MOBILISATION CITOYENNE : Un plan d’action pour une nouvelle île Maurice

Si les différents leaders des partis politiques, ainsi que Nando Bodha, entre autres politiciens, ont réussi à se frayer un chemin sur l’estrade aménagée sur un camion devant l’Hôtel du gouvernement, comme annoncé, seuls le leader de l’opposition et Bruneau Laurette ont pris la parole à l’issue de la marche d’hier après-midi. Bruneau Laurette a été le premier à animer cette manifestation, rappelant plusieurs fois dans son discours la nécessité, comme il est devenu coutume de dire, désormais, de B… li deor, évoquant ainsi la revendication du peuple de voir le Premier ministre et son gouvernement prendre la porte de sortie. Le leader de l’opposition s’est lui, félicité de la symbiose créée avec la force citoyenne et les partis de l’opposition, le seul moyen, dit-il, de chasser le gouvernement.

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Arvin Boolell: « Kan la force citoyen revendik zot droit, la classe politik bizin pliye li »
« La force citoyenne a démarré avec la manifestation du 29 août dernier. Et kan la force citoyen revendik zot droit, la classe politik bizin pliye li », a dit le leader de l’opposition en prélude à l’assistance, hier, devant la Gouvernement House. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la force de l’opposition parlementaire et extra parlementaire est en symbiose avec la classe citoyenne. « C’est ene la force ki kapav zet sa gouvernema là dehor », a soutenu Arvin Boolell. Les nombreuses marches pour dénoncer la situation dans le pays ont permis aux partis politiques de mettre leurs différences et idéologies de côté car la République de Maurice est en danger, dit-il.
Cette unification des voix citoyennes vise à permettre au peuple de retrouver les valeurs républicaines, la méritocratie et de bâtir une véritable société indépendante, en chassant le gouvernement actuel, estime le leader de l’opposition qui n’a pas mâché ses mots envers le Premier ministre. « Nous avons marché, nous marchons et nous continuerons à marcher pour la liberté », dit-il, déplorant que les institutions ne fonctionnent pas à Maurice et que le pays est dirigé par la mafia. « Face à sa qualité moralité ki pe régner dans  pays, nou dir non, non, non », a exhorté Arvin Boolell, souhaitant que le pays retrouve la transparence, la méritocratie, et soit une île Maurice unie, qu’importent les différences de tout un chacun, y compris celle d’identité sexuelle. « Tou dimoun ena so place ek so valer dans nou pays. Anou met lamain ensam pou bâtir enn véritable société indépendante », dit-il, avant de s’insurger que le Parlement soit fermé pour trois mois alors qu’il y a une situation d’urgence dans le pays.
Le peuple, dit-il, a démontré qu’il ne croisera pas les bras face à ce gouvernement qu’il faut chasser et la preuve aujourd’hui est illustrée par la diversité hétéroclite de la foule présente à la manifestation, réunie autour du drapeau mauricien, celui-là même qui fait la fierté du peuple de Maurice, de notre île unie et stable, dit-il. C’est pourquoi il exhorte la population dans son ensemble, la jeunesse, les personnes âgées, les autrement capables… « anou marier piké pou sov nou pays. »
Le leader de l’opposition annonça qu’un comité mixte a été mis en place au sein de la nouvelle plate-forme citoyenne réunissant les différents partis pour travailler sur un document axé sur un plan d’action pour une nouvelle île Maurice.
S’agissant du sit-in effectué devant l’Hôtel du gouvernement, Arvin Boolell a fait ressortir qu’il s’agit d’un moyen pour exprimer « ki nou pa kapav accepter enn gouvernement ki fer fi et ki bafouer la démocratie, ki penser ki l’État c’est li, et ki le pays appartenir à une famille. » Insistant que « ce que le peuple a montré aujourd’hui, c’est le droit des citoyens, le droit moral, le droit légal et qu’il existe aussi une force divine qui nous mène. Aujourd’hui, les armes des citoyens, ce sont les manifestations pour la revalorisation de la démocratie, pour redonner au pays ses lettres de noblesse… »
Bruneau Laurette : « Si pena zot lor koltar, nou pas pou avancer »
La foule réunie à Port-Louis démontre, une fois de plus, le ras-le-bol du peuple Mauricien quant à ce qui se passe dans le pays, a rappelé Bruneau Laurette qui a félicité les participants à la marche pour leur déplacement. « Si pena zot lor koltar, nou pas pou avancer », a-t-dit, soulignant que ce combat c’est celui de toute la nation mauricienne. « S’il faut la refaire, une autre manifestation sera organisée », a déclaré l’activiste de Linion Sitwayin. Et d’ajouter que « ce combat, c’est vous qui représentez le résultat ; il ne s’agit pas de mon combat, il n’a pas de couleur politique ; c’est le combat des citoyens, pour les citoyens, avec des citoyens. » Désormais, « sak sou ki zot pou kokin, pou ena prison », dit-il.
Mettant au défi le PM, ou son conseiller Ken Arian, ou encore le nouveau ministre qui assure la suppléance au Commerce, Soodesh Callichurn, de venir dire la vérité sur le naufrage du Wakashio, il fait ressortir que la Commission d’enquête n’est qu’une « farce ». Selon lui « pas pou ena rézilta. Pe rod bouc émissaire, mais pa pe situé responsabilité. Pe rod tir so Kavi Ramano, so Sudhir Mudhoo ek so Premier minis dans défié ».
Mais le peuple ne se laissera pas faire, dit-il. La preuve, la présence en masse dans la capitale hier. Interpellant le public plusieurs fois sur les questions d’actualité, il a laissé le peuple crier haut et fort son vœu de « b… li deor. » Ou plutôt « b… li dans kaso ». Les personnes âgées, dit-il, ne peuvent pas accepter que le gouvernement ne paye pas la compensation de la pension de vieillesse alors que Rs 5,8 M ont été dépensées pour la publicité avec l’équipe de Liverpool, ou encore « kan zot finn donne Rs 308 M ti copains dans confinement.»
Au sujet de Yogida Sawmynaden également, le peuple ne restera pas tranquille après sa décision de step down. «Li step down ek nou, nou contine paye li? Li continué assiz dans Parlement? Li tous so gros lapaye alors ki Rs12 par jour zot pa pe kapav donne bann vié dimoun?», a-t-il demandé exhortant la population à continuer à revendiquer la démission de Yogida Sawmynaden. La manifestation d’hier, avec pour toile de fond la réclamation de départ du gouvernement, est un moyen pour le peuple de revendiquer une vraie indépendance, dit-il. « L’avenir est entre nos mains. Lame dan lame, nou pou met gouvernman deor », a-t-il conclu, remerciant les leaders politiques de s’être mis en retrait pour cette marche et annonçant une prochaine manifestation contre le patron du CCID, Heman Jangi.Réactions

