National Assessment Grade 2019 – Collèges régionaux : inquiétudes des enseignants

– Dans certaines écoles, un taux de réussite de 10% à 20% dans plusieurs questionnaires préparés par le MES

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– « Une bombe à retardement au niveau du SC si le ministère continue à minimiser le problème de la faible performance des élèves »

En fin de cette semaine, les collèges d’État ont déjà remis aux parents les résultats des “internal exams” . L’heure est à l’analyse. Au sein des collèges régionaux, la préoccupation principale du corps enseignant porte sur la faible performance générale des élèves de Grade 9 (Form III) au National Assessment, sauf pour un petit groupe de “high flyers”. « Cette année encore, le tableau est très peu reluisant dans la grande majorité des collèges régionaux et nous sommes inquiets », confient au Mauricien les dirigeants de l’Education Officers Union (EOU) et de la Government Secondary School Teacher Union (GSSTU), les deux principaux syndicats d’enseignants du secondaire d’État. « Nous nous dirigeons vers des résultats catastrophiques au niveau de la SC si le ministère ne réagit pas », avertissent-ils. Les résultats en Grade 9 ont déjà été soumis à la Quality Assurance and Inspection Division du ministère de l’Éducation. 

Le National Assessment Form III a été introduit à l’époque où Vasant Bunwaree était ministre de l’Education, et ce à la suite d’une expérience sur une base pilote concernant quelques collèges. Depuis 2013, cette évaluation nationale s’est étendue à tous les collèges d’Etat et privés subventionnés. Le programme d’études en Grade 9 comprend une douzaine de matières. Toutefois, le National Assessment Form III, dont les questionnaires sont préparés par le Mauritius Examinations Syndicate (MES), concernent seulement neuf matières, soit l’anglais, le français, les mathématiques, la biologie, la physique, la chimie, “visual arts”, “computer studies” et “entrepreneurship education”. La responsabilité des questionnaires pour les autres matières enseignées revient à chaque école.

S’agissant de cette évaluation nationale 2019, il n’y a aucune surprise quant à la bonne performance enregistrée dans les “Academiesqui admettent uniquement les “high flyers” à la sortie du primaire. Des manuels prescrits pour le Grade 9 dans ce type d’établissement seraient plus « étoffés » en comparaison avec les manuels proposés dans les collèges régionaux d’État.

Alors qu’en général le secondaire d’Etat est réputé pour ne recruter que les “meilleurs” en Grade 7, force est de constater que les résultats des élèves au National Assessment Grade 9 dans plusieurs de ses “Regional Colleges” sont peu satisfaisants. « Cette année encore, la différence entre les résultats que les élèves ont obtenus dans les questionnaires préparés par le MES et les questionnaires préparés par l’école est remarquable. On a eu des résultats catastrophiques concernant les questionnaires du MES, et ce dans la majorité des neuf matières. Mais les élèves ont eu des résultats satisfaisants pour les papiers préparés au niveau de l’école », dit au Mauricien un chef de département de mathématiques d’un collège  de Port-Louis. Ce constat est similaire dans d’autres d’établissements régionaux.

Le taux de réussites dans plusieurs matières tourne autour de 10 à 15% dans certains établissements. « On se rend compte que beaucoup d’élèves n’ont pas le niveau pour entamer le syllabus de SC et c’est pour cette raison que nous sommes très inquiets », souligne-t-on en ajoutant que « si les autorités ne réagissent pas, des répercussions sont à prévoir avec des résultats du SC dans trois ans. C’est une bombe à retardement ! » craignent les dirigeants de l’EOU et de la GSSTU.

Le ministère de l’Éducation est déjà au courant de la faible performance des élèves de Grade 9 dans ses collèges. « Le ministère laisse la liberté aux chefs d’établissements de faire redoubler des élèves faibles ou de les laisser monter en Form IV. En raison de l’introduction des premiers examens du National Certificate of Education l’année prochaine, la majorité des élèves sera promue en Grade 10, peu importe leur niveau », concède un enseignant de physique.

Mais dans un établissement du Nord, le recteur, après discussions avec le personnel enseignant, a pris la décision de faire redoubler une vingtaine d’élèves. Une quinzaine de futurs redoublants en Grade 9 de cet établissement ont obtenu moins de 50 points dans la majorité des neuf matières. Dans la conjoncture, avec le choix des matières pour le Grade 10 en 2020, les matières scientifiques sont abandonnées pour privilégier la filière “business studies”.  Les dirigeants de l’EOU et de la GSSTU font ressortir que ce n’est pas la première fois que les enseignants tirent la sonnette d’alarme sur la qualité des résultats obtenus aux examens nationaux de Form III et que les syndicats ont à plusieurs reprises ces dernières années demandé une rencontre avec le ministère pour discuter du problème. « Nous attendons toujours une rencontre avec le ministère pour discuter de cette question spécifique. Le ministère ne doit pas minimiser ce problème », dit au Mauricien Kisto Yugeshwur, président de la GSSTU, qui appelle le ministère à réunir toutes les “stakeholders” du secondaire privé et d’État avant la prochaine année scolaire « pour trouver ensemble des solutions » en vue de rehausser le niveau des élèves dans les collèges régionaux.

« Nous savons que les collèges privés aussi sont confrontés au même problème de faible performance des élèves. Le ministère doit réagir. D’abord en regardant la réalité en face et, ensuite, en prenant immédiatement les mesures nécessaires pour rehausser la performance. Au cas contraire, on risque de se retrouver après l’introduction du National Certificate of Education avec un nombre réduit en Form V dans les années à venir et avec très peu d’élèves par la suite pour les classes de HSC », appréhende le président de la GSSTU.

Question : comment en est-on arrivé là ? Les dirigeants de ces deux syndicats d’enseignants du secondaire d’Etat avancent deux principales raisons. D’une part, le niveau académique très faible d’un grand nombre d’élèves à la sortie du primaire et, de l’autre, le niveau « élevé » des questionnaires préparés par le MES et qui ne correspondraient pas au programme d’études.

Ainsi, un grand nombre d’élèves en Grade 7, malgré leur certificat de fin d’études primaires, ont de grandes faiblesses dans les trois principales matières, soit l’anglais, le français et les mathématiques. « Il faudrait introduire un système de contrôle continu en Grade 7 pour identifier immédiatement les faiblesses de ces élèves et prendre les mesures correctives nécessaires », indique-t-on. Selon Sooryadanand Meetooa, président de l’EOU, les personnes engagées dans la préparation des questionnaires « sont complètement coupées des réalités à l’école». « Les examinateurs doivent préparer un questionnaire raisonnable, c’est-à-dire prendre en considération les “mixed abilities” en classe ainsi que les différents types de collèges que nous avons dans le secondaire privé et d’Etat. Nous avons l’impression que ces questionnaires ne sont faits que pour l’élite. Il faut revoir la manière de préparer le questionnaire », est d’avis le président de l’EOU.

Soondress Sawmynaden, président de l’Association des recteurs/assistants recteurs des collèges d’Etat, avance une autre raison pour expliquer cette baisse de niveau des élèves au secondaire : le désintérêt de nombreux parents aux études de leurs enfants et le manque de contrôle parental. « Le niveau en général baisse de jour en jour. D’une part, les jeunes s’intéressent à autre chose qu’aux études et, de l’autre, les parents qui ne s’intéressent plus à la vie scolaire de leurs enfants. De nombreux parents croient que la réussite de leur enfant au plan académique repose uniquement sur l’école et ils s’en lavent les mains. Je pense qu’il faut tirer la sonnette d’alarme sur cette démission des parents devant leurs responsabilités », dit-il.

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