Money Laundering et financement terroriste : Le carton rouge de Bruxelles suscite inquiétudes au GBS

Des opérateurs dans le secteur des services financiers pointent du doigt une « négligence stratégique » de la FSC

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À hier après-midi, l’hôtel du gouvernement et les opérateurs du Global Business Sector (GBS) restent suspendus à l’annonce de la Commission européenne de la nouvelle Black List dans le cadre de la lutte contre le Money Laundering et le financement du terrorisme. Le seul espoir entretenu est que Bruxelles se ravise à la dernière minute sur l’inclusion de Maurice dans cette Black List comme tel a été le cas pour l’Arabie saoudite lors d’un précédent exercice. Mais d’ici cet après-midi, la liste devant entrer en opération à compter d’octobre devra être connue. Mais indépendamment de toute anticipation, ce carton rouge de Bruxelles suscite appréhensions et inquiétudes chez les opérateurs du GBS, déjà préoccupés à évaluer les répercussions et les perspectives au vu de la pandémie de COVID-19 sur le flux des capitaux à travers les centres financiers dans le monde.

Même dans la majorité des cas, les opérateurs du secteur des services financiers, avec une contribution potentielle de 15% au Produit intérieur brut, se montrent prudents avant de s’aventurer dans des commentaires, d’autres néanmoins n’hésitant pas à pointer du doigt « la négligence stratégique » ou encore la « complaisance institutionnelle » affichée par les autorités, que ce soit la Financial Services Commission ou encore le ministère des Services financiers. Certains autres ne se cachent pas pour laisser entendre que « si cette éventualité se confirme dans les heures qui viennent, les conséquences pourraient s’avérer graves pour ce dernier secteur économique capable de faire preuve d’une certaine résilience dans la conjoncture ».

« Ce serait la catastrophe au niveau du secteur si cela se confirme. It’s like a death warrant, surtout dans cette conjoncture de crise financière découlant de l’impact du COVID-19 sur l’économie mondiale », laissait entendre hier un des opérateurs incontournables sur la place financière. Il affirme qu’avec cette classification de l’UE, les compagnies, opérant dans l’Offshore et effectuant des transactions financières dans l’espace Schengen, se retrouveront « under severe scrutiny » d’autant plus que Maurice est déjà sous surveillance car faisant partie de la Grey List de la Financial Action Task Force (FATF) depuis la fin de janvier dernier. Les banques commerciales seront également sujettes à des contraintes majeures pour l’exécution des opérations. « Tous les transferts bancaires émanant de la juridiction mauricienne seront passés sous la loupe des Européens avec des banques pouvant facilement rejeter des transactions soupçonnant que ces sommes d’argent proviendraient d’un potentiel blanchiment d’argent », ajoute-t-on.

« Si Maurice est catégorisée parmi les pays Blacklisted, c’est la fin. Nous serons en dehors du terrain et ce serait un carton rouge pour le pays. Les investisseurs ne souhaiteront pas structurer leurs business dans le Global Business Sector à Maurice avec ce spectre de liste noire. Notre Credit Rating sera sérieusement contrarié et cette classification de l’UE pourrait avoir des effets cascades sur l’économie », indiquait un professionnel du secteur.
Dans la foulée, l’on tire à boulets rouges sur la Financial Services Commission, qui selon plusieurs observateurs dans le domaine, serait sans gouvernail depuis plusieurs mois, notamment avec l’ancien Chairperson du régulateur des services financiers, l’actuel ministre des Finances, Renganaden Padayachy qui était en retrait avec son autre affectation comme First Deputy de la Banque de Maurice et aussi pour les besoins de sa candidature aux élections de novembre 2019.

Quant à l’ancien Chief Executive Officer (CEO) de la FSC, le présent gouverneur de la BOM, Harvesh Seegolam, on lui impute d’avoir axé sa stratégie sur l’Inde et de n’avoir pu aligner les services financiers mauriciens sur les exigences européennes. Certains accusent le tandem Padayachy-Seegolam de la FSC d’avoir failli dans leurs tâches de sauvegarder les intérêts de la juridiction, avec pour conséquence cette menace de Black List de la Commission européenne portant préjudice à l’intégrité du secteur des services financiers.
Outre le pilotage automatique de la FSC, le ministère des Services financiers en prend également pour son grade avec des postes vacants pas encore remplis faute de Clearance politique de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, le ministre de tutelle, Mahen Seeruttun étant en attente de directives. « FSC pena direksion an se moman », soutiennent d’autres sources.

Affaire à suivre même si jusqu’ici, le ministère des Services financiers préfère se la jouer Low Profile jusqu’à la publication imminente de la Black List de Bruxelles…
iness et de l’ATMC ont entamé des consultations tous azimuts et travaillent de concert avec les autorités afin que Maurice ne figure pas sur cette liste. « Un argument sera le fait qu’on ne peut venir du jour au lendemain mettre un pays sur une liste noire. Il y a un impact sur le système financier et bancaire de la juridiction en question », dit-il.

Mahesh Doorgakant ajoute qu’un exercice de lobbying est en cours avec le concours des ambassadeurs, des instances régulatrices, entre autres, afin que Maurice puisse d’abord « démontrer ce que nous faisons ».
Mais si jamais l’Union européenne va de l’avant avec cette décision d’inclure le pays sur la liste noire, « l’impact se fera sentir au niveau des investisseurs européens qui utilisent la juridiction mauricienne pour placer leurs fonds en Inde et en Afrique », explique le président de l’ATMC, ajoutant qu’« au niveau des banques, cet impact se fera sentir ; nous faisons de notre mieux pour que nous ne soyons pas sur cette liste ».

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