PANDÉMIE DE COVID-19 – Secteur textile : 150 ouvriers bangladeshis sans salaires depuis 2 mois

Le directeur de Tropical Garment de Centre-de-Flacq est bloqué en Tanzanie actuellement

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Le désespoir, l’incompréhension et la peur se lisaient sur leurs visages, hier, en face du quartier général du ministère du Travail à Port-Louis. Eux, ce sont environ 150 ouvriers venus du Bangladesh et employés à l’usine de textile, Tropical Garment Ltd, à Centre de Flacq. Ils sont sans salaires depuis deux mois. Ils ont effectué le trajet de Centre-de-Flacq à Port-Louis pour porter plainte par l’entremise de leur représentant syndical, Reaz Chuttoo, président de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP).

Pendant que les négociations se poursuivaient à Victoria House, ces ouvriers et ouvrières du Bangladesh avaient été conseillés par les forces de l’ordre d’attendre à l’extérieur du ministère. Ces ouvriers expliquent qu’ils sont en présence d’un courriel électronique qui les fait peur. Ils indiquent que vu que leurs services ne sont plus requis à partir du 1er juin, ils sont sous le coup d’une déportation.

D’où leur empressement de se rendre à Port-Louis pour des explications. Le courriel électronique se lit comme suit: “You are hereby informed that all workers will be deported to their respected  country and only meal allowance will be provided till your  flight. All workers are still on Tropical Garment Ltd responsibility, any worker found outside their dormitories or working outside, legal action will be taken”. 

Ces ouvriers étrangers avancent que la direction de l’entreprise continue à pratiquer un salaire en-deçà du barème prescrit par l’Etat. Malgré une demande faite par une représentante de la compagnie pour qu’ils retournent dans leurs dortoirs en attendant la fin des négociations, ils ont fait fi de cette directive.

Interrogé à l’issue de la réunion, Reaz Chuttoo a souligné qu’il y a actuellement beaucoup de compagnies qui emploient des travailleurs  étrangers. « Ces compagnies parfois ne contribuent pas au National Pension Fund. De ce fait, le Wage Assistance Scheme ne s’applique dans ce cas précis. Ainsi, beaucoup de ces compagnies n’ont pas bénéficié d’une assistance de la part de la Mauritius Revenue Authority. Cette compagnie tombe dans cette catégorie, ce qui explique le non-paiement de salaires pendant deux mois. Des ouvriers d’une quinzaine de compagnies ont approché la CTSP dans ce sens. Les ouvriers du Bangladesh sont  descendus à Port-Louis parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils vont faire », déclare le syndicaliste.

De son côté, un représentant de Tropical Garment Ltd a fait comprendre que le directeur de la compagnie est retenu en Tanzanie et il ne peut faire le déplacement à Maurice pour décider de la marche à suivre. Il ajoute que le client principal de Tropical Garment est en faillite. « Donc, il est fort probable qu’en l’absence d’un soutien financier la compagnie sera appelée à cesser ses opérations. La direction a ainsi fait une proposition pour que ce cas soit référé au Redundancy Board pour  que ces ouvriers puissent jouir d’un congé sans solde pendant une durée de six mois. La CTSP n’est pas d’accord avec cette proposition car le Leave Without Pay ne concerne pas le textile et il faudra d’abord obtenir l’assentiment  des  ouvriers pour aller de l’avant avec cette proposition », a-t-il dit.

La seule option envisagée est que le ministère du Travail décide d’intervenir pour un redéploiement de cette main-d’œuvre vers d’autres unités durant cette période de chômage technique. Une réunion de suivi a été fixée au 17 juin avec la direction de l’usine pensant qu’une reprise des opérations pourrait être possible vers la fin de cette année avec de nouvelles commandes. « Tropical Garment a une solide réputation mais malgré cela la pandémie de COVID-19 a été un coup dur pour nous. C’est la première fois que cela nous arrive », confie un membre de la direction.

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