Somas Appavou : « Un nouveau “business plan” pour la pérennité de la compagnie ».
Le dernier né d’Air Mauritius, le Chagos Archipelago A330Neo, a effectué son premier vol commercial hier soir. Coïncidence ou pas, c’est sur Londres qu’il a mis le cap, avant d’effectuer d’autres voyages sur la Chine et Singapour notamment. C’est le quatrième avion faisant partie du renouvellement de la flotte d’Air Mauritius. Somas Appavou, le CEO de la compagnie, a également annoncé la mise en place d’un nouveau “business plan” afin d’assurer la pérennité de la compagnie. MK, rappelons-le, a enregistré des pertes de Rs 840 M pour l’année financière 2018-2019.
C’est le commandant Olivier Loustau Lallane qui a pris réception du nouvel avion à Toulouse mercredi. Il est passé par Paris, où l’avion a été exposé au Salon aéronautique du Bourget. Ce dernier s’est dit honoré de cette responsabilité. « En tant que Mauricien, j’étais très fier de voir l’avion d’Air Mauritius au salon devant les médias internationaux, surtout avec le nom “Chagos Archipelago” dessus. » L’A330Neo comporte 260 places en classe économique et 28 places en classe affaires. Il offre le même confort que l’A350, dont le service audio et vidéo à la demande, ainsi que le Wi-Fi, au-dessus de 10 000 mètres.
Avec le Chagos Archipelago, MK complète sa première série de renouvellement de sa flotte, qui a commencé en octobre 2017 avec la réception du premier A350-900, Le Morne Brabant. En avril dernier, le premier A330Neo, Aapravasi Ghat, a aussi pris du service. Ces nouveaux avions arrivent au moment même où la compagnie d’aviation nationale connaît des difficultés financières, notamment avec une perte de Rs 840 M pour la période 2018-2019. Pour Somas Appavou, cette situation découle d’une concurrence féroce et du prix élevé du carburant. L’A330Neo permettra justement de faire une économie de 20% en carburant par rapport à l’A340.
Par ailleurs, MK s’est embarqué dans un nouveau “business plan” afin d’assainir sa situation et assurer la pérennité de la compagnie. Somas Appavou explique : « Il y a un travail de fond qui a démarré pour redynamiser la compagnie. Cela commence par simplifier la flotte, car il y avait différents types d’avion qui nous coûte plus cher à l’opération. L’A350 et l’A330 ont les mêmes pilotes, ce qui sera bénéfique à l’économie d’échelle. Nous allons maintenant revoir la flotte régionale. Car nous voulons positionner Maurice comme un “hub” aérien dans l’océan Indien pour connecter l’Afrique et l’Asie. Pour cela, il nous faut des équipements adéquats, adapté. Nous passons par une transformation qui implique une revue complète de notre réseau. Nous allons par la suite consolider, avant de passer à l’expansion. »
Les services de Price Waterhouse Coopers et du Centre for Asia-Pacific Consulting ont été retenus pour élaborer ce nouveau modèle de “business plan”. « C’est un plan en trois phases qui consiste en une simplification du réseau et de la flotte; la consolidation, qui implique l’augmentation des fréquences sur certaines destinations. Prenons l’exemple de Bombay, qui est à six heures de Maurice, avec un gros potentiel. Or, nous n’avons que cinq vols par semaine. Il faut pouvoir y aller sept fois par semaine, quitte à revoir notre flotte avec des appareils adéquats pour cela. Une fois que nous aurons consolidé notre position sur ces destinations, nous pourrons ajouter de nouvelles destinations sur notre carte. »
MK, qui a remporté cinq trophées aux récents World Travel Awards, s’est vu aussi attribuer le titre de troisième compagnie aérienne en Afrique par Skytrax il y a deux jours, derrière Ethiopian Airlines et South African Airlines, et devant Seychelles Airlines et Kenya Airlines. La compagnie gagne huit places par rapport à l’année dernière. Somas Appavou avance : « Ce sont des signes encourageants. Cette année, c’est la première fois qu’Air Mauritius a présenté ses avions au Paris Air Show, le Salon du Bourget. C’est une fierté de voir notre drapeau national flotter et le nom de “Chagos Archipelago” inscrit sur l’avion. Cela a fait la Une des médias en Europe. De plus, au cours de ce même événement, Air Mauritius a grimpé parmi les dix premières compagnies ayant le plus progressé dans le monde. Donc, les clients apprécient nos services. Nos avions sont remplis, à la fois en “business class” et en économie. Sans oublier que nous mettons en avant notre mosaïcité, notre patrimoine culturel. »
S’exprimant sur cette nouvelle acquisition d’Air Mauritius, sir Anerood Jugnauth a déclaré que le gouvernement apporte tout son soutien pour que la compagnie redevienne profitable. « Air Mauritius a commencé comme un nouveau-né, nous en avons pris soin et nous l’avons fait grandir. Je dois avouer que quand sir Harry Tirvengadum était là, il a su faire Air Mauritius progresser. Nous étions très satisfaits de son travail et nous avons toujours collaboré. Ensuite, il y a eu des changements de gouvernements. Et au lieu de progresser, Air Mauritius a reculé. Aujourd’hui, nous avons un nouveau CEO qui essaye de redresser la compagnie. Le gouvernement est derrière eux. Nous allons les aider à retrouver leur dynamisme. Nous voulons qu’Air Mauritius soit un exemple dans cette partie du monde, surtout en Afrique. J’ai entière confiance que nous allons réussir. »
De son côté, Olivier Bancoult a salué la démarche de MK d’octroyer le nom de Chagos Archipelago à son nouvel avion. « Je remercie Air Mauritius de s’associer à ce combat. Je me sens très honoré qu’un avion de la flotte porte le nom de Chagos Archipelago, qui fait partie intégrante du territoire de Maurice. J’en profite pour remercier sir Anerood Jugnauth qui, à aucun moment, ne nous a laissés tomber. La souveraineté et les droits des Chagossiens doivent aller de pair. J’espère que nous verrons cet avion atterrir un jour à Diego Garcia. Je souhaite qu’on puisse aussi voir un enfant chagossien devenir un jour hôtesse ou pilote sur cet avion. » Il a également tenu à réitérer son soutien au gouvernement mauricien. Olivier Bancoult a également rendu hommage à tous ceux qui se sont battus pour les Chagos, avec une pensée particulière pour Lisette Talate, Charlésia Alexis et Fernand Mandarin.