(Monde des Affaires) Préservation des emplois : La COVID bouleverse les priorités des “boards” du privé

Arnaud Lagesse: « Il ne faut pas prendre des décisions déraisonnables sur la rémunération des actionnaires »

Arnaud Lagesse, CEO du groupe IBL, a concédé que depuis la pandémie de COVID-19, « les entreprises sont centrées sur d’autres priorités que la création de valeur. » La priorité reste la préservation des emplois.

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« C’est notre principal Asset et nous devons nous assurer que nos employés soient protégés et que leur mode de rémunération soit conservé. Dans des métiers comme l’hôtellerie, cela est assez compliqué, mais il est important de réfléchir à une façon de conserver nos talents et leur motivation », s’appesantit-il.

Au chapitre du Corporate Social Responsibility, le CEO d’IBL déclare qu’aujourd’hui la communauté est davantage « en demande », suivant la pandémie car elle est « laissée pour compte avec tout ce que cela implique derrière ». Tandis que les conseils d’administration des entreprises « essaient de s’assurer que nous sommes toujours présents » auprès de cette communauté.

Autre priorité des boards qui a changé et suscité moult débats au sein des compagnies privées : les nouvelles normes comptables imposées « alors qu’on avait franchement autre chose à faire », dit Arnaud Lagesse. « Ces nouvelles normes modifient de façon structurelle nos bilans et nos résultats et attirent l’attention des banques avec des bilans moins solides et plus endettés pour plusieurs raisons. » Le contexte actuel force les administrateurs des compagnies « à travailler un peu plus ». Et d’ajouter que la rémunération des actionnaires est également importante malgré la crise et qu’il faut ne pas prendre des décisions déraisonnables. « Il faut un équilibre correct car les actionnaires ont une obligation de réinvestir ce qu’ils touchent afin de faire tourner l’économie. »

Le patron d’IBL s’inscrit en porte à faux à la décision des gouvernements se permettant de réguler la politique de dividendes des entreprises. « Tant qu’on y est, pourquoi ne pas couper les salaires ? Ou empêcher le paiement de bonus ? C’est aux boards des entreprises – sur la bonne foi de leur Balance Sheet – de juger de leur capacité à payer leurs actionnaires. À Maurice, le secteur bancaire a été empêché de payer un dividende au moins jusqu’au 31 décembre 2020. Dans ce cas particulier, le régulateur a peut-être son mot à dire, mais pour les autres entreprises je ne suis pas d’accord. Beaucoup d’actionnaires vivent des dividendes et je pense notamment aux fonds de pension qui investissent à nos côtés. » 
Jane Valls, directrice du GCC Board Directors Institute, basé à Dubaï, a évoqué les tendances internationales de bonne gouvernance dans l’ère post-COVID. Elle a parlé de « storm » et de « tsunami of change » dans tous les aspects du business, avec un besoin accru de « risk assessment » dans les besoins des entreprises Pour elles, les autres éléments clés dans la gouvernance d’entreprise post-COVID sont : un « strong management », la cyber sécurité, les bonnes pratiques, la réputation, la « corporate culture » et les « investor expectations ».

Aruna Radhakeesoon, présidente du National Committee on Corporate Governance, a expliqué la raison d’être de ce comité mis sur pied pour promouvoir les principes de bonne gouvernance dans les secteurs public et privé. Le code actuel de bonne gouvernance comprend huit principes et les différentes organisations doivent appliquer ces principes et faire un rapport dans leur bilan annuel. Pour elle, les huit principes sont toujours d’actualité aujourd’hui.

De son côté, Sheila Ujoodha, CEO du MIoD, a déclaré que les entreprises doivent s’adapter à un « new normal ». Elle a rappelé la mission du MIoD qui est de promouvoir la bonne gouvernance au sein des conseils d’administration. Elle a expliqué l’importance de « repenser » le MIoD pour le futur avec un plan stratégique basé sur l’innovation, la revenue generation, la technologie, la collaboration et l’advocacy, entre autres. Elle a ainsi déclaré : « A strong corporate culture, reinforced by effective governance practices, is more important than ever in this post-pandemic era and thus, treating corporate governance as last priority on the board’s agenda is the last thing to do. Undeniably, Boards are facing a complex new reality as a result of COVID-19 where the new environment is characterized by pressures and demands from various stakeholders, heightened expectations for societal engagement. The uncertainties of the current environment serve as a powerful reminder to decision-makers of the need for corporate governance, including risk management and crisis planning amongst others, to ensure business steadiness. »

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