Dan Harry, 70 ans, habitant de Roche-Bois : « Pravind mille fwa pli pouri ki Navin »
« Je suis venu manifester parce que j’aime mes petits-enfants et je refuse de les laisser vivre sous l’autorité d’un gouvernement pourri qui est contrôlé par la mafia. Kot sa péi la pé alé ? Eski sa prosenn zenerasyon-la pa pou bizin demann sarité. Sir Anerood Jugnauth disait que Navin Ramgoolam était une pourriture, mais moi, sans prendre parti pour Ramgoolam, mo pensé ki Pravind mille fwa pli pouri ki Navin. »

Ravi Mootoosamy, 64 ans : « Nous avons affaire au gouvernement le plus incompétent de l’histoire »
« Pravind Jugnauth doit partir, car il est dégoûtant de voir comment il traite ses compatriotes avec dédain. Dimounn dan so parti inn mor e li ki li fer ? Li pé fer foutan. Nous avons affaire au gouvernement le plus incompétent de l’histoire et Dieu sait qu’on en a connu durant ces cinq décennies. Mon souhait pour une île Maurice meilleure est que les jeunes intellectuels et honnêtes se regroupent pour reconstruire ce que les dinosaures politiques ont détruit. »

Brigitte Deschamps, 57 ans, de Ste-Croix : « Trop bokou dominer ena ar sa gouvernma-la »
« Après avoir participé à la marche du 29 août, c’était également un devoir de répondre à l’appel citoyen des partis de l’opposition, parski trop bokou dominer éna ar sa gouvernma la. Zordi mo la pou revendik nou droit. Nou droit viv dans enn lil Moris pas corrompu. Et je profite pour décrier la hausse des prix. En 1975, j’ai manifesté pour l’éducation gratuite. Aujourd’hui, l’éducation est gratuite, mais cela revient au même, nous n’arrivons pas à envoyer nos enfants à l’école parce que la vie est chère. Toutes les commodités sont chères. Mais gouvernma li pé get zis so pos. Li pe get sis so l’intérêt. Krim pé arivé, li pé ferm lizié. Mais moi mo anvi aussi exprime mo solidarité à Mme Kistnen, et tout bann madame ki zot mari Inn mort dans bain circonstances floues. »

