Maurice-Inde : dernier tournant des négociations

  • Abhay Thakur : « Il nous faut éviter les préoccupations mineures »
  • Usha Canabady-Dwarka : « Nous recherchons la prévisibilité en matière d’accès au marché »

Les délégations indienne et mauricienne mettent depuis ce matin les bouchées doubles en vue de la conclusion du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement. Les négociations, qui se tiennent actuellement à l’hôtel Sofitel, à Wolmar, devraient constituer la dernière étape avant la signature de l’accord entre l’Inde et Maurice lors de la visite officielle du Premier ministre, Pravind Jugnauth, en janvier prochain. La délégation indienne est dirigée par Keshan Chandra, Joint Secretary au département du Commerce au niveau du ministère indien concerné, et agissant en tant que principal négociateur, alors que la partie mauricienne, elle, est composée de représentants des secteurs public et privé, et est dirigée par le directeur du commerce international au ministère des Affaires étrangères, Sunil Boodhoo.

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La secrétaire aux Affaires étrangères Usha Dwarka-Canabady s’est appesantie sur les « relations privilégiées » entre nos deux pays avant d’observer que l’accès au marché occupe « une place importante dans la coopération » entre nos deux pays. « Nos relations sont basées sur l’affection qui existe entre nos deux peuples », a-t-elle dit, avant de reconnaître que l’Inde est un pays « très développé en matière industrielle » et que la dimension de son secteur industriel n’est « pas comparable avec celui de Maurice ». Elle a également observé que Delhi « peut jouer un rôle important dans le développement industriel mauricien en nous accordant la sécurité du marché pour nos produits industriels dans un monde marqué par l’incertitude ».

Pour Usha Dwaka-Canabady, malgré le fait que Maurice soit une petite économie, notre pays peut offrir à l’Inde certains produits dans lesquels les producteurs indiens ne sont pas spécialisés, citant entre autres les sucres spéciaux, que Maurice pourrait écouler sur le marché indien. Elle s’est dit convaincue qu’avec « de la bonne volonté », Maurice et l’Inde « peuvent arriver à un accord unique qui porterait nos échanges à un niveau encore plus élevé ».

Le haut-commissaire indien, Abhay Thakur, a pour sa part reconnu « la qualité des relations » entre l’Inde et Maurice. Pour lui, les négociations « ne reposent pas uniquement sur les relations industrielles entre nos deux pays ». Selon lui, les industriels indiens ne sont pas partie prenante dans ces négociations en raison de l’importance du marché mauricien, expliquant que le moteur de ces négociations « est la politique, car dans le domaine politique, Maurice a une très grande importance pour l’Inde ». Aussi estime-t-il qu’il « ne faudrait pas que de petits détails deviennent un obstacle à la conclusion d’un accord ». Il propose ainsi que Maurice et l’Inde « concluent un accord qui servira de base pour des améliorations dans l’avenir ». La question de l’accès au marché sera par ailleurs approfondie et améliorée graduellement au fur et à mesure. « Le plus important, c’est que nos deux pays arrivent à conclure cet accord le plus vite possible. »

Sunil Boodhoo et Keshan Chandra ont tous deux reconnu la dimension « historique et amicale » entre nos deux pays. Ils ont reconnu qu’une « large gamme de sujets » a déjà été couverte mais qu’il reste « encore quelques problèmes à régler » au niveau de l’accès au marché. Les discussions devraient durer toute la semaine.

Le projet de conclusion du CECPA entre Maurice et l’Inde date de 2006, mais ce n’est qu’en 2016, après les conclusions d’un accord sur l’amendement de l’accord de non-double imposition entre nos deux pays, que les négociations ont repris. Il faut savoir que plus d’un cinquième des importations mauriciennes proviennent de l’Inde, ce qui représente Rs 29,7 milliards, tandis que les exportations, elles, sont estimées à Rs 512 millions. En moyenne, Rs 319 millions d’investissements directs par an ont été effectuées par l’Inde à Maurice entre 2012 et 2016.

Selon les derniers chiffres diffusés en Inde, les échanges commerciaux entre nos deux pays se sont élevés à USD 1,1 milliard en 2017-2018. Ce qui représente une hausse sensible par rapport à l’année précédente, lorsqu’ils étaient de USD 900 millions. L’Inde exporte des produits pétroliers, des produits pharmaceutiques, des céréales, du coton et des machineries électroniques, entre autres, à Maurice, qui constitue par ailleurs une source importante d’investissements directs en Inde. Ces investissements se sont élevés à USD 15,94 millions en 2017-2018. Une centaine de sociétés indiennes opèrent par ailleurs à Maurice dans des domaines aussi variés que les services financiers, les TIC et les entreprises manufacturières, entre autres.

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