Naufrage du MV wakashio – Marée noire au sud-est : Deux éléments intrigants, qualité du fioul et déviation de 100 km

Alex Hunt (ITOPF) : « Ce type d’huile est différent des autres Spills qu’on a vécus »

À la quatrième semaine du naufrage du MV Wakashio, deux éléments intrigants remontent à la surface. D’abord, une analyse des données maritimes par les spécialistes de Windward indique que le vraquier s’est dévié de la Regular Shipping Lane d’au moins 100 kilomètres avant d’être drossé sur les brisants au large de Pointe-d’Esny. Ensuite, lors d’un point de presse tenu au Blue Bay Marine Park Centre hier, Alex Hunt, Technical Manager d’International Tanker Owners Pollution Federation (ITOPF), qui assiste les autorités dans le plan de limiter les dégâts et dans la réhabilitation de l’écosystème dans le Sud-Est du pays, a commenté la qualité des hydrocarbures déversés dans le lagon. « Ce type d’huile est différent des autres Oil Spills qu’on a vécus et assistés », a-t-il laissé entendre. Et d’affirmer que pour eux en tant que spécialistes, c’est la première fois qu’ils sont face à un tel scénario. « In a way we are learning also », a-t-il concédé.
Commentant la dernière partie du trajet emprunté par le MV Wakashio juste avant les événements de la soirée du 25 juillet dernier, Omer Primor, Winward’s Head of Marketing, souligne que « it was on a very bad trajectory » en ajoutant que « it was not immediately clear why the ship appeared to deviate from its course. Tracking data for other cargo vessels passing close to Mauritius recently show them all sticking to the shipping lane ». Les armateurs du vraquier n’ont pas voulu commenter ce point crucial, laissant le soin aux enquêteurs de se prononcer.
Au sujet des différentes étapes de la Salvage Operation, Alex Hunt a fait état de « la surveillance post-déversement et de la compréhension de l’effet du pétrole sur différents aspects du milieu marin et du littoral. Nous avons une expertise là-dessus. Nous travaillons avec les autorités pour élaborer le meilleur plan possible dans le cas actuel », souligne-t-il.
Le Technical Manager de l’ITOPF explique que la récupération des sites se fera par étapes. « Nous devons mener des enquêtes pour analyser l’étendue de la contamination et connaître la gravité de la contamination de l’eau de mer pour qu’on choisisse le niveau de nettoyage qu’il serait préférable d’atteindre en utilisant les techniques dont nous disposons », a-t-il avancé. « Ce que nous ne voulons pas faire, c’est nettoyer à un niveau, en utilisant des techniques agressives qui causeraient plus de dommages à l’habitat que le pétrole n’en laisserait. » Et de mettre en exergue par ailleurs que la technique la plus efficace pour éliminer le plus d’huile possible sans causer de dommages supplémentaires sera déterminée dans les prochains jours. Pour lui, dans certains des habitats sensibles comme les mangroves, de fines couches de pétrole pourraient être laissées sur certaines zones en vue d’une régénération naturelle.
« Nous continuerons à surveiller les sites en essayant de comprendre comment ils récupèrent. Ces sites se rétablissent, mais cela peut prendre du temps. Cela varie d’un endroit à l’autre. Nous avons assisté à de nombreux déversements comme ceux-ci dans le passé. Nous voyons des sites récupérer beaucoup plus rapidement que vous ne pourriez l’imaginer », a-t-il conclu lors de son exposé.
Prenant la parole à son tour, Matthew Sommerville, de Spectrum Spill Services, est revenu sur les décisions prises dans le cadre du sabordage de la poupe du MV Wakashio. « C’est un Sinking Plan. Si la majeure partie avait été laissée là-bas, cela aurait fait plus de dégâts aux récifs. Il fallait donc la déplacer. Plusieurs options ont été examinées. Pour un remorquage sur une longue distance, le navire aurait eu besoin de réparations », soutient le représentant de l’International Maritime Organisation.
« Le gouvernement et les sauveteurs avaient identifié cinq sites, chacun d’eux se trouvant autour de l’île. Cela signifiait l’emmener quelque part autour du pays, soit dans un lieu qui n’avait pas été affecté. Cela aurait été risqué. Et ce n’était pas une bonne option », a-t-il déclaré. Le spécialiste a expliqué que trois emplacements avaient finalement été répertoriés pour le sabordage avant qu’une quatrième option ne s’ajoute, surtout après des points de vue échangés avec l’île de la Réunion. « Des conseils sont venus des pays voisins. La Réunion avait quelques demandes concernant la position, et des questions relatives à la faune ont été prises en compte », a-t-il expliqué. « La position a été choisie délibérément pour couler le navire. Nous avons évalué toutes les options et c’est un endroit très sûr où il se trouve », rassure-t-il. Et d’assister aussi les autorités dans la préparation des réclamations devant être soumises par l’État auprès de l’assureur du Wakashio P&I Club.
« Nous donnons des conseils et essayons d’expliquer comment cela fonctionne sur la base des lois maritimes qui ont été adoptées ici. Cela peut être un processus compliqué avec de nombreux types de personnes qui ont potentiellement subi des pertes. Les tribunaux sont là. Mais si vous allez au tribunal, cela prend généralement beaucoup de temps. C’est très souvent le travail le plus coopératif qui peut accélérer le processus. Afin de vous assurer que les gens peuvent faire des réclamations, soumettez-les rapidement et faites-les évaluer rapidement », a-t-il fait ressortir.

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