Mercredi – vol à hauts risques sur mumbai : L’AMCCA pointe du doigt « l’amateurisme » d’Air Mauritius

Après 1h30 de vol de Mumbai et à 37 000 pieds d’altitude, l’équipage apprend les dispositions sanitaires, dont une quatorzaine à l’hôtel Holiday-Inn

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Au lendemain du vol aller-retour MK 110/111 à hauts risques du 28 avril entre l’Inde, où sévit une sévère crise de Covid-19, et Maurice, l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) a adressé un sévère réquisitoire, dénonçant un amateurisme sans égal. Cette correspondance est adressée à l’administrateur volontaire Sattar Hajee Abdoula, à la Senior Adviser au PMO Catherine Gaud, ainsi qu’aux membres du management d’Air Mauritius, dont Pritbeeraj Bheem Singh et Raja Buton. L’AMCCA trouve inacceptable qu’aucune information appropriée, adéquate et précise n’a été communiquée à l’équipage en ce qui concerne le protocole sanitaire avant le vol vers une destination à risque sur le plan sanitaire. C’est en plein vol retour vers Maurice que le personnel navigant a en effet appris qu’il ferait une quarantaine de 14 jours dans un hôtel, alors qu’il n’avait pas prévu d’effets personnels à cet effet.

« Il est de la plus haute importance que ceux qui travaillent sur un vol obtiennent les informations appropriées sur tous les aspects avant le vol, et non à 37 000 pieds une heure et demie après le décollage », écrit l’AMCCA. L’association rappelle que le vol de Mumbai n’est pas un vol de décision soudaine de dernière minute, mais un vol régulier depuis le début du mois d’avril, et que, par conséquent, il y avait suffisamment de temps pour revoir et modifier le protocole sanitaire en place. De plus, ce vol n’était pas non plus le premier vol de rapatriement organisé par MK.
L’AMCCA trouve encore inacceptable qu’aucune décision n’ait été prise par les autorités concernées ou la compagnie avant le décollage. Le professionnalisme et la bienséance auraient voulu qu’une certaine considération soit accordée aux membres du personnel navigant de service, estime-t-elle. D’autant que la veille du vol, une demande d’information à ce sujet avait été adressée aux administrateurs et managers d’Air Mauritius.

Demande préalable d’informations sans réponses

Dans un e-mail en date du 27 avril, faisant référence à ce vol MK 110/111 à destination de Mumbai du 28 avril, le personnel navigant avait entre autres demandé :
– Comment ce vol est-il étiqueté ? Est-il défini comme un vol humanitaire ou commercial ?
– Quel est l’effectif d’équipage inscrit pour ce vol ?
– Quelles précautions sanitaires supplémentaires ont été prises en connaissance de cause puisqu’à ce jour le test PCR semble peu fiable pour la détection de la variante indienne ?
Les stewards et hôtesses devaient ajouter que compte tenu de la situation en Inde, avec la triple variante et le mutant de la Covid-19, l’AMCCA avait réitéré sa demande de révision du protocole sanitaire strict en demandant un logement alternatif à l’isolation à domicile pour l’équipage, afin de s’isoler après les vols vers l’Inde, et ensuite demandé qu’un examen du nombre de jours pendant lesquels l’équipage doit s’isoler soit effectué, étant donné que la Covid-19 peut se manifester même après sept jours et, enfin, que l’équipage de cabine reçoive un autre “Personal Protective Equipment” pour traverser le terminal de l’aéroport après l’atterrissage.
L’AMCCA précisait avant le vol qu’elle apprécierait vivement, et dans l’intérêt de tous, d’avoir des réponses avant le départ du vol vers Mumbai.

« Préserver leurs droits humains »

Toutes ces questions seraient donc restées sans réponses jusqu’à ce que l’information demandée soit communiquée en plein vol. Raison pour laquelle l’AMMCA précise qu’une communication préalable sur ce changement de protocole sanitaire était indispensable pour préserver les droits humains de ses membres. Le syndicat souligne avec inquiétude que cette approche de “trial and error” a fait que l’équipage de ce vol s’est retrouvé dans une situation très gênante, sans vêtements appropriés ni effets personnels pour rester dans un l’hôtel pendant 14 jours. La compagnie aérienne a bien proposé d’aller chercher leurs bagages à leur domicile familial, mais MK ne s’est pas posé la question de savoir comment les membres d’équipage qui vivent seuls parviendront à faire mettre leurs affaires dans une valise.
Le personnel navigant rappelle qu’une situation semblable s’était déjà produite lors du premier vol de rapatriement à destination de Rodrigues, même si ce vol était prévu depuis un certain temps. Malgré cela, jusqu’à ce jour, aucun protocole sanitaire officiel n’a été fourni à l’AMCCA, même après une demande. L’équipage a simplement été informé verbalement un jour avant le départ prévu. Ce qui n’est pas approprié, selon l’AMCCA, car tous les membres d’équipage doivent avoir accès à un protocole établi bien avant en vue de se familiariser avec les procédures.
Pour en revenir au vol MK 110 de Mumbai du 28 avril, l’équipage a été invité à se soumettre à un test PCR une fois à l’arrivée du vol à Maurice. Selon le personnel navigant, la nécessité de ce test du premier jour est remise en question puisque le virus ne peut être détecté par test PCR qu’après quatre à cinq jours d’incubation. Pour rappel, l’équipage a effectué ce vol aller-retour sur Mumbai le même jour, soit mercredi dernier.

L’intégralité de leur salaire

Par ailleurs, des représentations sur la question du jeûne pour certains membres d’équipage ont aussi été abordées par le syndicat du personnel navigant, qui a demandé qu’une certaine considération leur soit accordée.
Enfin, la plupart des membres d’équipages étant en congé non-payé (LWP) en mai 2021, ces derniers ne seront par conséquent pas rémunérés pour ces 14 jours. L’AMCCA demande instamment à MK de faire le nécessaire pour qu’ils reçoivent l’intégralité de leur salaire pour le mois de mai pour ces 14 jours passés en quarantaine.
L’équipage en quarantaine n’a par ailleurs toujours pas reçu d’informations officielles au sujet des procédures sanitaires mises en place à son égard pour ces 14 jours. En conclusion, l’AMCAA fustige ainsi « l’attitude dilettante » d’Air Mauritius dans le contexte actuel : « Vous conviendrez que le domaine de l’aviation est un domaine où tout doit être planifié dans tous les détails. Nothing should be left unattended, or on a trial and error or last minute approach n’a pas sa place dans cette activité professionnelle. Nous pensons que le protocole sanitaire est lié à la sûreté et à la sécurité de la population mauricienne. »
Par conséquent, l’AMCCA condamne sans réserves cette approche de la direction de MK, qui pousse son équipage « dans la voie du traumatisme, dans un inconfort et un stress inutiles », et souhaite en conséquence un redressement rapide de la situation et un changement.

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