Mauricien bloqué à l’étranger : Une évacuation in extremis

Cela fait une semaine qu’il est en quarantaine dans un hôtel du Nord de l’île. Si les conditions ne sont pas extraordinaires, S. V est tout de même plus rassuré d’être rentré à Maurice. C’était samedi dernier. Encore un peu, il restait en Afrique du Sud. Sans toit, sans nourriture et sans argent. Il doit son retour à de bons samaritains qui lui ont porté secours alors qu’il se sentait totalement délaissé par les autorités mauriciennes.

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« C’était ma dernière chance et j’ai pu l’avoir grâce à de bons samaritains qui m’ont aidé, car je n’avais pas d’argent sur moi. » Son aventure, ou plutôt sa mésaventure, commence début mars au Tchad où il s’est rendu pour prendre de l’emploi dans le secteur de l’hôtellerie. « Je suis arrivé au Tchad le 12 mars. Mais deux jours plus tard, les autorités tchadiennes ont décidé d’appliquer des mesures fortes, dont la mise en quarantaine de leurs citoyens. Mon employeur m’a alors fait comprendre qu’au vu de la situation, il serait difficile de faire les démarches pour que j’obtienne mon visa et qu’il fallait que je retourne dans mon pays », raconte S. V.

Un coup de massue, car ici à Maurice, S. V a quitté son emploi dans l’hôtellerie pour pouvoir s’envoler pour le Tchad. Ainsi, le 17 mars, à 5h du matin, il reprend l’avion du Tchad pour Johannesburg, où il doit reprendre l’avion pour Maurice. Mais entre-temps, à Maurice, les autorités ont décrété le confinement et l’interdiction d’accès à tout vol au pays. « Mon vol programmé pour 10h45 jeudi a été annulé. Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait et je ne savais plus où me rendre pour pouvoir trouver une solution. Surtout que je n’avais pas un sou sur moi. Ma carte bancaire a été bloquée. Et aucun moyen pour ma famille de me faire parvenir de l’argent. »
Problèmes d’argent

Au comptoir de SAA, on lui recommande d’attendre l’ouverture de celui d’Air Mauritius un peu plus tard dans la matinée. « En attendant, comme je n’avais pas d’argent sur moi, ma carte ayant été bloquée, j’ai reçu un voucher de SAA pour pouvoir prendre un petit déjeuner », explique-t-il. À l’ouverture du comptoir de MK plus tard, il est informé qu’il n’y a plus de vol sur Maurice. Il doit se mettre en contact avec l’ambassade. Chose faite immédiatement, mais grande est sa surprise lorsque le représentant mauricien, à qui il explique entre autres ses problèmes d’argent, lui fait comprendre qu’il doit se débrouiller seul, car l’ambassade de Maurice n’avait jusque-là reçu aucune instruction.

Errant comme une âme en peine dans les couloirs de l’aéroport de Johannesburg, S. V finit par rencontrer un autre Mauricien en partance pour Dubaï. Avant de partir, ce nouvel ami lui paye un repas et lui refile quelques numéros de téléphone pour qu’il puisse éventuellement trouver de l’aide. Entre-temps, les policiers de l’aéroport souhaitent comprendre la raison de sa présence. « D’autant que je n’avais pas pris de douche depuis deux jours, je n’étais pas rasé et j’avais une mine inquiétante », dit-il, ajoutant qu’il a dû dormir à l’aéroport, faute d’argent pour trouver un hôtel avoisinant. Finalement, son salut viendra des réseaux sociaux, où il a mis un post expliquant sa situation.

« Plusieurs Mauriciens m’ont appelé pour essayer de m’aider. Certains Mauriciens à Jo’burg m’ont proposé de l’aide aussi. Mais j’étais gêné de me rendre chez des gens que je ne connais pas et surtout je n’avais pas un sou pour payer un taxi », dit-il. Il commençait à désespérer lorsque, vendredi matin, une préposée de l’ambassade de Maurice à Pretoria prend contact avec lui et l’indique qu’il y aurait finalement un vol samedi soir pour Maurice. « Mais je devais passer encore une nuit à l’aéroport et cela commençait à devenir un gros stress, parce que la police m’avait demandé à plusieurs reprises d’évacuer les lieux », raconte S. V. D’autant que si parallèlement la préposée de l’ambassade lui demande de quitter l’aéroport et de se rendre dans un Guest House, un autre haut gradé de l’ambassade lui explique que « les autorités mauriciennes n’ont rien à voir avec les démarches de logement pour un soir et qu’elles ne s’occupent que de fournir un vol aux compatriotes mauriciens bloqués à l’étranger. »

Heureusement, un des contacts mauriciens à Johannesburg a volé à son secours en réglant à distance sa note d’hôtel. C’est ainsi que S. V a pu passer une nuit tranquille après trois jours de péripéties dans l’enceinte de l’aéroport de Johannesburg. Le lendemain, si Air Mauritius a aussi chipoté sur la validité de son billet retour, au comptoir de SAA, il a eu plus de chance, la compagnie sud-africaine estimant qu’il n’avait pas à acquérir un nouveau billet en cette situation de crise, son billet retour, payé par la compagnie qui devait l’employer, étant toujours valide.

C’est ainsi que S. V a pu embarquer pour Maurice. « Même si la situation n’est pas paradisiaque, que nous soyons ici en quarantaine, avec la peur au ventre, ne sachant pas si parmi nous il y a des personnes contaminées, c’est toujours mieux que de dormir sur un banc à l’aéroport et de se sentir laissé-pour-compte par les autorités mauriciennes. Heureusement que j’ai rencontré de belles personnes qui me sont venues en aide. Autrement, je n’aurais pas eu cette dernière chance de rentrer à Maurice. Pa koné kot mo ti pou été zordi ! »

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