Messe d’action de grâce : le cardinal Piat rend hommage à la résilience des Chagossiens

  • Olivier Bancoult, leader du GRC : « Nou bizin kapav flerir tom nou fami avan Fet de mor »

Le cardinal Maurice Piat a, lors d’une messe d’action de grâce célébrée à la Cathédrale St-Louis, rendu hommage à la résilience des Chagossiens durant les quelque 40 ans de lutte ainsi qu’à tous ceux qui les ont accompagnés jusqu’aujourd’hui. La messe a été célébrée en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de plusieurs ministres et du leader du MMM, Paul Bérenger, ainsi de l’Évêque de l’Église anglicane, Mgr Ian Ernest.

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« La lutte pour le retour aux Chagos a toujours été menée par les femmes chagossiennes. Aujourd’hui, beaucoup ne sont plus là mais nous sommes là pour leur rendre hommage. La célébration de cette messe fait suite à une rencontre qu’avait eue le cardinal Maurice Piat avec les membres du GRC à notre quartier général, à Pointe-aux-Sables. Nous avions décidé d’organiser une messe d’action de grâce et rendre hommage aux Chagossiens, qui ne sont plus de ce monde. C’est important car nous avons une dimension spirituelle et car nous sommes croyants », a expliqué Olivier Bancoult, président du Groupe Réfugiés Chagos.

Un bon nombre de Chagossiens ont fait le déplacement pour assister à cette messe, qui était animée par une chorale de Chagossiennes, qui étaient coiffées pour l’occasion leurs fichus blancs traditionnels. S’inspirant de l’évangile du jour, le cardinal Piat a rendu hommage à la résilience de tous les Chagossiens et à tous ceux qui les ont accompagnés.

« Tout comme Jésus avait demandé à Pierre et aux apôtres, qui avaient recommencé à pratiquer leur métier de pêcheurs après sa mort et sa résurrection, de jeter leur filet à droite pour trouver du poisson après une partie de pêche infructueuse, il demande à tout un chacun de faire un pas, un petit effort, et il l’accompagnera », explique-t-il.

L’évêque de Port-Louis poursuit : « Nou kone ki mizer zot inn traverse pandan komie banane. Jesus ti avek zot, mem si tou dimoun tinn larg zot. Jesus ki donn nou sa ti kouraz kondir zot ziska seki finn arive. Li pa fer “lobby”, pa donn kas, pa fer gran diskour, pa rezoud zot problem, enn sel kiksoz li fer, li tous nou leker e leker bann dimounn avek ki nou diskite. »

Le cardinal Piat devait plus loin souligner qu’en parlant des brebis, « l’évangile montre la valeur qu’accorde Jésus à la dignité, à la valeur humaine dans l’humanité à commencer par ceux qui sont les plus en difficulté, ceux qui sont dans l’enfer de la drogue, qui sont chômeurs et qui souffrent ».

Il estime de plus que, dans le cas présent, les brebis symbolisent toute la population de la République mauricienne, soit de Maurice, de Rodrigues et d’Agalega. Il a également souligné l’importance de l’accompagnement des plus faibles.

« Il ne s’agit pas de leur dire que leurs problèmes seront résolus mais, le plus important, c’est qu’on s’occupe d’eux, qu’on les accompagne sur leur chemin et qu’on leur donne de l’espoir », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration à la presse à l’issue de la messe, Olivier Bancoult a dénoncé la déclaration faite par le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, sir Alan Duncan, qui a affirmé que le gouvernement britannique « ne respectera pas l’opinion de la CIJ et maintiendra la souveraineté britannique sur les Chagos ».

Et d’ajouter : « C’est honteux de la part du gouvernement britannique et chagrinant qu’un pays, qui se présente comme le champion des Droits de l’Homme, n’ait aucun respect pour une institution internationale comme la CIJ et pour les Nations unies bien que la Grande-Bretagne et les États-Unis soient les membres fondateurs de cette institution. »

Olivier Bancoult a, lui, affirmé avoir eu une conversation téléphonique le 1er mai avec Jeremy Corbyn, leader de l’opposition britannique et du Labour Party. « Il m’a fait part de son mécontentement face à la déclaration du gouvernement britannique et m’a transmis une copie de la lettre qu’il a adressée à Theresa May, Première ministre britannique. Il condamne le manque de respect du gouvernement britannique pour la CIJ et pour les Nations unies et demande de corriger l’injustice commise envers Maurice afin de permettre aux Chagossiens et aux Mauriciens de retourner aux Chagos », a-t-il ajouté.

Il a aussi expliqué que Jeremy Corbyn a condamné le « manque de respect » de la Grande-Bretagne envers des pays africains, des pays non alignés comme l’Inde et l’Argentine.

Olivier Bancoult a aussi fait part de sa « détermination » à aller de l’avant. « Je dis que personne n’empêchera les Chagossiens et les Mauriciens d’aller aux Chagos. Gete si bizin touy nou, va touy nou. Nous irons avec des preuves montrant que nous sommes nés sur Peros Banhos, Diego Garcia et Salomon. Les Anglais peuvent avoir des bombes et des canons mais nous n’aurons pas peur. Nous basons notre combat sur la paix. Nous avons consulté toutes les instances et n’avons rien fait pour faire du tort. Nous nous sommes basés sur la justice et disons que, cette année, avant la Fête des Morts, il nous faut pouvoir fleurir les tombes de nos parents dans les cimetières des Chagos et Peros Banhos », a-t-il dit.

Selon le président du GRC, sur les 3 000 natifs de Chagos, il ne reste que 357 à Maurice, 180 en Angleterre, une douzaine en Europe et 93 ailleurs. Il a aussi manifesté l’intention du GRC, avec l’aide des autorités rodriguaises, d’ériger une stèle à la mémoire des Chagossiens morts dans l’île.

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