Opération «ser sintir» – Les syndicats : « Pour les 10%, l’exemple doit venir d’en haut »

Narendranath Gopee (FSSC): « Si le PM et ses ministres veulent faire preuve de patriotisme, ils doivent commencer à songer à réduire leurs salaires »

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Haneef Peerun (MLC): « Pas de réduction de 10% des budgets Across the Board »

Rashid Imrith (FSSP) : « Pourquoi ne pas revoir le système de transport gratuit avec les fonds alloués aux compagnies étant très mal gérés? »

La décision du ministère des Finances d’imposer une réduction de 10% des dépenses courantes du secteur public au cours du prochain exercice financier par rapport au budget de cette année est diversement commentée par des syndicalistes de la fonction publique. Mais très vite et à coup sûr, le débat initié devra déborder le seul cadre du secteur public car la réduction des budgets des ministères générera des conséquences sur la qualité de services offerts à la population. Les premières réactions syndicales à ce Budget Call du ministère des Finances sont que l’exemple doit venir d’en haut, avec notamment un appel au Premier ministre, Pravind Jugnauth, des membres du gouvernement et les autres, dont le président de la République, Pradeep Roopun, en vue de songer à réduire leurs salaires et autres allocations.

Toutefois, en ordre de grandeur, 10% budget de 2019/20 de Rs 138,7 milliards, représente une somme de Rs 14 milliards, soit l’équivalent de 5 points de la Taxe à la valeur ajoutée (TVA) ou encore 100% des recettes de la Corporate Tax en une année, voire également l’ensemble du budget alloué au ministère de la Santé. La question délicate, qui devra remonter à la surface tôt ou tard, demeure ce qu’il en sera de la mise en application des recommandations salariales du Pay Research Bureau (PRB) à l’ensemble du secteur public. La publication du rapport est prévue pour octobre prochain avec la mise en application avec effets rétroactifs au 1er janvier dernier. Le rapport du PRB de 2016 avait coûté aux contribuables la somme de Rs 3 milliards.

Ainsi, Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), souligne d’emblée que « l’exemple doit venir d’en haut ». Il ajoute : « Il ne faut surtout pas prendre l’exemple du coronavirus pour justifier une réduction des dépenses des ministères. La démarche aurait dû s’appliquer dès la publication du rapport de l’audit. Si le Premier ministre et ses ministres veulent faire preuve de patriotisme, ils doivent commencer à songer à réduire leurs salaires. Le même principe devrait être appliqué pour les présidents, vice-présidents ainsi que les anciens présidents et vice-présidents, qui continuent à toucher des pensions faramineuses. C’est à eux de faire le premier pas. » Il explique qu’on ne peut parler de la nécessité de transformer la Fonction publique et, en même temps, demander aux ministères de réduire leurs dépenses. « C’est très contradictoire », a affirmé le syndicaliste.

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, dit comprendre que la situation est « assez difficile » sur le plan économique, car le gouvernement a dû honorer ses promesses électorales. Il pense cependant que le gouvernement dispose « d’autres moyens » pour arriver à ses objectifs. Il faut, selon lui, commencer par « réduire le gaspillage des fonds publics ». Il poursuit : « Il faut commencer à cesser de caser des petits copains dans des corps paraétatiques et mettre en place une mesure afin de stopper le paiement de la pension aux personnes déjà décédées. On peut envisager la réduction des dépenses dans certains ministères. Mais il ne faut pas que le 10% soit “accross the board”. On ne peut pas par exemple réduire le budget de la Santé ou celui de l’Éducation. J’apprécie quand même la décision prise par le gouvernement visant à abandonner la Garden Party. »

Pour Rashid Imrith, président de la Fédération des Syndicats du Service Public (FSSP), la décision de se servir « comme prétexte » du coronavirus pour réduire les dépenses des ministères par 10% « aura un impact direct » sur la productivité et l’efficience au sein de la Fonction publique. « Au fait, ce qu’il faut faire, c’est de se servir du coronavirus comme d’une opportunité pour encourager la population à consommer des produits fabriqués localement, à encourager les producteurs locaux à retourner vers la terre », a-t-il fait ressortir. Il faut conscientiser la population sur le fait qu’on ait affaire à un problème national et que réduire le budget de la santé « n’arrangera pas les choses ».

Il devait souligner également qu’il existe au sein de la Fonction publique certains hauts fonctionnaires qui ne font qu’appliquer les dispositions de certaines circulaires « sans pour autant réfléchir sur les conséquences sur les heures supplémentaires ». Il trouve aussi que le gouvernement doit avoir un regard « très large » sur la situation actuelle. « On pourrait également revoir le système de transport gratuit. Nous savons tous que le fonds alloué aux compagnies est mal géré », a-t-il fait ressortir.

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