Monique, 73 ans et José Antoine, 76 ans, de Beaux Songes : « Pravind n’a pas le niveau pour être PM »
« Nous avons pris notre retraite en 1999 et sommes revenus nous installer à Maurice après avoir vécu plus de 50 ans en Angleterre. Au départ, tout allait, mais en 20 ans, il est malheureux de voir ce qu’est devenu le pays, ce qui se passe avec ce gouvernement. C’est pourquoi nous participons à toutes les marches pour dénoncer la situation dans le pays. Nous avons affaire à un gouvernement incompétent et Pravind n’a pas le niveau pour être PM. Nous savons tous que c’est son père qui l’a mis là. Comment il a fait aux dernières élections, la question se pose toujours. Mais aujourd’hui ce qui est clair, c’est qu’il ne fait pas son boulot, il se laisse diriger par lakwizinn. »

Dany Julie, 61 ans, de Curepipe : « Mo pa ti vote Ken Arian mwa ! »
« Comme pour le 29 août, j’ai répondu à l’appel citoyen, car il nous faut un changement radical dans le pays. Le constat est que 52 ans après l’indépendance, nous continuons avec le même système, gangrené avec les dynasties. Nous disons assez. Enough is enough ! Il faut céder la place aux jeunes et venir avec un changement pour tout le système, pour une île Maurice meilleure. Pas kapav kontinié sa bann gaspiyaz avek bann conseillers X, Y, Z ki nou pa’nn voté. Mo pa ti vote Ken Arian mwa ! Kifer bizin sa kalité conseiller la ? Ki utilité poste vice-Président ?Tout sa gaspiyaz-la bizin arété. Bizin sanzma. »

Curmoula Goolam Daby, 76 ans, de Pailles : « Bizin éclate sa gouvernement criminel voler-la »
« J’ai participé à plusieurs marches et manifestations. J’étais à Port-Louis le 29 août et j’ai aussi été à Mahébourg. Zordi mo la pou soutenir soutenir l’opposition. Le gouvernement est en train de voler notre argent et refuse de nous donner notre pension, notre dû. Nous ne pouvons continuer à tolérer ce gouvernement. De ma vie, c’est la première fois que je vis sous le règne d’un gouvernement dictateur. Bizin éclate sa gouvernement criminel voler-la ! »

Mme Coowar (enseignante) accompagnée de ses étudiants :
«  Péi pa zis pou Ramgoolam,
Jugnauth, Bérenger »
« C’est le ras-le-bol. Nou’nn plin. Les étudiants n’ont pas de place à l’école. Si vous échouez en Form 3, on vous met dehors, si vous échouez deux fois la Form 5, on vous met dehors, si vous n’avez aucun credit, dehors. Il y a des sujets auxquels nous n’avons pas accès, dont l’Art, le Design, Travel et maintenant le français. Abe kot nou bann zanfan pou alé ? Nos enfants devront-ils rester sur la rue ? Ils n’iront pas dans les académies, eux. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu. Assez pran Mauriciens pou kouyon. Péi pa zis pou Ramgoolam, pou Jugnauth, pou Bérenger. »

Yogeshwaren (St-Pierre) :
« Si vous êtes là, c’est parce que vous aimez votre pays  »
« Beaucoup de personnes ne sont pas venues aujourd’hui parce que ce rassemblement a été organisé par l’opposition. Et quand on parle de l’opposition, les gens ne pensent qu’à Ramgoolam, Bérenger et Duval, mais ce n’est pas que ça. Moi, je suis venu pour déplorer le dysfonctionnement du gouvernement au pouvoir. Je ne suis pas là pour supporter ces autres leaders. Je suis là parce que j’aime mon pays. Même si vous êtes un partisan du MSM, si vous êtes là,c’est parce que vous aimez votre pays. »
Laurent (Baie-du-Tombeau) : «  Pas assez d’écoles pour les enfants handicapés »
« Je suis là aujourd’hui parce que je veux que le pays change, surtout pour les personnes handicapées. J’ai fait la Form 4 deux fois, mais je n’ai pas obtenu d’école. Il n’y a pas assez d’écoles pour les enfants handicapés et je veux que les autorités nous entendent enfin ! »

Sameer Golam (Animal Lovers Mauritius) : « Dénoncer la cruauté des institutions ! »
« Tous les animal lovers & rescuers se sont rencontrés ici pour dénoncer la cruauté et la barbarie des institutions gouvernementales, dont la MSAW. On en peut pas accepter cela, et on est là pour stopper tout cela ! »

Olivia : « Après ce sera trop tard »
« J’ai pris un billet d’avion, je suis partie en quatorzaine pour être là. Je suis arrivée il y a deux semaines de France et me voilà aujourd’hui. Je suis là car on ne peut pas faire plus que ça, il fallait absolument être là aujourd’hui et j’ai emmené ma sœur parce que je veux que dans 20 ans elle se dise qu’il s’est passé quelque chose. Après ce sera trop tard. »

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