des vacances. J’ai apporté des tissus pour coudre des vêtements pour une tante établie à La Réunion. De bouche à l’oreille, des amis et proches de ma tante ont pris connaissance de mon talent et ils sont venus avec leurs propres commandes. Ainsi, avant même de lancer mon entreprise, j’étais prisée à La Réunion », dit-elle.

De retour à Maurice, Marie Pierrette réalise qu’il était temps de donner du sens à son travail. Par conséquent, elle décide de se lancer à plein temps dans la couture. « C’est ainsi que mon entreprise a vu le jour. J’ai commencé dans une petite chambre avec une machine à coudre et à broder ordinaire. Je prenais des commandes des personnes dans mon voisinage. Parallèlement, je continuais à coudre des vêtements pour mes clients à La Réunion. Petit à petit, avec les commandes qui grandissaient, j’ai dû acheter deux machines industrielles pour travailler d’une manière plus professionnelle. Aujourd’hui, je confectionne des vêtements sur demande pour tous les âges, que ce soit enfants, femmes et hommes. Je confectionne également, sur mesure, des robes de mariée, des robes de fille d’honneur, robes de soirée ainsi que des habits pour d’autres événements comme la première communion, la cérémonie de baptême, entre autres », explique-t-elle.

Toutefois, sa spécialité demeure les vêtements « séga ». Son ascension dans le domaine textile a été particulière grâce à ses ensembles de « séga ». « Ma plus grande commande vient pour ce type de vêtement. À Maurice, je reçois des commandes pour confectionner des ensembles pour des groupes de chanteurs. Mes clients à l’étranger m’envoient des commandes pour ces vêtements, qui sont très prisés chez les touristes. D’ailleurs, quand je me rends à La Réunion, c’est principalement pour remplir la commande des vêtements “séga”. Récemment et pour la première fois, j’ai reçu une commande d’un hôtel qui souhaite avoir 280 chemises séga. C’est une première ouverture dans les hôtels, et j’espère obtenir encore plus de commandes de ce genre », dit-elle.

L’apport des cours
Outre les vêtements « séga », Marie Pierrette est aussi très sollicitée pour les vêtements de première communion, que ce soit pour les filles ou les garçons. « Je reçois des clients venant des quatre coins du pays pour les vêtements de première communion. D’abord, parce que je confectionne des aubes et des robes de communion blanches de qualité à des prix plus abordables. Je conçois également des vêtements pour d’autres occasions comme le baptême », dit-elle.

Marie Pierrette confectionne également des robes de mariée et des robes pour filles d’honneur. « Après des tenues décontractées et les vêtements séga, j’ai voulu m’aventurer encore plus loin. Ainsi, j’ai commencé à coudre des robes de mariée et des robes de fille d’honneur. Je les confectionne sur mesure et sur commande », fait-elle ressortir. Notre couturière styliste précise qu’elle a une clientèle variée, indépendamment de leur âge et de leur religion. « Je peux même coudre des churidars, des cholis et autres vêtements traditionnels asiatiques », précise-t-elle.

Et d’ajouter qu’elle est devenue une professionnelle dans le domaine grâce aux formations qu’elle a reçues après avoir lancé son entreprise. « Au cours de mes vingt années de carrière, j’ai suivi plusieurs cours de formation qui m’ont permis de me perfectionner dans la couture, notamment à la Fondation Médine Horizons, à la School of Fashion Design and Garment Making et à la JR School Co Ltd. Plus tard, je me suis aussi inscrite au National Women Entrepreneur Council (NWEC), où j’ai bénéficié de plusieurs facilités pour promouvoir mon entreprise. J’ai, entre autres, eu l’occasion de participer à plusieurs foires locales ou j’ai exposé mes produits », soutient Marie Pierrette.

Comme projets d’avenir, Marie Pierrette avance qu’elle souhaite ouvrir un atelier dans un endroit exposé au public. « J’avais autrefois un magasin où j’exposais et vendais mes vêtements mais en raison de son mauvais emplacement, je n’arrivais pas à attirer des clients. Maintenant que je me suis fait un nom, je voudrais bien trouver un emplacement idéal pour vendre mes vêtements », dit-elle.

Par ailleurs, notre couturière styliste cible d’autres pays, comme la France et l’Australie pour exporter ses produits. « Je compte déjà quelques clients dans ces pays mais j’aurais bien aimé exporter en plus grande quantité. D’ailleurs, j’ai un client en France qui aspire à m’envoyer des commandes de vêtements décontractés, séga, entre autres, pour les placer dans son magasin. Ce projet me semble très intéressant car il me permettra de toucher une plus grande clientèle en France », indique-t-elle.

Marie Pierrette qui s’est aussi lancée dans la confection des couvertures de sofa et de chaises ainsi que la couture des tapis, veut se professionnaliser dans ce domaine. « C’est quelque chose que j’ai appris à faire par moi-même. Il est temps que je me perfectionne dans ce métier afin que je puisse diversifier mes activités », nous dit-elle.

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