Opération « Fizib Sote » – Le DPM : « Des allégations farfelues, d’où mon refus de Step Down »

Le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, qui rencontrait la presse hier après-midi à son bureau après sa révocation en tant que Premier ministre adjoint et ministre des Utilités publiques, affirme avoir été révoqué par Pravind Jugnauth « sur la base d’un papier contenant des allégations farfelues » formulées à son encontre. Il dit avoir rencontré le Premier ministre une première fois mercredi matin et avoir refusé de “step-down”, comme le lui avait demandé Pravind Jugnauth. Dressant la chronologie des événements, il a ensuite eu une séance de travail avec plusieurs ministres dans l’après-midi avant de rencontrer à nouveau le Premier ministre, où il a confirmé son intention de « ne pas step-down ». De ce fait, le Premier ministre a usé de ses prérogatives constitutionnelles pour demander au président de la République, Pradeep Roopun, de révoquer Ivan Collendavelloo du gouvernement.

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Poursuivant sur les circonstances de sa révocation, Ivan Collendavelloo explique que la compagnie danoise BWSC avait demandé à des avocats danois, sur la base des allégations de corruption dans le cadre du contrat de la centrale thermique de Saint-Louis, que les conclusions soient portées à la connaissance de la Banque africaine de développement (BAD). Par la suite, la commission d’intégrité de la BAD avait initié une enquête, qui avait révélé que des politiciens mauriciens étaient impliqués dans une affaire de corruption.

« Le Premier ministre m’a informé qu’il avait obtenu un document de la BAD, qu’il m’a montré. Selon ce papier, la compagnie danoise BWSC aurait donné de l’argent à deux entités mauriciennes différentes dirigées par deux Mauriciens et que l’intention de la compagnie danoise était que cet argent soit versé à des hommes politiques locaux pour aider la compagnie dans son contrat. Selon ce papier, des hommes politiques locaux devaient donner des informations confidentielles pour aider la compagnie danoise à obtenir le contrat », ajoute Ivan Collendavelloo.

Les auteurs du document citent deux noms, soit le sien, alors qu’il était vice-Premier ministre et ministre des Utilités publiques, et celui du leader de l’opposition d’alors, Paul Bérenger. « Ma première réaction était qu’il s’agissait d’allégations bien farfelues. Je ne sais pas si on voulait nous donner de l’argent à nous deux, ou à nous deux séparément, mais, surtout, ce qui est très important, c’est qu’il n’y a rien qui dit que l’argent a été accepté ou a été pris, que ce soit par Paul Bérenger ou moi. J’ai dit au Premier ministre que ce sont des allégations si farfelues qu’on devrait faire une enquête afin de savoir s’il y a des traces et si l’argent a été payé », s’appesantit l’ex-Deputy Prime Minister.

Ce dernier ajoute que le Premier ministre lui a dit son embarras sur toute cette question et qu’il pensait qu’il aurait été mieux « ki mo step-down » comme ministre. « Je lui ai répondu qu’il fallait quelque chose de solide avant qu’il ne demande à un ministre de step-down, au lieu de se baser sur une allégation à l’effet que deux personnes devraient donner de l’argent à Paul Bérenger ou à moi. Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord de step-down et que je l’aurais fait s’il y avait quelque chose d’un peu plus concret que cela », dit-il.

« J’ai rencontré cet après-midi (hier) le Premier ministre, qui a essayé de me convaincre de changer d’avis et qu’il pensait qu’il serait mieux que je step-down. Je lui ai dit le contraire. Il a cité le cas de Roubina Jadoo et je lui ai rappelé que dans son cas, il y avait une commission d’enquête, qu’elle faisait l’objet de plusieurs allégations et que c’est après la conclusion de la commission d’enquête qu’il a demandé à Roubina Jadoo de step-down. De même, dans son propre cas, dans le cadre de l’affaire MedPoint, il y a eu une longue procédure alors que j’étais persuadé de son innocence, et ce n’est qu’après la condamnation et la sentence qu’il avait démissionné. Je lui ai fait comprendre que toute cette affaire doit faire l’objet d’une enquête menée par l’ICAC afin de voir s’il a des éléments plus sérieux que ces allégations », maintient-il.

Et Ivan Collendavelloo de conclure : « Puisque nous étions en désaccord, il a exercé ses prérogatives et a demandé au président de la République de me révoquer comme ministre des Utilités publiques et comme Premier ministre adjoint. »

Interrogé par la presse, Ivan Collendavelloo a insisté sur le fait qu’il n’était pas au courant de l’enquête menée par la BAD avant le 8 juin dernier. Il a rejeté l’idée d’une commission d’enquête, préférant que l’enquête soit menée par l’ICAC, et affirmé qu’il répondrait aux questions des enquêteurs de la commission anti-corruption. Par ailleurs, il a refusé de révéler l’identité des deux intermédiaires dont les noms figurent dans le document en possession du Premier ministre, précisant n’avoir pas demandé à Pravind Jugnauth d’obtenir une copie du document.

En réponse à d’autres questions, il a affirmé n’avoir pas l’intention de solliciter des précisions à la BAD et qu’il comptait laisser les événements suivre leur cours. Quant à savoir ce que compte faire le Muvman Liberater au sein du gouvernement, le principal intéressé a indiqué qu’il discutera avec les dirigeants de son parti avant de prendre une décision.

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