NATIONS UNIES – À GENÈVE : Maurice recadrée sur les droits de l’homme

Maneesh Gobin promet des consultations sur ces questions, tout en évoquant le « tissu social fragile » de notre pays.

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La Grande-Bretagne réitère sa souveraineté sur les Chagos.

Maurice, qui a présenté hier son rapport à la 31e session de l’Examen périodique universel au Conseil des droits humains des Nations Unies, à Genève, se fait recadrer pour des lacunes sur la protection de ces droits. L’Attorney General, Maneesh Gobin, y a expliqué les différentes initiatives de l’État en vue d’améliorer le statut des Mauriciens en matière de droits humains. Il a ainsi cité le salaire minimum, la réforme électorale et les projets de logement, entre autres. Toutefois, lors de leurs interventions, une bonne partie des représentants des pays membres sont revenus sur non-respect des droits de la communauté LGBT ainsi que sur le mariage des mineurs. Les Etats-Unis ont également exprimé leurs préoccupations sur la « brutalité policière » tandis que la Grande-Bretagne a réitéré sa souveraineté sur les Chagos. Maneesh Gobin a évoqué à plusieurs reprises le « tissu social fragile » de Maurice sur les sujets sensibles.

L’Attorney General, Maneesh Gobin, semble avoir anticipé les réactions après son passage devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale récemment, où il s’est fait recadrer. Dans sa présentation, il a en effet pris le soin de s’attarder sur les questions qui fâchent, notamment les droits des LGBT et le mariage des mineurs. D’ailleurs, dans leur rapport à cette même occasion, les Ong ont évoqué les récentes actualités par rapport à ces deux sujets.

Ainsi, Maneesh Gobin a présenté comme un « challenge » pour le pays le combat contre la violence domestique, le mariage des mineurs, la question des travailleurs migrants, le combat contre la drogue et les droits des LGBT notamment. Il s’est particulièrement attardé sur le mariage des mineurs, tout en rappelant que la loi prévoit le mariage civil à 18 ans. « Toutefois, un jeune de 16 ans peut se marier avec le consentement des parents ou en obtenant un ordre de la cour. Je reconnais que cela est “out of step”. D’ailleurs, la Charte de l’enfant africain et le Maputo Protocol interdisent le mariage des enfants. J’espère qu’au prochain rapport, j’aurais une nouvelle positive », a-t-il dit.
Cela n’a pas empêché les pays membres de dire leurs préoccupations concernant le mariage des mineurs à Maurice. De nombreux pays ont en effet recommandé de prendre les mesures nécessaires pour interdire le mariage avant 18 ans. Ce qui a amené l’Attorney General à réitérer les efforts de l’État dans ce sens. « Je dois dire qu’il y a déjà eu des progrès dans ce sens. Nous avons commencé des consultations à ce sujet et je suis confiant que nous allons dans la bonne direction. »

L’autre sujet qui est revenu dans plusieurs interventions concerne les droits de la communauté LGBT. Ils ont ainsi réclamé que l’article 250 du code civil, condamnant les relations sexuelles entre personnes du même genre, soit rayé et qu’il y ait plus de campagne de sensibilisation, notamment auprès des forces de l’ordre, pour le respect des droits des LGBT. Une fois de plus, l’Attorney General avait déjà anticipé en évoquant le récent jugement « historique » en Inde qui servira de référence à Maurice dans ce domaine. Il a déclaré que les consultations avec les Ong à ce sujet « ont déjà commencé ». Cependant, a-t-il ajouté : « Il faut prendre en considération le tissu social fragile de notre pays. Maurice a sa spécificité et il nous faut avoir un consensus national avant de changer les lois. »

Les autres sujets ayant retenu l’attention des membres sont : le Children’s Bill, le Disability Bill et la question des travailleurs migrants. Dans les deux premiers cas, Maneesh Gobin a répondu que les projets de lois sont prêts et seront présentés incessamment. Concernant le Disability Bill, il a évoqué également des questions pratiques concernant l’accès aux infrastructures. « Il faut s’assurer que tout soit prêt avant de voter la loi », a-t-il précisé. Concernant les travailleurs migrants, il a à plusieurs reprises avancé que « tout est fait pour respecter leurs droits », mais que pour des questions de « contraintes géographiques, on ne peut accueillir leurs familles ».

Les interventions des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne étaient par ailleurs attendues, notamment par rapport aux Chagos. Les Américains se sont, eux, intéressés plutôt à la brutalité policière, demandant à l’État plus « d’accountability » dans ces cas. Ils recommandent également d’être « plus sévères » sur les violences commises envers les femmes, y compris la violence domestique, et de « renforcer la loi contre la corruption impliquant les officiers de l’État et d’en finir avec l’impunité ». Le « harcèlement des journalistes » préoccupe également les Etats-Unis. Toutefois, ils reconnaissent les efforts de Maurice, notamment en maintenant des « free and fair elections ».
La Grande-Bretagne s’est, elle, exprimée sur la violence domestique et a demandé à Maurice de prendre les mesures nécessaires pour combattre ce fléau. Répondant à Maneesh Gobin, qui avait placé la lutte pour la souveraineté sur les Chagos parmi les « challenges » du pays, la Grande-Bretagne a tenu à réitérer sa souveraineté sur l’archipel. « Les Chagos ont été cédées à la Grande-Bretagne en 1965. Ce qui a vu la création de la British Indian Ocean Territory », a-t-il insisté.

Parmi les autres sujets également soulevés, la pleine participation des minorités, notamment les Créoles, dans le développement économique, souligné par Haïti, de même que la question de langue maternelle à l’école. Maneesh Gobin en a profité pour rappeler les mesures déjà entreprises concernant le kreol morisien, même s’il n’a pas été tout à fait exact en mentionnant que ce dernier était reconnu comme un médium d’enseignement à l’école.

Dans sa présentation, Maneesh Gobin est également revenu sur le recensement de la population sur une base ethnique. Il a avancé : « Il n’y aura pas de recensement sur une base communale ou ethnique afin de préserver l’harmonie sociale de Maurice. » Il a ajouté qu’en revanche, le pays s’est engagé dans une réforme électorale avec une provision pour la représentation proportionnelle et la représentation ethnique. De même, a-t-il précisé, le rapport de l’Electoral Boundaries Commission sur le redécoupage des circonscriptions est attendu l’année prochaine.

Plusieurs pays ont également exprimé leurs préoccupations du fait que la peine de mort n’a pas été complètement abolie à Maurice. Maneesh Gobin a déclaré que depuis 1995, il n’y a plus eu de condamnation à mort et que les peines de ceux déjà condamnés ont été converties en prison à vie, avec une période maximum de 60 ans. Toutefois, il a souligné que « de plus en plus de personnes s’expriment en faveur de la peine de mort » à Maurice.

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